Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec et au Journal de Montréal dans la section « blogue ».
L’année 2015 n’a pas été celle du changement en éducation. D’autres secteurs comme celui de l’économie ou des médias ont été touchés bien davantage par «l’ubérisation». Des nouveaux venus bousculent l’ordre établi en offrant les mêmes produits ou services qu’auparavant… Combien de temps encore au Québec à appliquer les solutions d’hier aux problèmes d’aujourd’hui ?
« Uber ne possède pas de voitures, AirBnb pas de chambres, maisons ou hôtel. Leurs actifs sont leurs algorithmes, leurs données, leurs clients, leur plateforme et leur expérience », explique Bertrand Duperrin sur son blogue. Observateur du numérique en France et ailleurs depuis de nombreuses années, il attribue à Maurice Levy (PDG de Publicis) l’utilisation du terme « ubériser » pour caractériser ce phénomène qui bouleverse « les circuits de distribution et court-circuitant des acteurs traditionnels » (source). Il n’est pas le seul d’ailleurs.
Un autre copain Français (Fred Cavazza) parle du même terme comme étant « LE buzzword de l’année 2015 ». Des barbares numériques aux nouveaux maîtres du monde, « le numérique n’est plus perçu comme une menace, mais une opportunité », du moins dans certaines régions du monde, j’en ai déjà parlé ici sur ce blogue…
Voyons cette courte vidéo pour essayer de comprendre de quoi il s’agit…
L’éducation n’y échappera pas
« L’ubérisation est aussi en marche dans l’enseignement supérieur », affirme la publication EducPros.fr. Elle n’arrivera probablement pas par l’intermédiaire des fameux MOOC, les « Massive Open Online Course » qui devaient démocratiser l’accès au savoirs à l’université, mais ça bouge !
« Les universités ne sont pas des taxis » y affirme un doctorant à l’ENS Cachan, voulant par cette expression illustrer que la « citadelle universitaire est solide et bien défendue ». Mais pour combien de temps encore ?
Je lisais ce matin un dossier fort pertinent publié au Devoir sur l’enseignement systématique de la programmation informatique dès l’école primaire et je me disais qu’on devrait peut-être au Québec s’attaquer d’abord à ce défi pour faire bouger les choses puisque l’inertie en haut-lieu est peut-être trop forte espérer des avancées minimales…
- L’école à l’heure de la programmation
- Le codage à l’école, quelle place lui donner?
- Les filles parlent le langage de la programmation
Pendant ce temps-là, « au ministère de l’Éducation du Québec, on n’a pas de stratégie particulière à cet égard », semble-t-il. C’est l’inverse qui serait surprenant quand on regarde où l’attention est portée dans les dernières négociations dans le secteur public.
Tout le potentiel des interfaces de programmation (API) constitue actuellement une sorte de mystère chez ceux qui dirigent le développement de l’informatique gouvernementale au Québec.
Pas étonnant que la seule réponse au phénomène de l’ubérisation soit souvent le resserrement de la réglementation et la résistance organisée aux changements.
Il faudra peut-être attendre les cohortes de jeunes formés aux « rudiments du codage et de la programmation informatique » pour résoudre un tant soit peu la fracture numérique qui menace actuellement de s’agrandir entre ceux qui sont portés vers les usages éclatés et accessibles puis les autres qui ne comprennent pas ce qui leur arrive, pris dans leur analphabétisme numérique institutionnalisée.
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