Au printemps dernier, j’avais été sollicité par Les éditions du Point pour écrire un texte sur l’informatique à l’école qui serait publié dans la revue Le Point en Administration Scolaire dans le cadre d’une rétrospective des dix dernières années. À mon retour de vacances, j’avais la revue (volume 10 – numéro 4) sur mon bureau…
On retrouvera mon texte sous l’hyperlien plus bas. Dans la revue papier (pas d’hyperlien, pour le moment), il se trouve complètement à la fin du document qui fait 48 pages. Jean Bernatchez signe le premier article traitant de la complexité qui teinte le cadre de la formation des gestionnaires en éducation. Ce texte m’a permis d’apprendre qui était à l’origine d’une phrase que je cite souvent: «Rien n’est permanent sauf le changement!» Il s’agirait de Héraclite d’Éphèse, un philosophe grec de la fin du 6e siècle av. J.-C. Ça fait longtemps en titi qu’on a remarqué le phénomène…
J’ai beaucoup apprécié aussi un texte de Régent Fortin qui est l’un des formateurs les plus crédibles dans notre domaine que j’ai connus à mes débuts comme directeur d’école. M. Fortin traite des dix dernières années de turbulences que la réforme actuelle a apportées. Ce passage qui évoque l’ampleur de la tâche des directions d’établissement scolaire à l’heure de la mise en oeuvre du Programme de formation de l’école québécoise est intéressant:
«Mais l’opération est complexe: il fallait d’abord assurer la continuité des activités en cours, sans arrêter les projets déjà en place; il fallait ensuite continuer ou entreprendre le développement de nombreux autres «programmes» comme Agir autrement, l’Approche orientante, l’École en santé, les Plans de réussite, l’École communautaire, les Plans d’action antiviolence, etc., dont les liens avec le Programme de formation ne sont ni évidents, ni explicites. Tout ceci dans une période de renouvellement massif des directions d’établissement. Il a fallu plus récemment composer avec des problématiques émergentes, comme les accommodements raisonnables, la place des religions à l’école, la politisation partisane sur l’évaluation et les bulletins des élèves. On doit maintenant faire face à l’insertion massive de nouveaux enseignants, au décrochage scolaire, à l’instabilité des équipes-écoles et autres phénomènes à venir.»
Plusieurs autres articles valent le détour dont celui de Diane Miron qui aborde le sujet du renouveau pédagogique et des parents et un rappel par Jacques C. Plante des quelques pas faits dans les dix dernières années sur le sujet de la déconcentration des pouvoirs dans le milieu scolaire; je fais un lien avec ce billet. La revue comprend un encart qui contient un article de Pierre D’amours identifiant les attributs d’une école autonome performante.
Je souhaite bonne lecture à chacun…
Conduire les yeux rivés au rétroviseur… instructif, mais déprimant!
Au fil des dernières années, plusieurs articles ont porté sur le sujet des technologies de l’information et de la communication (TIC) dans la revue Le Point en Administration Scolaire. «Quinze pages plus loin», on comprend mieux pourquoi la route s’est avérée cahoteuse dans notre parcours vers l’autoroute de l’information. Nous ne semblons pas avoir appris à ajouter de la valeur à l’éducation par l’intégration des TIC. Les enjeux sont demeurés technologiques, alors que les nouvelles façons de faire interpellent d’abord les personnes. Arrêtons-nous sur le bord de la chaussée…
De Roger Vézina (ex-directeur de la DRD du MEQ) à Réjean Cloutier (ex-directeur des ressources financières et de l’informatique à la C.S. de la Baie James), on affirmait vouloir répondre aux besoins en matière d’intégration aux nouvelles technologies. Cette lecture des besoins a beaucoup varié si on scrute les différents articles parus dans Le Point touchant le sujet des TIC. S’exprimant du secrétariat du Conseil du trésor, à l’époque, Vincent Tanguay (actuellement au Céfrio) parlait de l’importance de relier les commissions scolaires et l’ensemble des écoles québécoises aux réseaux à haut débit. C’était le type d’urgence existant à la fin des années 90… Il y en a eu de nombreuses autres jusqu’à aujourd’hui dont une qui demeure: s’assurer que la technologie soit véritablement au service des apprentissages et non qu’elle serve le déploiement de la technologie elle-même!
