Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec et au Journal de Montréal dans la section « blogue ».
Guy Breton (recteur de l’Université de Montréal) laisserait entendre que le problème avec son salaire, ses voyages en classe affaires et son véhicule de luxe fourni par son employeur vient surtout de la lecture du Journal de Montréal, qu’il ne s’y prendrait pas autrement.
Quand j’ai lu dans La Presse+ ce matin tout le bien que pensait monsieur le recteur des lecteurs du Journal de Montréal, j’avoue m’être étouffé dans mon café.
Moi qui était prêt à acheter l’argument des conditions « comparables à ceux des cadres des 15 plus grandes universités de recherche au Canada », je n’accepte pas du tout l’idée qu’on puisse mépriser à ce point ceux qui nous lisent au Journal.
Les universités québécoises sont largement financées par de l’argent public et ce n’est pas en regardant de haut les nombreux citoyens qui trouvent exagérés les avantages de ceux qui gagnent « trois fois le salaire d’un ministre », qu’elles vont améliorer leur image.
Je ne suis pas très porté vers la critique de ceux qui méritent de très gros salaires. Je me dis souvent que les règles du jeu dans certains postes de cadre supérieur peuvent être difficile à jauger et qu’on ne devrait pas s’indigner trop facilement, surtout si on souhaite pouvoir compter sur les meilleurs.
Mais quand ces meilleurs n’ont pas la décence de respecter ceux qui payent leur salaire en grande partie, là je crois qu’on est autorisé à se demander s’ils sont aussi « meilleurs » que leur poste de haut gradé l’exige.
Monsieur Breton a raté une belle occasion de se taire et il devrait s’excuser auprès des lecteurs du Journal qui sont loin d’être différents de tous ceux qui financent ses généreux émoluments.
À ce que je sache, les faits rapportés par Le Journal ne semblent pas avoir été contestés. Guy Breton aurait pu apporter des éléments de contexte ou fournir d’autres arguments pour étoffer sa thèse que ses conditions restent acceptables, malgré ce qui parait, mais en se retournant contre un aussi grand nombre de personnes, il sème un doute sur sa capacité à s’élever au-dessus de la mêlée.
Le conseil de René Lévesque me paraît tout indiqué dans les circonstances: «Méfions-nous de ceux qui disent aimer le peuple, mais qui détestent tout ce que le peuple aime.»
Qu’est-ce que monsieur Lévesque dirait de celui qui regarde le peuple de haut et affirme mériter le grand luxe parce qu’il « livre la marchandise » ?
L’Université de Montréal semble dirigé par un recteur outrecuidant.
C’est bien dommage.
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