Ce n’est pas moi qui le dis, c’est Narvic sur Novövision. «Aujourd’hui», c’était plutôt le 23 octobre dernier, jour où «le « Journal d’un avocat » est devenu le « Journal des magistrats en colère« ». Il s’agit d’une initiative inusitée de Maître Eolas (un avocat blogueur français) qui a initié sur son blogue une «véritable enquête participative sur l’état de la Justice en France aujourd’hui, vue par ses propres acteurs». Soixante-quatre textes composent à ce jour «le dossier» que, toujours selon Narvic, «vous n’avez jamais pu lire ailleurs, jamais dans la presse en tout cas.»
«Les médias sont morts un peu plus aujourd’hui à l’occasion de cette expérience. Si les magistrats de ce pays n’accordent même plus aux médias le crédit suffisant pour recueillir leurs doléances et que seul le blog d’un avocat reste digne de confiance pour accueillir leur témoignage, c’est bien qu’eux aussi estiment aujourd’hui qu’il y a quelque chose de pourri dans le royaume des médias.»
Il n’existe aucune histoire semblable ici au Québec, ni même au Canada, à mon avis. La blogosphère du Québec n’est pas encore prise au sérieux; les blogueurs eux-mêmes ne se prennent pas au sérieux suffisemment non plus. Pas au point, en tous les cas, de voir des représentants d’une profession confier ses p’tits secrets concernant son cadre d’exercice à un de ses collègues qui tient, par son blogue, un média en bonne et due forme.
Revenons à l’origine de ce qui a poussé Éolas et ses amis de la magistrature à autant de prose… l’appel «à une journée d’action le 23 octobre prochain pour exprimer leur ras-le-bol de la situation actuelle de la justice». Voici comment il présentait les choses sur son «Journal d’un avocat»:
«Envoyez-moi, soit par mail à eolas[chez]maitre-eolas.fr (remplacez le [chez] par un @), soit sur cette page, votre témoignage, ce que vous avez envie que vos concitoyens sachent de vos conditions de travail, de leur évolution récente, des effets délétères de telle ou telle politique, bref, ce que vous avez sur le cœur. Je publierai ces textes sous forme de billets le 23 octobre, les commentaires seront ouverts (attention, tous mes lecteurs ne seront pas tendres avec vous). Je n’ai que faire de votre identité, vous pouvez m’écrire de manière anonyme, ou mieux, vous choisir un pseudonyme. Le formulaire de contact demande une adresse mail mais ne la vérifie pas : vous pouvez mettre an@nyme.com, ça passera, mais je ne pourrai pas vous répondre. En tout état de cause, je ne publierai le nom de l’auteur d’un texte qu’avec son accord exprès, et je vous garantis de protéger votre anonymat bec et ongles. Je vous demande juste de préciser vos fonctions (parquetier, juge d’instruction, juge des enfants…) et si vous exercez dans un petit, moyen ou gros tribunal (je vous laisse juge de la grosseur de votre palais), que cela éclaire le lecteur.»
J’imagine facilement ce que donnerait pareille initiative avec les directeurs d’école. Si je ne me retenais pas, je publierais l’avis suivant, paraphrasant Éolas, pour synchroniser la publication d’un recueil avec la sortie d’un palmarès d’écoles…
Envoyez-moi par courriel à masselin[chez]opossum.ca (remplacez le [chez] par un @), votre témoignage de directeur/trice, ce que vous avez envie que vos concitoyens sachent de vos conditions de travail, de leur évolution récente, des effets délétères de telle ou telle politique, bref, ce que vous avez sur le cœur. Je publierai ces textes sous forme de billets le jour où paraîtra le prochain palmarès, les commentaires seront ouverts (attention, tous mes lecteurs ne seront pas tendres avec vous). Je n’ai que faire de votre identité, vous pouvez m’écrire de manière anonyme, ou mieux, vous choisir un pseudonyme. (… Je n’ai pas de formulaire) En tout état de cause, je ne publierai le nom de l’auteur d’un texte qu’avec son accord exprès, et je vous garantis de protéger votre anonymat bec et ongles. Je vous demande juste de préciser vos fonctions (d.g., adjoint, cadre d’une c.s.) et si vous exercez dans une petite, moyenne ou grosse école (je vous laisse juge de la grosseur de votre institution), que cela éclaire le lecteur.
On verra…
Tags: "La vie la vie en société" Blogueur-reporter LesExplorateursduWeb
Si jamais tu décides d’amorcer une telle démarche, il me fera plaisir de l’imprimer et d’aller la porter à quelques directeurs d’écoles, fonctionnaires et cadres plus ou moins importants, mais tous témoins de l’état de notre système ducationnel.
Les résultats seraient intéressants. Cette démarche pourrait devenir particulièrement captivante en pleine élection provinciale…
On fait pareil pour les profs ? Pour ça aussi, je serais curieux de lire les résultats… C’est vrai qu’il y a de plus en plus de profs blogueurs, mais certains sont victimes d’une sorte de Big Brother (alias leur direction, eh oui…) qui se sert de la jeunesse de ces enseignants pour les menacer… Pourtant, ces profs n’ont pas été méchants, n’ont pas révélé des trucs compromettants, etc. Tout ça me rend très perplexe…