Défendez les filles M. le recteur, pas votre gestion de crise

Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec et au Journal de Montréal dans la section blogue.

Je n’embarque pas une seconde dans l’argument de certains selon lequel des étudiantes du pavillon Alphonse-Marie Parent n’auraient qu’elles à blâmer pour ce qui est arrivé dans la nuit de vendredi à samedi sur le campus de l’Université Laval. Une porte débarrée – ou un décolleté – ne constitue aucunement une invitation à abuser d’une femme.

J.A.M.A.I.S.

Les récents évènements survenus dans une résidence d’étudiants nous rappellent que notre rapport collectif face à la violence faites aux femmes n’est pas encore digne de la société évoluée que nous serions supposée être devenue.

Quand je lis au bas d’un texte – Lettre à un homme qui n’aime pas Les superbes – écrit pour libérer la parole des femmes et dénoncer la « hargne, la haine et la violence envers les femmes » que c’est peut-être « donner un peu trop de l’importance à quelqu’un qui, visiblement, est déjà très en colère » (source), J’ENRAGE.

Évidemment, dans ces circonstances, on se tourne vers nos leaders pour espérer trouver un peu d’apaisement, se disant que des gens – des hommes en particulier – sauront trouver les bonnes paroles et les bons gestes à poser.

Manifestement, ce n’est pas du côté du recteur de l’Université Laval qu’il faut regarder.

Dérangé par la question d’un journaliste qui demandait où il était pendant les derniers jours, sa réponse a ajouté au malaise.

Son argument principal pour expliquer son manque d’engagement à défendre les filles qui étudient dans l’université qu’il dirige me semble d’une mollesse extrême : « Lorsqu’il y a enquête, je ne peux pas réagir. Ce n’est pas le rôle du recteur lorsqu’il y a une enquête » (source).

Voir si une enquête de police empêche le principal dirigeant d’une institution de montrer sa solidarité avec des victimes d’agression.

Ça ne passe pas.

Le reste du point de presse d’hier n’est pas plus édifiant.

Au lieu de défendre « ses filles », il a passé le plus clair de son temps à défendre sa gestion de crise.

Il s’agit du même recteur, si j’ai bien compris, qui a eu recours dernièrement à un contrat de gré à gré pour se pencher sur son image médiatique. (Ajout: le contrat a été renouvelé)

Déprimant.

Heureusement, sur le campus et en ville, la réaction des citoyens (et celle du maire de Québec) est plus constructive.

Inutile d’ajouter que je serai de ceux qui participeront au Rassemblement Sans oui, c’est non! de ce soir.

Je nous espère présents en grand nombre!

Ajout: « Université Laval: l’enquête n’empêchait pas la sympathie, dit la ministre Thériault ».

De retour de la vigile: Autour de 500 personnes étaient sur place au rassemblement organisé par le professeur Thierry Giasson. Les victimes appuyées, le recteur Brière hué, mais il ne s’est pas défilé. Une erreur que d’avoir lu une déclaration au lieu de faire comme tout le monde qui se sont exprimés sur la petite estrade. Une soirée nécessaire où la prise de parole a été très émotive. C’est peut-être le début d’une prise de conscience qu’il est inutile de censurer celles qui dénoncent la culture du viol. Pour nos filles et nos garçons, il faut que la violence sexuelle cesse. Sans oui c’est non!

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