Le passage au tribunal de la jeunesse hier, à Montréal, d’un adolescent de 16 ans retrouvé par la police suite à des menaces virtuelles de fusillade au cégep du Vieux Montréal rappelle que, trop souvent, les jeunes croient qu’Internet est un lieu privé.
Je ne manque pas d’occasions ces jours-ci de rencontrer des adultes, parents ou personnels scolaires qui semblent surpris par certaines interventions plus radicales les enjoignant à se mêler d’urgence des affaires des jeunes, en mal d’encadrement dans les usages des nouvelles technologies. Il n’y a pas d’urgence partout tout le temps, mais certains dorment au gaz, je crois… J’ai bien vu par contre que j’avais marqué l’imaginaire de quelques-uns récemment en répondant par cette question à un parent qui me demandait ce serait quoi ma réaction devant un jeune de 13-14 ans qui ne voudrait pas divulguer le mot de passe de l’ordinateur portable qu’il utilise à la maison.
«Si votre jeune installait une serrure à clé dans sa porte de chambre à coucher et qu’il ne voulait pas vous en faire un double, vous feriez quoi?»
Je ne dis pas qu’il faut passer au peigne fin toute la correspondance de votre jeune sur l’ordinateur qu’il utilise. Je ne dis pas non plus qu’il faut jouer à la police avec toutes ses fréquentations Web, mais je ne crois pas à cette notion «d’intimité» que revendiquent trop souvent les jeunes pour éloigner le parent-poseur-de-questions. Dans un ordi, il peut y avoir un courriel intime pouvant faire l’objet d’une certaine négociation, mais la liste des personnes du carnet d’adresses d’un enfant… il n’y a pas de raison expliquant pourquoi un parent devrait se sentir mal d’insister pour la voir. La liste «des contacts» dans un logiciel de clavardage, la liste des sites fréquentés, les lieux de publication Web d’un jeune, rien de cela ne me semble devoir faire l’objet d’une négociation. Trop d’adultes laissent croire à leurs enfants (ou adolescents) que les mots «Web» et «privé» vont de pair!
«Ce n’était qu’une blague…». Nous avons aujourd’hui un jeune de 16 ans qui a cru (à tort) qu’il était «en privé» et qu’il était impossible à retracer, qui s’est permis une «grossière farce» (qui n’en était pas une à faire, de fait) et qui apprend «à la dure» qu’Internet est un lieu public. Un grave manque de jugement, certes, mais assez représentatif de l’état d’esprit de plusieurs. «Je peux écrire/dire/montrer à peu près n’importe quoi sur le Net… je suis dans mon intimité». Je réponds à cela… «Ce que tu ne ferais pas en plein milieu du Centre Bell rempli à capacité, tu ne le fais pas sur Internet»!
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Après avoir pris connaissance du message envoyé par ce jeune sur le forum 4chan je peux vous certifier qu’il cadre bien avec l’humour pratiqué par ces jeunes humoristes en herbe.
Que l’internet soit considéré par la justice comme un lieu publique c’est bien logique. D’ailleurs il me semble que la définition de « publique » et de « privé » est actuellement basée sur la mesure quantitative du nombres de personnes à qui on s’adresse potentiellement.
En déduire que l’essence d’internet est d’être un lieu publique me semble difficile. Peut-être que ce sont les lois qui se trompent. Ce ne serait pas le première fois dans un contexte plus ou moins révolutionnaire (et l’internet est une révolution) que l’usage pousse à la réforme.
Définir une notion par une mesure quantitative fait oublier que son objet existe bel et bien. Ainsi la pratique sociale associée à un espace privé doit se faire en contrebande (téléchargement illégal, réseau crypté sous-terrain, entreprise de piratage…) elle se fera.