Avec un peu de retard sur la blogosphère éducative française, je réagis à cette conversation qui porte sur une école qui semble avoir inscrit dans sa charte d’usage de l’Internet, «Je m’engage à ne pas lire de blogs ou de carnets d’information» (la «nouvelle» est aussi parue chez Rue89). Dans un commentaire au bas du billet du «Petit Champignacien illustré», j’exprime l’avis que l’Éducation nationale n’est pas en cause. Comme le précise une page du site du ministère («Les blogs sous le feu de l’actualité»), il n’a jamais été question «d’interdire les blogs mais simplement d’apprendre les règles aux élèves». Cet extrait est encore plus explicite:
«Après avoir souligné l’intérêt pédagogique que peut présenter l’usage des « blogs », la note rappelle les règles… La note revient aussi sur les actions mises en place depuis un certain temps par le ministère pour éduquer les élèves aux règles de l’internet : généralisation du brevet internet informatique (B2i) qui « comporte un chapitre sur les droits et devoirs des internautes » ; obligation d’une charte d’usage de l’Internet, annexée au règlement intérieur des établissements, qui précise le respect du droit d’auteur et de la vie intime (la révision pour la rentrée 2005 devrait inclure un paragraphe spécifique sur les blogs).»
Évidemment, il faut probablement comprendre que l’institution en question est en réaction contre une certaine utilisation des blogues qui s’éloigne franchement des préoccupations éducatives du milieu d’enseignement. On peut tout de même questionner l’à-propos d’un incitation dans une charte à ne pas consulter de blogues, sans distinction aucune des genres! Mais il y a pire encore… Le philosophe Alain Finkielkraut ne demande rien de moins que la suppression d’Internet et des ordinateurs dans les établissements scolaires. C’est ce que suggère ce billet du Web Pédagogique qui mène à une vidéo où Internet est pris à partie dans une charge assez virulente et ma foi, presque pathétique.
Décidément, la France me surprendra toujours dans cet art de la polémique et du débat public…
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Comme je l’ai déjà expliqué dans Rue89, je ne pense pas qu’il s’agisse d’une faute de l’Education nationale ou du rectorat, mais juste d’une maladresse purement locale et circonstancielle, les chartes différant selon les établissements. Cela d’autant plus que le CRDP de mon académie organise chaque année une séance de formation sur l’utilité et les limites des blogues (et je pourrais citer des blogues tenus par des clubs de lecture, des foyers socio-éducatifs d’établissement, des administrations de collège ou d’école, des collègues mettant leurs cours ou leur cahier de texte en ligne, et ainsi de suite).
Je n’ai pas pu en parler sur place puisque j’ai découvert ça à la fin d’un court remplacement et que la structure de l’établissement ne permettait pas les contacts (collège rural de taille réduite, beaucoup de collègues mais souvent en temps partiel ou en compléments de service donc sur plusieurs établissements). En outre, il se passait un événement plus grave au même moment. Ce n’est pas vraiment le genre d’établissement qui permet d’avoir une équipe pédagogique stable et ayant une action à long terme.
En ce qui concerne le B2I qui est nécessaire maintenant au brevet rénové des colllèges, les compétences sont assez formelles et générales, elles sont souvent évaluées par les enseignants de technologie alors que la partie documentaire devrait être confiée à mon avis aux collègues de lettres, d’histoire ou surtout de documentation avec un processus de vérification en contrôle continu tout au long de la scolarité et non au moment x. Il y a un problème d’organisation, d’autant que cela varie d’un établissement à l’autre (j’estime de toute manière qu’il n’y a pas de politique documentaire claire dans l’EN et quand je vois les écarts de réglements de CDI, je suis effrayé).
http://www.ac-nancy-metz.fr/enseign/CDI/B2i/B2icompetences.htm
Les propos de Finkielkraut sont très provocateurs, comme tout ce que dit Finkielkraut. Mais je peux le rejoindre s’il s’agit d’une dénonciation du rêve de l’e-learning sans aucun enseignant dès le plus jeune âge. Il a raison de souligner que l’on ne trouve en fait que ce que l’on sait déjà plus ou moins et que l’injonction « tape dans Google » ou « va voir sur WikiPedia » ne peut pas tenir lieu d’enseignement raisonnable. Je ne crois pas qu’il soit dans la peur fantasmatique au sujet de la Toile (avec la trilogie infernale des pédophiles nazis islamistes). Il exagère son propos, mais pour moi qui ai milité depuis plus de dix ans pour Internet à l’école, je
pense qu’il veut qu’on donne avant tout un sens, une forme et un contenu dans ce que l’on transmet au lieu de déléguer cela à une machine. Il a raison de dénoncer une pensée magique, mais en ce faisant il donne aussi corps à l’idée qu’il ne serait qu’un vieux réac. Je pense que les choses sont plus subtiles que les réactions à sa sortie en apparence technophobe.
Pathétique, oui c’est bien cela. A mon sens une mauvaise querelle entre anciens et modernes, une autre spécialité française…
Moi je suis un élève du programme PROTIC, programme qui utilise énormément les nouvelles technologies et dont chaque élève est équipé d’un ordinateur. Nous venons de commencer à faire nos blogues scolaires : http://protic3.net/31/summary.php?op=BlogList et je trouve très important de noter que plusieurs blogues ne sont pas éducatifs. En effet, plusieurs personnes de mon entourage font des blogues du genre Skyrock et ces blogues, qui sont un peu plus un journal très intime où l’on démontre à nos ami(e)s que l’on les aime et tou cela. Personellement, je trouve ces « blogues » impertinents et c’est probablement ce genre de blogues que la France veut interdire, car Skyrock est très connu et très populaire en france. Il serait très important, dans ce cas ci, et comme dans mon programme scolaire qui utilise des blogues, que les jeunes puissent bien faire la différence entre les blogues qui ont un effet pédagogique et ceux qui n’en ont pas.
Bonjour Samuel,
Je prends quelques instants pour vous dire à quel point je suis imnpressionné par votre commentaire. Il est à la fois pertinent et très bien écrit.
Bravo!