C’est le titre de la formation que j’animais aujourd’hui à Joliette auprès d’une vingtaine de membres de Culture Lanaudière. Le programme était chargé et j’ai été étonné de la motivation des gens présents qui se sont présentés avec beaucoup d’enthousiasme dans la salle informatique d’une C.S. de la région. Les questions suivantes étaient au menu:
- Comment fonctionne le Web dit «participatif» ou 2.0?
- Pourquoi ça marche?
- Est-ce que ça peut fonctionner pour vous? À quelles conditions?
- Pourquoi on parle de «présence numérique»?
- Que veut-on dire par «contenu généré par les utilisateurs»?
- Qu’est-ce que les fils de nouvelles (RSS ou autre)? Pourquoi est-ce utile?
- Et la propriété intellectuelle?
- Comment mieux gérer son image/patrimoine sur Internet ou d’autres le font-ils pour vous?
- Qu’est ce qu’un blogue? Qu’est-ce qu’un blogueur?
- Qu’est-ce qui appartient au phénomène de mode et qu’est-ce qui va rester d’ici les dix prochaines années?
Comme d’habitude j’avais configuré un site de travail où les gens pouvaient (et pourront pour les prochaines semaines) expérimenter la publication Web et se documenter. Dès mon arrivé, le technicien qui prenait «connaissance» de mon programme s’est mis sur le téléphone pour essayer de faire débloquer les «barrières» qui se dressaient devant nous puisque l’atelier de travail sur les «médias sociaux» semblait lui faire craindre «le pire» en terme d’accès. Rien à dire contre le «tech»; j’imagine qu’il a fait de son mieux… À part Facebook, qui est devenu accessible vers 10 h 30, notre journée s’est passée à voir un écran jaune avec la mention «site interdit» accompagné d’un bruit de sirène de bateau qui était supposé (j’imagine) me signaler qu’un des apprenants sous ma gouverne «transgressait» les limites permises.
Voilà le portrait de la situation à partir de la liste des sites en page d’accueil de ma plate-forme de formation…
- Did you know? (version 4) (bloqué)
- Social média revolution (bloqué)
- Mario tout de go (accessible)
- Répertoire de blogues Arts/culture (bloqué)
- Gestion de signets collaboratif (accessible)
- Flickr (bloqué)
- YouTube (bloqué)
- Scribd (accessible)
- Linkedin (accessible)
- Facebook (d’abord bloqué, puis accessible)
- Twitter (bloqué)
- Bloglines (bloqué)
- Identité numérique (accessible)
- ePortfolio de Mario Asselin (bloqué)
J’avais préalablement téléchargé dans mon ordinateur une version des vidéos et ma plate-forme était accessible, ce qui fait que nous sommes débrouillés. Par contre, régulièrement, des blogues (et des sites) sur lesquels nous naviguions étaient inaccessibles… l’enfer!
Les membres du groupe ont été super conciliants. Et je ne parle pas de la chaleur qui était insupportable dans ce local, malgré le neuf degrés dehors… mais bon, la journée a été riche en apprentissages, malgré tout.
Une chose me reste en travers de la gorge tout de même… Qu’est-ce que peuvent bien penser les participants à ma formation d’aujourd’hui de ce qu’on enseigne dans les écoles de cette C.S. et de la manière dont on l’enseigne?
Merci pour les efforts du technicien… mais pour le reste, j’ai toutes les raisons d’être inquiet du temps que ça va prendre avant que dans plusieurs C.S. les médias sociaux fassent partie des solutions… plutôt que des problèmes!
Heureusement, au même moment, ailleurs dans une école d’une autre C.S., on peut lire ce genre de billet…
Mise à jour du 13 novembre 2009: Je ne pensais pas qu’on pouvait aller plus loin que les «sirènes de bateau»… On apprend ces derniers jours qu’un enseignant aurait reçu une sanction disciplinaire parce qu’il aurait «utilisé son propre ordinateur portable à l’école» allant à l’encontre d’un récent règlement imposé par la commission scolaire. Mes sources m’indiquent que l’enseignant en question «sévit» dans la même C.S. dont je parle dans ce billet. Je suis sans mot… Heureusement, depuis quelques jours, je reçois des invitations pour aller à la rencontre de cadres et de responsables TI des C.S. suite à quelques interventions (1, 2) qui ont suscité de l’intérêt. Dans certaines C.S., on prend du recul et on réfléchit… dans d’autres, on semble accroître les mesures visant à restreindre l’autonomie pédagogique. Est-ce si compliqué d’envisager deux réseaux dans une C.S., un pour l’administratif (valeur fondatrice: sécurité) et un autre pour le pédagogique (valeur fondatrice: apprentissage)?
Tags: "Administration scolaire" "La vie la vie en société" "Pédagogie et nouvelles technologies"
Heureusement ! …
Ça laisse perplexe sur Linkedin: ça doit vouloir dire que ce n’est soit pas social, soit pas le « fun », soit peu utilisé…
Je sympathise avec vos difficultés techniques et je comprends votre conclusion.
