Le journaliste Tommy Chouinard nous annonce ce matin un « nouveau chapitre dans la saga des élections scolaires » :
« Le gouvernement Couillard projette de les reporter afin qu’elles n’interfèrent pas avec le scrutin provincial de l’automne 2018. »
On se souviendra qu’en avril 2015, le même gouvernement annonçait en grande pompe : « Finies les élections scolaires » (source). Il faut dire qu’en novembre 2014, les commissaires scolaires avaient été élus dans l’indifférence la plus totale…
Le ministre de l’Éducation du moment a déposé en décembre 2015 un Projet de loi qui les abolissait, mais le ministre de l’Éducation actuel a renoncé au Projet de loi en mai 2016, malgré certaines de ses déclarations du passé.
Les prochaines élections scolaires qui devaient avoir lieu le 4 novembre 2018 n’auront vraisemblablement pas lieu, ce qui nous ramène aux nombreuses tergiversations dans ce dossier qui n’en finit plus de susciter la controverse.
Des taux de participation faméliques
Une image tirée de l’article du journaliste de La Presse montre un taux de participation de 4,85% dans les commissions scolaires francophones au dernier scrutin de 2014. Aussi, un sondage Léger Marketing de juillet 2016 indique que seulement 20% de la population croient qu’elles devraient être maintenues (source).
Le taux de 17,25% dans les commissions scolaires anglophones surprend quelque peu et de fait, il est trompeur.
Même le premier ministre entretenait une certaine confusion sur ce sujet à l’époque où il affirmait (septembre 2015) qu’il n’y aurait pas de passe-droit pour les anglophones concernant la fin des élections scolaires. Il qualifiait de « faible » le taux de participation atteint par les anglos (ce qui est vrai), mais il n’expliquait pas l’essentiel.
La loi sur les élections scolaires est pourtant claire, la liste électorale d’une commission scolaire anglophone rassemble un beaucoup moins d’électeurs…
« L’électeur qui n’est pas le parent d’un élève fréquentant une école d’une commission scolaire francophone ou anglophone qui dessert le territoire de son domicile voit automatiquement son nom inscrit sur la liste électorale de la commission scolaire francophone de son domicile » (source).
Ce qui faisait d’ailleurs dire aujourd’hui au professeur Alexandre Beaupré de l’Université de Montréal que ne « votent du côté anglo [que] les parents et ceux que ça intéressent » (source).
On peut donc douter qu’il y ait une grande différence dans la participation des anglos et des francos aux élections scolaires.
Je prédis que le gouvernement Couillard ne réussira pas à éviter que le thème des élections scolaires devienne un enjeu de la campagne électorale québécoise en octobre 2018, même s’il les reporte.
Des règles budgétaires qui donnent un peu plus d’autonomie aux écoles ?
À la lecture de l’article de Daphnée Dion-Viens d’hier, je déduis que le ministre de l’Éducation poursuit dans sa volonté d’envoyer des sommes d’argent directement aux écoles, sans passer par les commissions scolaires…
« En 2017-2018, le ministère propose de décentraliser 3,5 % du budget en l’envoyant directement dans les écoles, plutôt que les commissions scolaires, comparé à 2 % l’an dernier ».
Je salue cette mesure qui constitue un [lent] progrès vers plus d’autonomie pour les écoles publiques.
Évidemment, les règles budgétaires 2017-2018 devront être adoptées pour que cette volonté se traduise dans la réalité. La Fédération des commissions scolaires du Québec et la Fédération des syndicats de l’enseignement semblent réfractaires à cette façon de faire…
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