Qui devrait avoir peur des menaces de La Presse?

De toutes celles que j’ai lu au sujet des menaces des propriétaires de La Presse qui laissent planer une suspension de la publication du journal et du site Internet, c’est la position de l’Association des agences de publicité du Québec qui me fascine le plus.
«La situation qui prévaut au quotidien La Presse est « préoccupante » et « inquiétante »», affirme François Bourque, président de la FPJQ; rien de surprenant ici. «Le temps est venu d’avoir une seule convention et une seule entreprise» (fusion entre La Presse et Cyberpresse), réplique Hélène De Guise, présidente du Syndicat des travailleurs de l’information de La Presse (STIP); réaction normale là également. Les «travailleurs de l’information» ou les journalistes vont s’en sortir, je ne suis pas inquiet pour eux…
C’est quand je regarde du côté des publicistes que je rigole un peu. Yanik Deschênes, pdg de l’AAPQ:

«La Presse permet à l’annonceur de rejoindre un public précis. Si elle n’est pas là, l’annonceur devra entreprendre une réflexion. Tout l’argent investi dans La Presse pourrait ne pas être réparti entre les autres médias. Donc, ultimement, on pourrait en arriver à une perte pour la collectivité québécoise».

Est-ce que j’ai bien lu «perte ($$) pour la collectivité québécoise»?

Si ça va mal à La Presse, c’est principalement parce que le modèle d’affaires basé sur une pub dépassée et anachronique ne fonctionne plus, non pas parce que le contenu serait devenu obsolète. Oui, les nouvelles du journal ne sont pas toujours très fraîches, mais La Presse est lue, tout comme Le Soleil de Québec qui voit son tirage augmenter depuis peu. Les revenus baissent drôlement vite et les agences de publicité voient le pactole disparaître sous leurs yeux. J’avoue qu’il migre doucement vers le Web et que ça peut probablement expliquer mon sourire, mais je ne travaille pas directement dans ce secteur du Web, alors c’est l’observateur qui s’exprime ici, davantage que celui qui pourrait «empocher» si «la tendance se maintient» et devient plus lourde.

La «perte pour la collectivité québécoise» n’est pas là où on pense. Et surtout pas chez «nos amis» des agences… En voilà qui ont vraiment raison d’avoir peur du coup de semonce (ou bluff) de Gesca!

N.B. Les négociations reprennent ce week-end, selon toute vraisemblance…

Tags:
2 Commentaires
  1. Photo du profil de Bruno Boutot
    Bruno Boutot 13 années Il y a

    Excellentes observations, Mario: tu as des yeux tout autour de la tête!
    J’attirerai justement ton attention sur une petite phrase qui est passée inaperçue dans la lettre de Guy Crevier aux employés:
    « nous avons développé une stratégie pour permettre à La Presse de migrer vers un nouveau modèle d’affaires; » *
    Si c’est vrai c’est colossal, une première en Amérique du Nord. C’est possible (je travaille comme tant d’autres sur un modèle de ce type). C’est beaucoup plus important que les chiffres passés dont tout le monde parle (et qui sont déficitaires sans aucun doute).
    Et ça serait une excellente nouvelle: ce dont tout le monde a besoin, c’est que les éditeurs trouvent de nouvelles façons de générer des revenus. S’il y a des revenus, il y a un journal.
    * Lettre de Guy Crevier publiée intégralement dans Rue Frontenac:
    http://tinyurl.com/mqzgy8

  2. Photo du profil de BenoitOuellet
    BenoitOuellet 13 années Il y a

    Depuis quand la publicité dans « La Presse » (ou « Le Soleil ») serait ciblée? Laissez moi rire. Il n’y a rien de moins ciblé et de plus généraliste (« at large » ou « mass media ») que ces publications à grand tirage. C’est la même chose avec les radios de grand auditoire et la télévision généraliste (TVA, RC, CJMF93, CHOI, CKOI, etc.)
    Ce qui est curieux (et c’est le businessman(!) qui parle) est que ce devrait être ces conseillers en publicité qui devraient diriger leur client vers de nouvelles sources rentables et très ciblées (le web, les canaux spécialisés, etc.). Pourtant, ce sont eux qui crient aux loups!!! Au lieu d’être à l’écoute de leur client ils sont obsédés par leur « vache à lait » (easy sales)
    Mauvaise approche, mauvaise stratégie de vente et surtout incompréhension… Les innovations majeures ont toujours amenées des bouleversements dans les façons de faire et, par conséquent, des changements de garde chez les joueurs dominants… le web ne fera pas exception…
    Seule l’innovation est garante de survie, et ce, peu importe le domaine!

Laisser une réponse

Contactez-moi

Je tenterai de vous répondre le plus rapidement possible...

En cours d’envoi

Si les propos, opinions et prises de position de ce site peuvent coïncider avec ce que privilégie le parti pour lequel je milite, je certifie en être le seul éditeur. - ©2022 Thème KLEO

Vous connecter avec vos identifiants

ou    

Vous avez oublié vos informations ?

Create Account

Aller à la barre d’outils