Le Jean-Luc Mongrain du temps de TQS ne bénéficiait de la viralité du Web. Celui de LCN en profite allègrement cette semaine avec cette vidéo qui fait le délice de plusieurs internautes. Une charge sans équivoque qui débute par l’organigramme du MELS, pour se poursuivre avec le détail d’une liste de fournitures scolaires exigées dans une classe de 1re année pour se terminer en caricature avec une histoire de pantoufles. Il ne manque que l’allusion au «ti-coune de Coaticook» pour dépasser le personnage construit et amplifié par l’imitation qu’en faisait Pauline Martin au temps des «Samedi de rire».
Imprudence de Monsieur Mongrain que celle d’attaquer sans nuance ce qu’il y a de plus lourd et inconséquent «dans la machine» de l’Éducation au Québec ou bouffée d’air frais de pouvoir rire à gorge déployée, en cette rentrée scolaire? Dans le contexte où nous sommes en présence d’un des plus grands fabriquant «d’infotainment» qui soient, il faut relativiser…
Avec le point de vue de Patrick Dion et celui du professeur masqué, il y a la gamme complète des opinions sur l’à-propos de la démarche de l’animateur télé. Il n’y a qu’à lire chez Patrick Lagacé…
La première fois que j’ai vu la vidéo, j’ai ri de bon coeur. Ensuite, je me suis dit qu’il en beurrait pas mal épais, mais que les gens sauraient faire la part des choses. Ce matin, je me dis que s’il y a un problème avec cette vidéo et qu’elle ne passe pas pour ce qu’elle est, une caricature, c’est que le fond de vérité devient probablement trop proche de la réalité de plusieurs. La machine a pris le dessus sur le gros bon sens…
Les (Z)imparfaites:
«Quand ça fait trois jours que tu échanges 15 Ziplocs avec la prof de ta fille parce qu’ils ne sont jamais du bon format (Jour 1: Il faut des Ziplocs qui zippent: j’en mets des grands qui zippent… Jour 2: Il ne faut pas des grands, il faut des petits: J’en mets des petits à sandwich… Jour 3: Il ne faut pas des petits à sandwich, il faut des moyens qui zippent… Aaahh! Fallait le dire!), ça fait du bien! Merci de virer fou pour nous M. Mongrain!»
Voilà probablement pourquoi un homme intelligent comme Jean-Luc Mongrain a senti qu’il pouvait foncer tête baissée avec cette tirade.
S’il y a eu imprudence de sa part, c’est un peu beaucoup parce que «les exceptions» deviennent «normes» aux yeux de beaucoup trop de parents. Le MELS est en cause: on ne s’y retrouve plus. Les profs sont en cause: on ne saisit plus la portée de leurs exigences. Ce qui est en périphérie de l’école est en cause: on s’imagine que l’école n’est plus un lieu où l’effort est requis.
Nous sommes tous remis en question par la vidéo de Monsieur Mongrain. Je parle du «nous», les gens du scolaire. On ne peut même plus se moquer des travers de l’école sans qu’on tente de dénigrer celui qui tient le miroir, si déformant soit-il. Et il déforme à peine, parfois…
Si le MELS (et les profs et ce qui les entoure) ne vaut plus une risée, il ne vaut plus grand’chose.
Et tout comme l’affirmait la défunte revue Croc: «C’est pas parce qu’on rit, que c’est drôle!»
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Pour ma part, je n’ai pas trouvé la vidéo très drôle: les ficelles sont tellement grosses que c’est une insulte à l’intelligence. Je ne crois pas non plus que «les gens du scolaire» manquent d’humour. Nous en avons peut-être simplement ras-le-bol qu’on ne cherche toujours qu’à discréditer et dévaloriser l’école et ses artisans.
J’ai siégé sur le comité d’école, le conseil d’orientation et le comité de parents de la commission scolaire il y a une quinzaine d’années J’étais alors très inquiet du manque de ressources professionnelles et du gonflement du personnel d’administration dans la commission scolaire. Je sais qu’il y a eu depuis embauche de ressources professionnelles.
Le numéro de Mongrain ne m’a pas fait rire, mais c’est parce que je n’ai jamais aimé le personnage. Il a fait un méchant raccourci entre gratuité scolaire et taille du ministère et des commissions scolaires. La gratuité touche plutôt la question des taxes scolaires et de l’impôt. On va justement avoir une consultation cet automne sur les tarifs pour les services publics. Quant à l’organigramme du ministère, c’est facile de laisser sous-entendre qu’il y a plein de bois mort qui nous coûte cher et qui font que les parents doivent payer pour les fournitures scolaires et le côté tatillon qu’il dénonce.
On tourne en rond avec cette approche démagogique des choses. On tourne en rond et on prépare la chagnonisation de notre système scolaire. Triste, vraiment triste.
La démonstration de Mongrain est une caricature. C’est un gros spectacle. Mais, comme une illustration caricaturée dans notre quotidien préféré, elle sert à dénoncer une stupidité bien réelle.
L’exemple des pantoufles est probablement isolé. Elle est le résultat d’un groupuscule de zélés dans cette école pour raccrocheurs. Toutefois, en lisant les commentaires de plusieurs parents, le kit scolaire de la rentrée contient beaucoup trop de caractéristiques détaillées futiles.
Ce qui est aberrant, c’est qu’on impose ou sanctionne les délinquants de ces stupides exigences quant au matériel scolaire. C’est alors normal que le sujet soit traité à la télévision dans une émission d’opinion. Les téléspectateurs voient en lui un défenseur du gros bon sens.
Alors, je crois qu’il est impossible sans ces caricatures de dénoncer efficacement ces petites stupidités de la vie quotidienne. Je vois mal le sujet être débattu à l’émission « Une heure sur Terre » à SRC.
Je n’ai pas ri quand j’ai vu la vidéo. La liste scolaire des deux côtés et les crayons à étiqueter un par un, je l’ai vécu plusieurs fois depuis 12 ans. Je suis fâchée chaque fois que je reçois la liste scolaire, et chaque fois je me demande comment font les parents à faibles revenus. Cette année, il y a un nouvel article sur la liste : sept boîtes de papiers mouchoirs. Pas une, pas deux, Sept. C’est plus que ce que j’utilise en une année pour notre famille de quatre!