« Oui, l’Ontario fait réellement mieux. Et quand on compare les francophones québécois et les francophones ontariens, ça fait encore plus peur. Les taux de diplomation naviguent autour de 91 % chez les Franco-Ontariens [contre 64 % au Québec]. Mais l’école est le coeur de la communauté là-bas (source). » – Égide Royer
L’étude sur le décrochage scolaire publiée cette semaine par l’Institut du Québec – Dix ans de surplace, malgré les efforts de financement – est importante parce qu’elle met en lumière l’écart de diplomation dans le réseau public d’éducation entre le Québec et l’Ontario (25 % pour ce qui est des garçons) et ce même écart entre les taux de diplomation des filles et des garçons (trois fois plus élevé au Québec que dans la plupart des autres provinces).
À juste titre, l’étude a fait beaucoup de bruit dans les médias. Malgré toute l’attention reçue, peu d’intervenants ont mentionné les mesures suggérées par les auteurs :
- Réduire les délais de publication des données en créant une base de données unique, ouverte et facilement accessible au public;
- À l’instar de la Colombie-britannique, faciliter l’accès aux données colligées par les commissions scolaires et le MEES en autorisant dès que possible l’Institut de la statistique du Québec (ISQ) ou Statistique Canada à les héberger sur leurs serveurs;
- Procéder à une évaluation systématique et rigoureuse des programmes d’envergure avant de poursuivre leur déploiement;
- Appuyer les décisions sur les résultats probants de la recherche et les pratiques avérées. Pour y arriver, créer sans tarder un institut d’excellence en éducation;
- Étudier et prendre en considération les meilleures pratiques locales et étrangères, en commençant par celles qui touchent l’enseignant, principal levier de la réussite de l’élève.
Pour ma part, je retiens les propos du chroniqueur Joseph Facal parmi tous ceux lus et entendus :
« S’il est vrai que chaque maillon du système a sa part de responsabilité, alors chaque parent, me semble-t-il, devrait se demander : qu’est-ce que JE peux faire, avec les moyens qui sont les miens, pour aider MON enfant ? »
L’engagement de chacun de ces « maillons du système » est crucial pour la réussite scolaire des enfants.
J’écoutais la discussion chez Médium large jeudi matin et je suis solidaire des intervenants qui se disaient en « désaccord avec l’intention du ministre de l’Éducation, Sébastien Proulx, de cibler le décrochage parental ». Si l’engagement de certains laissent à désirer, le focus ne peut aucunement être mis sur un seul facteur de la réussite scolaire.
Chez Mario Dumont, on a aussi touché un bon point : « Le Québec refuse de regarder en face le problème de l’échec des garçons à l’école ».
Patrick Lagacé a aussi traité de ce problème dans une belle chronique cette semaine.
Dans l’article du Devoir cité en début de billet, il en est abondemment question. Le professeur Égide Royer y exprime un point de vue qui m’importe tout en prenant soin de préciser que « c’est mal vu de prendre des mesures qui s’adressent uniquement aux garçons. C’est vu comme étant une forme de stéréotype » :
« L’Ontario a publié il y a quelques années un guide pour favoriser le développement de la littératie chez les garçons. On y abordait notamment la question des thèmes de lecture, parce qu’il y a un âge où les garçons sont davantage intéressés par le livre des records — qui est le plus grand, qui est le plus fort — que par des histoires de relations affectives. Ils ont publié également un guide pour faire augmenter le nombre d’hommes en enseignement. Est-ce que c’est discriminatoire ? À mon avis non. Mais au Québec, il y a une sensibilité particulière sur ce sujet. »
L’engagement…
Je visionnais jeudi soir l’épisode 55 de l’émission Banc public animée par Guylaine Tremblay sur ces profs qui changent l’école et j’ai été frappé par le haut degré d’engagement des enseignants qui y sont intervenus. C’est la clé maitresse pour innover et tenir compte de tous les appétits d’apprendre. Je vous invite à prendre 30 minutes pour savourer la passion de ces enseignants à bien servir les apprentissages de leurs élèves.
Parmi les autres pistes de réflexion et d’action pour améliorer la réussite du plus grand nombre, il y a aussi celle de rendre disponible à tous les maternelles 4 ans, comme en Ontario. La directrice générale du Conseil des écoles publiques de l’Est de l’Ontario en parlé chez Médium large :
Édith Dumont remarque les effets bénéfiques de la maternelle à 4 ans en Ontario : « Ce sont des lieux de socialisation absolument privilégiés. Développement du langage, développement des compétences sociales… Ça fait des enfants qui entrent en première année avec un [bon] niveau de confort, à l’école, et un niveau de confiance en leur capacité d‘apprendre. […] Quand on entre dans ces classes, ça jase, ça joue, ça échange, et c’est très axé sur le développement du langage. »
Il faut moins en parler dans le discours public que de passer à l’action. La réussite scolaire c’est liée à l’engagement de tous!
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