Si le Québec n’est pas allé beaucoup plus loin que de mettre en place les infrastructures technologiques, il faut peut-être s’inspirer de la lecture du président en place en 1999 à la C.S. de la Capitale (M. Claude Fleury) qui affirmait que «sans véritable finalité, le discours sur les TIC n’a pas eu jusqu’à présent d’effets mobilisateurs dans le monde de l’enseignement.» Force est d’admettre (comme plusieurs l’ont écrit dans les dix dernières années) qu’aucune des visions exprimées par les leaders du temps n’a eu comme effet de passer outre les résistances et de susciter un engagement fort dans l’action. Clément Robillard (il dirigeait l’école l’Escale de la CSDPS en 1999) écrivait que les TIC étaient des outils importants, voire indispensables, dans le processus de décentralisation que vivront les directions des écoles.» C’est peut-être une explication… la décentralisation, on l’attend encore!
Au fil du temps, plusieurs auteurs qui ont collaboré à la revue Le Point en Administration Scolaire tapent sur le même clou: «il faut s’y mettre!» Yves Archambault (d.g. de la C.S. de Montréal au début des années 2000) parlait des ordinateurs «en tant qu’outils indispensables». Pour sa part, Réjean Cloutier (intervenant scolaire dans la région de Québec) déclarait: «À la CS de la Baie-James, les salles de vidéoconférence serviront, entre autres, à la formation continue du personnel». Lucy Mendonça (aussi de la région de Québec) affirmait alors: «Les TIC rendront un fier service aux élèves de notre région». Un texte de Rémi Dussault (conseiller pédagogique TIC à la CSDM), paru en 1999, semblait vouloir faire la chasse aux mythes et affichait un ton plus critique. Pour reprendre ses propres mots, l’ordinateur «n’enseigne pas» et se voudrait «plus fascinant que réellement motivant» au niveau des apprentissages. L’espèce de faux sentiment «d’urgence nationale» qui nous habiterait et qui nous ferait croire que le Québec risque un grand retard si nous manquons le virage du numérique, nous a portés trop souvent à mettre de côté le projet d’apprentissage qui aurait pu agir tel un véritable levier. Bref à courir après la technologie, on en a oublié la pédagogie…
Voilà un enseignement qui pourrait mieux nous guider sur le chemin à parcourir dans les dix prochaines années. Nous devons agir de façon à rendre la technologie la plus transparente possible pour les nombreux utilisateurs qui, actuellement, voit davantage les obstacles sur la route que la beauté du paysage…
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Concernant l’article de Régent Fortin sur les multiples mesures mises en place avec des liens pas toujours explicites avec le programme de formation, voici ce que j’écrivais en réponse à un article de Marie-André Chouinard (son éditorial du 15 mai 08):
« Appelez une direction d’école, de préférence en milieu défavorisé, et demandez-lui le nombre « d’états de situation » et de plans d’action qu’elle a à produire pour satisfaire à des politiques et des programmes qui nous arrivent chaque mois: un état de situation et un plan à faire pour des Écoles en Santé, d’autres encores pour la Stratégie d’intervention Agir Autrement, encore aussi pour faire le point sur la violence, bien s’alimenter et tutti quanti. Le plan de réussite de l’école, c’est rendu une grosse boîte à malle. On passe chaque jour, en allant promener le chien, et on ramasse les commandes.
Quand je vois arriver tout cet argent « taggé », je vous le dis, le goût me prend de retourner les chèques. Mais là, avec les modifications qu’on entend apporter à la loi, je comprends que je ne pourrai même pas faire ça. Je comprends aussi qu’avec ces modifications, l’État n’aura plus à dépenser ou à recycler de l’argent pour intervenir dans les opérations des commissions scolaires et des écoles. »
Le billet complet est ici: http://carnets.opossum.ca/LeNeuf/archives/2008/05/post_2.html