J’ai écrit un livre avec neuf autres collègues blogueurs qui traite du phénomène des blogues à travers le prisme de l’entrepreneur, «Pourquoi bloguer en contexte d’affaires». À chaque lundi du 3 septembre au 1er octobre, je publie ici un extrait du chapitre «Bloguer pour apprendre». Le texte sous l’hyperlien plus bas est une version longue et non révisée par rapport au manuscrit. Les internautes sont invités à commenter puisque le livre pourrait être enrichi par les conversations; on ne sait jamais si une deuxième édition sera nécessaire… Le bouquin est actuellement en prévente à 25$; il est possible de commander son exemplaire dédicacé à partir du formulaire en ligne.
L’extrait du 10 septembre prochain sera: «Qui blogue et pour apprendre quoi?»
Ce que je fais avec ce que j’apprends
«Au cours de l’histoire, dans les entreprises, l’autorité circula toujours suivant une ligne hiérarchique stricte. Tout le monde était le subordonné de quelqu’un d’autre – employés par rapport aux managers, vendeurs par rapport aux consommateurs, producteurs par rapport aux distributeurs, entreprises par rapport aux communautés. Un homme ou une entreprise était toujours responsable, contrôlant les choses, au sommet de la chaîne alimentaire. Aujourd’hui, les hiérarchies ne sont pas en train de disparaître, mais de profonds changements technologiques, démographiques et économiques donnent naissance à un nouveau modèle de production reposant sur les communautés, la collaboration et l’auto-organisation plutôt que sur la hiérarchie et le contrôle(source).»
Apprendre est un verbe d’action. Lire, écrire, écouter, parler, regarder, goûter, faire, etc. voilà autant de façons d’intégrer des connaissances. Et encore… Il faut aussi pouvoir développer l’habileté de s’en servir dans le bon contexte. Nous sommes tous à la recherche des meilleures stratégies pour intégrer des savoirs et devenir compétents.
Autrefois dépendant d’un nombre assez restreint de sources d’informations, nous sommes maintenant envahis par l’abondance. Et pourtant, «apprendre» demeure un des principaux enjeux de nos organisations. Trop souvent, nous avons appris à compter sur d’autres pour gérer nos apprentissages. D’aucuns appellent ça «la pédagogie du gavage» (expression chère à un des grands pédagogues, le Français Philippe Meirieu). Au début, il y a eu les parents et la famille. Puis l’école et les amis. Les médias, les expériences de vie et notre conjoint ont aussi façonné nos façons personnelles de connaître et de s’adapter. Mais avons-nous pris conscience du mécanisme à partir duquel nous intégrons véritablement un apprentissage?
Mon expérience m’a appris que ce que je ne nomme pas, ne se transfert pas et risque de se perdre. J’ai beau lire, j’ai beau entendre… si je n’utilise pas ce que je viens «d’enregistrer», je le perds. Si je ne réinvestis pas dans la connaissance que je viens d’acquérir, à court terme, je n’apprends pas. Je dois me répéter, je dois utiliser, je dois reprendre… Ce qui fait dire à plusieurs que la meilleure façon d’apprendre, «c’est d’enseigner». On a tous entendu parler de cette règle qui dit qu’on ne retient que 10% de ce qu’on lit, 30% de ce que l’on voit… et 90% de ce qu’on enseigne (plus de détails à la section 3.3 de cet article).
Dans un contexte où chacun n’apprend pas les mêmes choses en même temps à la même vitesse, les outils qui permettent de différencier les apprentissages deviennent très importants. Le blogue est l’un d’eux. Bloguer, c’est avant tout reprendre ce qu’on vient de lire (on pourrait dire, voir, entendre, vivre…) et construire immédiatement avec. En bloguant textes, images, extraits sonores ou séquences vidéo, je reprends un élément de contenu et je lui donne la chance de se faire un chemin dans mon patrimoine d’apprentissage. J’ai d’ailleurs investi beaucoup de temps cet été à rassembler mon propre patrimoine qui se retrouve maintenant dans mon portfolio électronique, nouvelle formule. Regardons de plus près comment tout cela peut se construire…
Je possède un espace Web avec lequel je peux publier du contenu facilement et qui peut me permettre d’entrer rapidement en conversation avec les autres sans être interrompu. Je peux classer ce contenu selon la date où je l’ai publié, dans une catégorie ou une thématique qui m’est familière. Je garde ainsi une trace de ce qui est important, mais encore mieux, j’entreprends une conversation sur cette base. D’abord avec moi-même. Parce que je nomme ce que je viens d’apprendre, parce que je prends le temps de formuler ce que me dit ce que je viens d’apprendre, j’ai la chance de mieux apprécier les répercussions de cette nouvelle connaissance dans la construction de ma pensée. Ensuite, parce que je publie ce contenu (ou ma réaction à ce contenu), je me place dans un contexte où d’autres peuvent venir compléter ma pensée ou m’amener dans une autre direction ou dans le prolongement de celle-ci.
D’autres que moi, expliqueront davantage les vertus du référencement et de l’indexation. Dans ce livre, la puissance entourant les mécanismes de la syndication du contenu vous est racontée à chaque chapitre. Ce qui permet à un blogueur d’ajouter de la valeur à sa contribution personnelle réside moins dans l’ordre qu’il met dans ce qu’il apprend que dans l’amplitude de ce qu’il intègre par la conversation et le dialogue. Les jeunes blogueurs avec qui je travaille depuis cinq ans ont été les premiers à me sensibiliser à cette question. Faire son travail pour son professeur n’est pas vilain, mais savoir que ce même travail peut être lu par sa famille, ses voisins et la planète entière ne donne absolument pas la même perspective à ce qu’on apprend de son travail… Combien de fois j’ai entendu des jeunes me dire, «je veux être fier de l’image que les gens vont se faire de moi à partir de ce que je blogue; je suis motivé parce que je sais que je peux être lu». De là à penser que «je blogue donc je suis…», il n’y a qu’un pas que je me garderai de franchir… pour l’instant!
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