Chaque fois que des incidents qui enflamment les rues impliquent des jeunes (1, 2, 3), je ne peux m’empêcher d’essayer de comprendre le désarroi qui accompagne la révolte. Depuis le samedi 6 décembre dernier, plusieurs cités grecques, dont Athènes, sont le théâtre d’incendies et de soulèvement hors du contrôle des forces de l’ordre. Encore ici, la mort d’un adolescent (Alexandros Grigoropoulos) a mis le feu aux poudres.
Les pages anglaise et française de Wikipédia constituent de très points de départ pour suivre de façon un tant soit peu plus neutre le fil des événements. Si un point de vue plus subversif est recherché, le blogue On The Greek Riots est le lieu à fréquenter puisqu’il rassemble les contributions d’internautes qui bloguent de la rue de trois villes où l’action est, disons, plus chaude.
Ce soir, par l’entremise du Jura Libertaire, on apprend que non seulement les «manifestants et [les] forces de l’ordre ont continué à s’affronter dans plusieurs villes grecques pour la quatrième soirée de violences après les obsèques de l’adolescent tué par un policier», mais aussi qu’une grève générale se prépare:
«L’explosion de colère des jeunes, signe selon des observateurs d’un profond malaise et d’une radicalisation due à l’insécurité économique et au chômage, met en difficulté un gouvernement déjà déstabilisé par une série de scandales et par les conséquences de la crise économique internationale. Aujourd’hui, il devra en outre gérer une grève de 24 heures, prévue de longue date par les syndicats, qui devrait entraîner des perturbations dans les transports publics et les transports aériens et maritimes.»
Sur ce blogue australien, on parle même d’un arrêt de travail de trois jours des enseignants des universités en Grèce en réponse aux événements. À Melbourne, en solidarité avec l’une des grosses communautés grecques hors de la Grèce, plusieurs étudiants, enseignants et syndicats vont manifester.
J’entendais sur les ondes de Radio-Canada aujourd’hui une correspondante affirmer que tous ces événements avaient un parfum de mai 68. On ne peut que souhaiter que les communautés dans le monde prennent bonne note de tous ces débordements qui font symboles du clivage entre l’autorité et la jeunesse et qui couvent trop souvent sans qu’on veuille l’admettre.
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Au journal de 20 heures, ce soir, sur France 2, le journaliste a commenté quelques images de violence, choisies sur les évènements en Grèce. Sur quelques minutes. il a employé deux ou trois fois la formule « les jeunes anarchistes » sont descendus dans la rue. « Les jeunes anarchistes » ont mis le feu… ou autres actes de vendalisme.
Ils veulent nous montrer les manifestants comme des fauteurs de trouble, comme des fauteurs de trouble, comme des ennemis de la démocratie… C’était si gros que même mon fils de 16 ans s’en est indigné…
Sans me targuer de pouvoir apporter une réponse béton pouvant expliquer le bordel créé par la révolte des « jeunes anarchistes » comme France 2 le dirait si bien, je crois que ce qui apparaît clair est que cette révolte reste le moyen le plus efficace et cinglant de faire valoir leur point de vue aux autorités.
Sans entrer dans un extrême de ghettoisation où nous aurions systématiquement affaire à un corps policier malveillant, entendons-nous pour dire que ces jeunes, ou moins jeunes, sont exposés à une répression plus soutenue que d’ordinaire. Ceci étant dit, ces mêmes gens ne sont pas ceux ayant le plus facilement accès à l’exposition publique et, à moins d’invitation sur un plateau télé par exemple, il leur serait très difficile d’organiser un débat public pour dénoncer les méthodes policières et ainsi offrir une critique justifiée de leur vie de tous les jours.
Finalement, je dirais que c’est probablement ce qui est le plus simple et le plus efficace pour eux. Sans oublier que c’est un excellent moyen de contrer les abus policiers.
Ceci étant dit, il est vrai qu’au bout du compte, c’est à eux mêmes et à leur communauté qu’ils causent le plus de torts.
Toute cette confrontation sociale soulève définitivement quelques enjeux plus profonds, mais je ne crois pas que quiconque puisse trouver une solution simple, propre et efficace à cette problématique sociale.
À suivre…
Mai 68… Woah les moteurs. Ça me fait davantage penser aux émeutes en banlieue de Paris qu’à autre chose. Il y avait une idéologie derrière 68, pas juste une lutte de petits voyous frustrés!
Je me demande ce que la pauvre dame, dans cette photo pense des émeutes…