J’ai moins de temps pour lire sur le Web ces jours-ci et je m’en veux de ne pas pouvoir rapporter toutes les perles que je trouve au hasard de mes fréquentations. Ce soir, deux documents mettant en vedette Danah Boyd m’ont particulièrement frappé:
Dans le premier article, Hubert Guillaud rapporte les résultats d’une imposante étude qualitative (sur 3 ans, plus de 28 chercheurs se sont intéressés aux usages de plus de 800 jeunes) sur l’utilisation des nouveaux médias par les jeunes. Personne ne sera surpris de savoir que «le temps que les adolescents et les jeunes adultes passent en ligne, sur MySpace ou sur leur messagerie instantanée, n’est pas une perte de temps, mais leur permet de grandir, de mûrir.» Un extrait qui figure dans l’article d’Internet actu:
«Les nouveaux médias permettent une liberté et une autonomie que les jeunes ne retrouvent pas dans leurs salles de classe. Les jeunes se respectent quand ils interagissent en ligne, et sont plus prompts à apprendre de leurs pairs que des adultes. Leurs efforts sont surtout appliqués à eux-mêmes, et les résultats apparaissent surtout via l’exploration, ce qui contraste avec l’apprentissage scolaire qui est orienté vers des buts et des objectifs bien définis.»
Plusieurs auteurs connus et souvent cités sur ce blogue semblent avoir contribué à l’étude dont Henry Jenkins qui se demande pourquoi «les jeunes utilisent les nouveaux médias pour faire des choses qu’ils faisaient auparavant hors ligne»? Évidemment, ce sont les passages où s’exprime Danah Boyd qui m’ont particulièrement frappé puisqu’elle décrit bien comment les usages numériques peuvent être si productifs socialement, au niveau culturel et en ce qui concerne les apprentissages.
Pas étonnant que Yann Leroux, dans le deuxième billet que je voulais évoqué, cite Danah dans le même sens:
«The most important thing that we need are digital street workers.»
La trame de fond du billet de mon Psy/Geek préféré repose sur le suicide de Megan Meier qui a largement été traité dans les médias. Tout comme plusieurs d’entre nous, Yann prône le développement «d’actions éducatives en ligne» et cette idée «d’éducateurs de rue numériques» me paraît aller dans le sens d’une responsabilisation de tous les internautes du même type que celle qu’on rencontre de plus en plus dans les milieux urbains.
«Les enfants ne s’éduquent pas seuls. Dans les mondes numériques comme ailleurs, ils ont besoin du soutien et de l’appui de adultes. Laisser flotter l’idée que les mondes numériques appartiennent aux adolescents est le plus mauvais services que l’on peut leur rendre. D’abord parce que c’est tout simplement faux. Les serveurs de myspace ou de la skyblogosphère sont gérés par des adultes et font partie d’une économie qui n’a pas grand-chose à voir avec les problématiques adolescentes. C’est ensuite un mauvais service, car c’est construire des NeverLand numérique dans lesquels la loi et la responsabilité ne seraient pas ceux des adultes.»
Voilà deux contributions majeures qui devraient circuler dans les salles de profs de toutes les écoles autant que dans les bibliothèques du Québec. Merci à Yann, à Hubert et à Clément qui a attiré mon attention sur l’un des deux documents…
Tags: "...à ce qui me fait plaisir" "La vie la vie en société" "Pédagogie et nouvelles technologies"
Ce qui est bien dans les liens, c’est qu’ils rebondissent. Merci à mon tour Mario de m’avoir fait découvrir le billet de Yann Leroux.
Bonjour Mario,
Je crois qu’il faut d’abord et avant tout comprendre que les jeunes sont nées avec toutes ses technologies à portée de la main. C’est la raison pour laquelle je crois qu’il est normal que les jeunes les utilisent sans porter attention aux impacts que cela peut avoir. Ces outils font partie de leur quotidien depuis qu’ils sont tout petits.
Je dois dire que je ne crois pas que cela soit néfaste pour eux, mais plutôt que cela est nécessaire pour leur développement puisque les technologies de l’information et de la communication font maintenant partie de nos vies et que celles-ci vont sans cesse évoluer. Lorsque j’étais en 6e année, les ordinateurs commençaient à peine à faire leur entrer dans mon école. J’ai appris à utiliser l’ordinateur lorsque j’étais au secondaire. Maintenant que je suis étudiante à l’Université en Éducation préscolaire et enseignement primaire, je sais que j’aurai à intégrer et à utiliser les Tic dans ma future carrière et c’est pour cette raison que je m’intéresse à l’impact de ces nouveaux outils sur les jeunes.
