Quand le ministre François Blais est allé chercher le directeur général de la Commission scolaire Marguerite-Bourgeoys en août 2015 pour le nommer sous-ministre adjoint de l’Éducation, on l’a pris au sérieux dans sa volonté d’induire du changement dans la gouvernance scolaire au Québec.
Reconnu depuis longtemps pour ses états de service auprès de la réussite scolaire et des élèves en besoins particuliers, Yves Sylvain est celui qui s’est affirmé face à son association de DG de CS (ADIGECS) quand celle-ci s’est éloignée d’une approche centrée sur les élèves.
C’est aussi pendant qu’il était DG à la CSMB que cette CS a quitté la Fédération des commissions scolaires du Québec.
Bref, Yves Sylvain a prouvé qu’il est capable de sortir des rangs pour défendre ses convictions.
Maintenant qu’il a été renvoyé du ministère de l’Éducation, plusieurs questions se posent pour l’observateur intéressé que je suis.
Yves Sylvain constituait pour moi une sorte de police d’assurance qu’un certain transfert de pouvoir des commissions scolaires vers les écoles était pour s’opérer. À mes yeux, si les règles budgétaires du ministère permettent maintenant d’envoyer de l’argent directement aux écoles sans passer par les commissions scolaires, c’est grâce à lui.
Maintenant qu’on tente de mettre en place un comité de répartition des ressources qui donnerait plus de place aux directions d’école dans chaque commission scolaire, on tasse celui qui a prouvé sa capacité d’induire efficacement ce genre de changements au profit des milieux locaux pour de meilleurs services directs aux élèves.
De nombreuses sources m’indiquent que les commissions scolaires (la FCSQ en tête) ont obtenu « sa tête ». Ils ne feraient pas partie de la « bonne gang », selon plusieurs observateurs.
On sait tous que le gouvernement actuel et ses nombreux ministres de l’Éducation ont entrepris leur présent mandat en proposant une décentralisation vers les écoles et la fin des élections scolaires.
Il ne reste plus rien de ces propositions et des projets de loi prévus pour les incarner.
Les timides traces de cette « décentralisation » sont à peine visibles et reposent entièrement sur les comités de répartition des ressources.
Le triomphalisme de la Fédération des commissions scolaires étant ce qu’il est, rien d’étonnant à ce qu’on ait obtenu le congédiement de celui qui demeurait un fidèle allié des parents, des élèves et des écoles.
La question qui demeure reste celle de savoir pourquoi on a accepté en haut-lieu de se soumettre aux commissions scolaires pour la suite des évènements ?
On me glisse à l’oreille que la décision de se départir de Yves Sylvain était celle de la sous-ministre Sylvie Barcelo, mais il faut tout de même que Sébastien Proulx ait approuvé, j’imagine.
La décision de renvoyer Yves Sylvain est nettement inquiétante et un lourd silence gronde maintenant dans le réseau de l’éducation.
De mon point de vue, c’est le pire message qui pouvait être envoyé à ceux qui veulent plus de pouvoirs aux écoles, aux enseignants et aux parents.
C’est aussi un très mauvais message pour ceux qui veulent donner plus de ressources aux élèves à besoins particuliers.
Il me faut terminer ce billet en remerciant profondément M. Sylvain pour tout ce qu’il a accompli.
Si l’éducation au Québec lui doit énormément, il est dommage que son parcours ministériel ait été si court après avoir été aussi prometteur.
Je déplore cet autre revirement de situation qui n’annonce rien de bon pour la suite des évènements.
Mise à jour du 17 mars: Billet de Alexandre Gagné où il y a de l’information complémentaire, « Les choix du ministre Proulx ». Dans cet autre billet, on parle aussi du départ de Pascal Poulin du secteur de l’éducation préscolaire et de l’enseignement primaire et secondaire du ministère de l’Éducation.
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