La rentrée de Pierre Moreau

Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec et au Journal de Montréal dans la section du blogue des «spin doctors».

Le congé forcé de Pierre Moreau a retardé la rentrée 2016 de celui qui succède à Yves Bolduc et François Blais. Troisième ministre de l’Éducation en poste en moins de deux ans au gouvernement Couillard, la présence de l’homme des « causes difficiles » n’est pas encore confirmée à la première période de questions de la présente session à l’Assemblée nationale.

La question se pose : en ces temps de fortes turbulences et compte tenu de la performance des deux prédécesseurs de monsieur Moreau, combien de temps le milieu de l’éducation québécois peut-il se passer d’un ministre efficace ?

Plusieurs sujets d’actualité nécessiteraient l’intervention immédiate d’un leader en éducation au gouvernement.

Un déficit d’entretien des bâtiments inquiétant
Plus le temps avance, mois on a confiance dans la capacité du gouvernement d’assurer aux élèves, aux parents et au personnel des établissements scolaires un environnement salubre et sécuritaire. Une mesure comprise dans les règles budgétaires permet normalement « de financer des travaux de maintien d’actifs immobiliers », mais on apprend que l’enveloppe a été coupée de 30% (40 Millions $). Dans le contexte où « 478 bâtiments scolaires sont dans un état préoccupant selon les évaluations récentes du ministère de l’Éducation », comment expliquer cette coupure ?

Une réforme de la gouvernance scolaire à gérer
Les consultations particulières sur le projet de loi modifiant l’organisation et la gouvernance des commissions scolaires déposé au dernier jour de la dernière session ont été repoussées à la semaine prochaine. La réformette proposée est insatisfaisante pour ceux qui défendent encore le pouvoir centralisé des gouvernements autonomes que sont les commissions scolaires. Elle ne plaît pas non plus à ceux qui souhaiteraient qu’on ne se contente pas d’abolir les élections scolaires, mais qu’on donne réellement les moyens de ses ambitions aux écoles. Les lettres ouvertes fusent de toutes parts (1, 2, 3, 4, 5, etc.) et on ne sait plus vraiment où loge le gouvernement, ni même si le projet de loi a un futur à court terme. Ce serait bien d’obtenir l’heure juste…

Un taux élevé chronique de décrochage scolaire
La réussite scolaire préoccupe tous les observateurs en éducation, du primaire à l’université. Pourtant, les taux de décrochage ne bougent pas vraiment et on peine à valoriser l’éducation pour qu’elle se hisse au premier rang des priorités. Même le Conseil du patronat dit au gouvernement « qu’il doit miser sur l’éducation ». On connaît les bonnes pratiques à privilégier, mais on hésite à les promouvoir par des politiques claires et affirmées. Pourquoi autant d’hésitations et de tergiversations ?

Le besoin de quelqu’un de fort pour défendre l’éducation au Conseil des ministres
La dernière ronde de négociation dans le secteur public a démontré que le conseil du Trésor en mène large quand vient le temps de trancher et que le ministère de l’Éducation est une quantité négligeable au gouvernement. On promet de réinvestir après avoir coupé dans l’aide aux enfants en difficultés. Plusieurs enseignants ne se reconnaissent pas dans les messages troubles privilégiés par ceux qui gouvernent et cela sans compter le manque de vision à l’ère du numérique. Comment un avocat (si bon soit-il dans son domaine) pourrait-il changer la donne concernant cette morosité ambiante en éducation ?

L’intention de ce billet n’est évidemment pas de blâmer Pierre Moreau d’être malade. On lui souhaite tous un prompt rétablissement et le temps suffisant pour retrouver la pleine santé.

Mais je me demande quand même dans les circonstances où on n’a pas été gâté en éducation depuis le 7 avril 2014, si Philippe Couillard ne pourrait pas en faire un peu plus et au moins nous donner l’heure juste sur ces sujets, en attendant que la situation se normalise.

Je rappelle qu’il s’agit du deuxième budget en importance (si j’exclus le service de la dette) au gouvernement et l’une des priorités incontournables de tout projet de société qui se respecte.

Quand tout le monde prétend se préoccuper d’éducation dans un gouvernement… on sait ce qui arrive : PERSONNE NE S’EN OCCUPE VRAIMENT !

Ajout : Calendrier serré pour la réforme scolaire.

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