La Toile tuera le livre. L’imprimerie a tué l’architecture. Ceci tuera cela…
«C’était le cri du prophète qui entend déjà bruire et fourmiller l’humanité émancipée, qui voit dans l’avenir l’intelligence saper la foi, l’opinion détrôner la croyance, le monde secouer Rome.»
Victor Hugo, Notre Dame de Paris (Livre Cinq, chapitre 2).
Comme le dit si bien Claude Paquette, «Une manière d’apprendre va en détrôner une autre», c’est tout…
Je dois recevoir un appel lundi matin d’une journaliste en France qui prépare un grand dossier sur «l’École du Futur». Je crois que la question principale qui me sera posée sera «Comment l’école va-t-elle s’adapter et préparer les élèves au monde de demain?» Il sera aussi question des tendances lourdes qui semblent avoir une influence sur la société comme le travail collaboratif. Bien sûr, on me posera des questions touchant la pédagogique et la technologie.
Je parlerai de l’utilisation des blogues; je trouverai sûrement beaucoup d’inspiration dans ce récit du futur que j’avais écrit en janvier 2006 dans l’esprit des rencontres d’Autrans. Je voudrai aussi évoquer certains passages de ce billet de Jacques Cool qui doivent rester au coeur de nos préoccupations. Il renvoie à un texte d’un futuriste Torontois dont ce passage m’est resté en tête:
«A lot will depend on whether humanity can decide on a purpose in life. If humans have purpose, we will use our opportunities and resources for good and to accomplish constructive ends. If we degenerate into meaningless whimsy, we will become self-destructive.»
Il y a évidemment un lien à faire avec la photo du haut où Jean Lemire est en tête à tête avec un animal qui risque peut-être de disparaître. Le documentaire d’où provient cette photo n’aurait pu se faire sans l’évolution des nouvelles technologies qui doivent être utilisée de façon à ce qu’on devienne de plus en plus des «technologues humanistes». L’expression est de Joël de Rosnay rapportée par François Guité. Ça m’a fait penser à une répartie de Francis Pisani qui écrivait dans un commentaire d’un billet de Florence Meichel qu’il avait invité sur son blogue à parler d’éducation 2.0:
«Deux choses me surprennent dans ces échanges passionnés: l’opposition radicale TIC/rapports humains sur la base ou/ou et la conviction plusieurs fois manifestée que c’est un univers uniquement commercial. Dans les deux cas on trouve un pôle qui essaye de tirer toute la couverture à soi: tout-intelligence-artificielle (ou tout-rapports-médiatisés-par-ordinateurs) et tout-business. Mais dans les deux cas l’autre pôle est tout aussi présent: il y a ceux qui utilisent les technologies pour “augmenter” les capacités humaines (comme des outils à notre service) et ceux qui s’en servent pour la philanthropie, l’action sociale ou politique, voir poétique. En gros: il s’agit d’un espace que ceux que vous avez le droit de trouver “méchants”, “mauvais” ou pire essayent d’investir, mais sur lequel vous pouvez vous battre… et vous ne serez pas seuls.»
«Les idées d’aujourd’hui transformeront les vies de demain», écrit aujourd’hui François Guité. Je ne sais pas s’il faut «tuer l’école» pour qu’elle évolue et s’adapte. J’ai entendu à la radio hier quelqu’un dire (en parlant de l’industrie forestière) «ce n’est pas la fin DU monde, mais c’est la fin D’UN monde». Je crois que c’est ce qui nous arrive, je le ressens. Je sais aussi que plusieurs n’en ont rien à foutre de ces bouleversements parce qu’ils sont en train de se demander comment nourrir les enfants avant de leur enseigner le matin ou comment les consoler d’un traumatisme qu’ils viennent de vivre. Ceci DOIT tuer cela pour qu’un peu d’espace soit fait à ce qui doit arriver. Florence avait raison de citer la vision éducative d’Yvan Illich…d’il y a trente ans:
«Un des principes les plus nécessaires à une réforme (de l’éducation), c’est redonner l’initiative et la responsabilité à celui qui apprend ou à celui qui l’aide à apprendre.»