L’année dernière, lors de mon deuxième stage, j’ai eu à utiliser le tableau blanc interactif dans ma classe de stage. Simplement pour préciser, j’étais placée dans une classe de maternelle. Ces enfants sont non seulement habitués de travailler avec l’ordinateur, mais ils voient cet outil comme une technologie faisant partie de leur quotidien. Ce qui m’a étonné c’est qu’ils comprenaient que plus tard ils allaient utiliser l’ordinateur pour faire des choses plus importantes telles que des recherches et des travaux. Si seulement à 5 ans j’avais su, moi aussi, que l’ordinateur allait autant me servir ou que j’aurai pu dire que plus tard j’allais faire des recherches avec internet et que j’allais faire mes devoirs avec cet outil, j’aurais certainement eu envie de connaître davantage cet outil et de l’exploiter au maximum lors de mes cours. Bref, les tic font partie intégrale de la vie des enfants et c’est la raison pour laquelle les enseignants du primaire doivent les intégrer.
Lorsque j’ai lu qu’«Un jeune sur trois a de l’équipement média dans sa chambre, sous forme d’un poste de télévision pour 1 jeune sur 2 et d’une radio pour 8 jeunes sur 10»1 je n’étais pas surprise. Je venais simplement de lire une statistique. Il faut quand même bien interpréter ce que nous lisons. Il est fort probable que la majorité des jeunes ont un téléviseur dans leur chambre. Et puis, qu’est-ce que cela peut bien faire? J’ai moi-même un ordinateur de bureau, un ordinateur portable ainsi qu’un téléviseur dans ma chambre. Cela ne veut pas dire que je ne vais pas à la bibliothèque, que je ne fais pas de sport ou que je ne sors pas de ma chambre. Cela ne veut pas dire non plus que tout ce que je fais est de regarder la télévision et de jouer à des jeux sur mon ordinateur. Au contraire, les statistiques disent ce qu’elles disent. Celle-ci vient tout simplement de dire que 1 jeune sur trois a de l’équipement média dans sa chambre. Cette statistique ne dit pas ce que les jeunes font avec leur ordinateur, ni combien de temps ils passent à regarder la télévision. Elle dit tout simplement que la plupart des jeunes ont un équipement média dans leur chambre. Tout cela pour dire que je ne serais pas d’avis avec les gens qui pourraient sauter aux conclusions en lisant ça et dire que tous les jeunes ne pensent qu’à ça et qu’ils ne font que jouer à l’ordinateur et écouter la télévision.
Je crois que la supervision parentale peut être importante jusqu’à un certain point. Lorsque j’avais 13 ou 14 ans, ma mère ne regardait pas vraiment ce que je faisais à l’ordinateur et elle ne me chronométrait pas non plus. Elle savait qu’elle pouvait me faire confiance et j’ai vite appris qu’Internet n’était qu’Internet. Il m’est arrivé de dépasser les bornes et de rester à ‘’clavarder ’’ pendant plusieurs heures, mais j’ai vite compris que cela n’était pas vraiment intéressant et que j’avais autre chose à faire. Bref, tout cela pour dire que je crois que les adolescents ont tous ce genre de période. Une période où les jeux sur console, la télévision ou l’ordinateur sont plus importants qu’autre chose. Ils peuvent avoir une période où le monde virtuel semble plus intéressant que le vrai monde, mais les jeunes finissent tous par s’en lasser comme toute autre chose.
Lorsqu’on dit que : «74% des élèves encore à l’école primaire chattent déjà. Au secondaire, le taux passe à 84 % et se maintient au dessus des 80% jusqu’à l’âge adulte. La fréquence moyenne est de 9,6 fois par semaine : ouvrir une session fait partie du quotidien des jeunes sur Internet»2 je dois dire que j’utilise moi-même encore MSN Messenger. Lorsque j’étais plus jeune, j’utilisais MSN pour simplement parler à mes amies, mais aujourd’hui ce logiciel de messagerie instantanée me sert beaucoup plus à titre d’échange pour mes travaux. Grâce à MSN Messenger je peux faire un travail d’équipe avec mes camarades sans avoir besoin d’être à l’université. Je peux faire un travail d’équipe tout en étant dans le confort de ma maison. Je veux préciser que l’utilisation de ce type de logiciel de messagerie instantanée n’influence pas la qualité de mon français écrit puisque je fais toujours autant attention à comment j’écris que ce soit sur MSN Messenger ou ailleurs. Par contre, ce ne sont pas tous les jeunes qui pensent comme moi. Certains, peuvent certainement être tentés par l’utilisation d’abréviations et autres choses du genre, cependant la question n’étant pas de vérifier l’impact que l’utilisation des messageries instantanées ont sur le français écrit de nos jeunes, je retourne à mon sujet principal c’est-à-dire l’utilisation des médias par les jeunes.
Je dois dire que lorsque j’ai lu l’article d’Hubert Guillaud, intitulé « Comment les jeunes vivent-ils et apprennent-ils avec les nouveaux médias?» sur le site d’internetactu.net, je me suis sentie comprise. Je dois dire que je suis totalement en accord avec lui lorsqu’il dit que : «Les nouveaux médias permettent une liberté et une autonomie que les jeunes ne retrouvent pas dans leurs salles de classe. Les jeunes se respectent quand ils interagissent en ligne, et sont plus prompts à apprendre de leurs pairs que des adultes. Leurs efforts sont surtout appliqués à eux-mêmes, et les résultats apparaissent surtout via l’exploration, ce qui contraste avec l’apprentissage scolaire qui est orienté vers des buts et des objectifs bien définis.»3 J’ai toujours cru en l’exploration naturelle des enfants. J’ai toujours trouvé que l’exploration et l’expérimentation étaient très importantes pour le développement de tout être humain. Petits et grands ont besoin d’explorer et d’expérimenter afin d’apprendre. C’est ainsi qu’ils développent et qu’ils sont plus enclin à partager ce qu’ils ont découvert. Il faut dire aussi que l’exploration et l’expérimentation ne sont pas toujours possibles, car il y a certains apprentissages qui doivent se faire afin d’être en mesure d’évoluer et de se développer, mais je reste convaincue qu’il est possible de se développer au travers l’exploration et l’expérimentation.
En conclusion, je dois dire que Jean-Luc Raymond a raison de souligner ce que le CRIOC4 (Centre de Recherche et d’Information des Organisations de Consommateurs, Belgique) dit que certains problèmes devraient être résolus puisque c’est la vie privée de nos enfants, de nos adolescents, de nos jeunes adultes qui sont mises en jeux. Comme ils disent : «des problèmes en matière de protection des mineurs doivent être solutionnés notamment sur les notions de respect des pratiques de commerce en ligne, de respect de la vie privée, des nouvelles pratiques publicitaires (notamment le marketing viral), de respect du droit à l’information et à la copie privée, de dépendance aux jeux, de divers risques en ligne (arnaques et influences commerciales) et sur la commercialisation croissante des univers virtuels que les enfants et les jeunes visitent (réseaux sociaux, jeux en ligne, mondes virtuels…).»5 Je dois dire que je suis aussi en accord avec cette réalité, c’est quand même de la vie privée de nos enfants, adolescents et de nos jeunes adultes qui sont mises en jeux. C’est un dossier qui devra être suivi afin de voir ce qu’ils mettront en place afin d’améliorer cette lacune.
Merci,
Julie.
1 http://www.epn-ressources.be/les-jeunes-et-internet-usages-et-pratiques
2 http://www.epn-ressources.be/les-jeunes-et-internet-usages-et-pratiques
3 http://www.internetactu.net/2008/12/01/comment-les-jeunes-vivent-ils-et-apprennent-ils-avec-les-nouveaux-medias
4 http://www.crioc.be/FR/
5 http://www.epn-ressources.be/les-jeunes-et-internet-usages-et-pratiques
Wow Julie… C’est tout un commentaire ça.
J’aime beaucoup cette idée de favoriser avant tout le «besoin d’explorer et d’expérimenter afin d’apprendre»! Dans nos interventions, aussi encadrantes soient-elles, il ne faut pas perdre de vue cette dimension; elle est un des principaux moteurs de la réussite 😉