C’est en ce sens que l’école doit mourir. Et si le Web peut servir d’accélérateur pour que les jeunes et les enseignants reprennent l’initiative, je veux bien dire que l’École du futur sera celle où les seuls murs seront ceux qu’on voudra bien se donner! Le moins possible s’il-vous -plaît…
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Internet devait tuer le livre… Il est encore là et on songe à l’actualiser sous un format différent. Diffuser ses écrits n’a jamais été aussi facile. Par contre, on est noyés sous un flot de textes comme jamais auparavant.
Internet devait tuer l’industrie de la musique… Elle est encore là mais, par contre, elle est amenée à se réactualiser. Créer et diffuser, encore une fois, n’a jamais été aussi facile. Sauf que.
Internet est un support. Il peut modifier certains contenus (Marshall nous l’explique assez…), mais il amène surtout la réactualisation de certaines plates-formes de communication.
Il en sera de même pour le milieu scolaire, je crois. Mais pour des raisons affectives et pédagogiques, on est loin d’une école sans enseignant. Seulement, les enseignants ne peuvent plus tout à fait être les mêmes.
Surestime-t-on l’apport des nouvelles technologies en classe? Peut-être. Écrit-on mieux parce qu’on a un portable entre les mains? Pas convaincu. Mais apprend-on ainsi à mieux utiliser les nouvelles technologies, développe-t-on davantage nos contenus et nos modes de communication? La réponse me semble évidente, à condition bien sûr que le portable dépasse le stade de gadget promotionnel et attirant pour les parents.
« L’école du futur sera celle où les seuls murs seront ceux qu’on voudra bien se donner! » Je serais plus utopiste encore : dans l’école du futur, il n’y aura pas de murs; que des fenêtres.
«La réponse me semble évidente, à condition bien sûr que le portable dépasse le stade de gadget promotionnel et attirant pour les parents.»
Luc, je crois que tu es prêt à débuter le projet dont tu évoques la possibilité de temps à autre… Oui, l’ordinateur portable c’est un peu beaucoup le crayon d’aujourd’hui, mais hier aussi, le crayon ne pouvait rien faire sans un projet pédagogique bien défini qui prend pour acquis que tous les élèves n’apprennent pas les mêmes choses, en même temps, à la même vitesse!
«Dans l’école du futur, il n’y aura pas de murs; que des fenêtres»
Jean… quelle image! J’aurai ces paroles en tête demain au moment de débuter mon entrevue. Merci beaucoup… WoW!
@Luc Papineau: «Internet devait tuer l’industrie de la musique.»
Internet n’a jamais tué l’industrie de la musique. Internet est à tuer l’industrie du disque. Nuance importante. Et de cette mort, selon toute vraisemlance, naîtra l’industrie de la musique qui elle, jusqu’à aujourd’hui, n’avait jamais existé.
Merci Mario pour la citation ! 🙂
Je vous sens triste alors qu’il y a tant à construire ! C’est l’école du passé qui est en train de mourir et celle du futur qui advient jour après jour ! Et nous en sommes acteurs !
J’aime bien ta conclusion Mario
« l’École du futur sera celle où les seuls murs seront ceux qu’on voudra bien se donner! Le moins possible s’il-vous -plaît… »
ça situe bien l’enjeu et notre responsabilité !
Vous voulez savoir «Comment l’école va-t-elle s’adapter et préparer les élèves au monde de demain?». Et bien la réponse est très simple: (lien enlevé par l’éditeur de Mario tout de go) ! Les élèves feront leurs choix de suivre ce mouvement ou non.
Note de l’éditeur: Mon blogue n’est pas le bon endroit pour hyperlier vers un site qui a plus l’air d’une arnaque qu’autre chose, surtout que votre raisonnement est d’un tel simplisme (pour ne pas dire autre chose). Passez go et ne réclamez pas 200$…