Bien contente que Culture Lanaudière s’intéresse au web 2.0. Pour ma part, je dirige un organisme régional dans Lanaudière (la Société de développement international de Lanaudière, http://www.sodil.ca) et malgré ma veille constante, je retrouve peu d’organismes ou entreprises lanaudois qui semblent utiliser les réseaux sociaux.
Nous sommes sur Twitter et LinkedIn (et réussissons, malgré notre minuscule équipe, à y contribuer tous les jours). Notre Facebook est créé mais non utilisé.
J’aimerais bien savoir pourquoi les organismes, entreprises et institutions de Lanaudière ne se lancent pas plus… J’y vois, pour ma part, de multiples avantages.
Salut Mario, Je ne peux m’empêcher de sourire car, hier justement, j’ai eu de la difficulté de démarrer mon cours de photographie. Au départ on voulait donner un mot de passe style « Qer4jB1* » pour un compte de classe. Comme j’ai des élève de 4e année que que certains ne font pas la différence entre un L, l, 1 et |, j’ai du demander d’avoir quelque chose comme « patate », « maison » ou « normal » comme mot de passe. On nous regarde alors comme un extra-terrestre. On ne dirige quand même pas la Banque Nationale… On peut rire de la vidéo de Mongrain (http://www.youtube.com/watch?v=ZxqinvDs8Rs) qui dit que c’est le concierge qui mène l’école en faisant référence à une politique de pantoufle à l’école. Il y a peut-être un brin de vérité… Poussé sur les bords mais bon…
Après une dizaine d’année à la direction d’école, je suis à me demander si les vrais décideurs dans les écoles ne sont pas le système d’autobus (qui règle les heures de fonctionnement de l’école), les techniciens en informatique et/ou le prévôt des incendies…
J’ai la clé passe-partout de tous les locaux de l’école, du code de notre système de sécurité et d’intrusion, de notre coffre-fort, des comptes de banque et de cartes d’achats pour l’école mais impossible d’obtenir le mot de passe du réseau sans fil…
Plus inquiétant encore, c’est l’impossibilité de savoir qui décide de bloquer ces sites et quelle est la procédure utilisée. C’est comme si quelqu’un à quelque part n’aime pas quelque chose et décide de bloquer sans au préalable, vérifier si quelqu’un sur le réseau aurais besoin de tel ou tel outil. On a beaucoup parlé d’éduquer au lieu de bloquer. Il semble qu’il reste encore beaucoup de chemin à faire. Comme parent, je veux que mes enfants fassent des choix, des bons choix. Nous avons besoin de sécurité c’est certain mais il faut que ce soit les pédagogues qui décident des paramètres et non l’inverse… et… évidemment, nous aurons besoins des techniciens pour le faire…
Les attitudes et les barrières tombent peu à peu mais c’est souvent épuisant et ce n’est pas toujours facile de trouver une oreille attentive…
On continue….
🙂
J’aime bien votre commentaire, M. Gauvin. Surtout lorsque vous soulignez que vous avez accès à tout dans l’école, mais pas au mot de passe réseau sans fil ! Au moins, dites-vous que vous avez un réseau sans fil fourni! De mon côté, j’ai dû installer, contre vents et marées (parce que ça « bug » le réseau???), ma propre borne! Mais, c’est une autre histoire… Comme le choix de la plate-forme informatique, etc. ; )
Et pour faire débloquer un site dit « dangereux »… Je n’espère même plus! Chez nous, évidemment, Facebook, YouTube et cie sont bloqués. Pour visionner des petits vidéos en ligne, on repassera : aucun site offrant ce genre de contenu n’est accessible, sauf music.com… C’est vrai que Britney Spears nue dans un spa qui chante Womanizer c’est bien moins terrible que le reste… ; )
Mais la vraie question est : pourquoi ces sites sont bloqués? J’aimerais le savoir, mais personne n’est en mesure de me donner une explication!
Bref, ça fait du bien de laisser ça sortir! 😉
M. Gauvin, j’aime bien quand vous dites que « J’ai la clé passe-partout de tous les locaux de l’école, du code de notre système de sécurité et d’intrusion, de notre coffre-fort, des comptes de banque et de cartes d’achats pour l’école mais impossible d’obtenir le mot de passe du réseau sans fil… »
Quand on est un stagiaire, un enseignant suppléant ou même un suppléant occasionnel, c’est souvent très difficile d’avoir une simple clé de locaux… Imaginer la difficulté à obtenir celle du réseau sans fil. Impossible!
Je trouve ça très désolant et aussi, à la fois très peu surprenant. Ce qui est le plus ridicule c’est que les élèves ont accès à tout ça à la maison.
Les écoles devraient plus se concentrer à réduire la violence et la drogue dans les écoles plutôt que de barrer Facebook. Je suppose que c’est peut-être plus facile de restreindre des sites internet que de s’attarder à des problèmes sociaux.
J’ose espérer que ça ne s’inscrit pas non plus dans un simple power trip que j’ai fréquemment été témoin dans le milieu scolaire lorsque j’étais client.
Cher Mario
J’ai trop souvent rencontré ces problèmes dans les formations que j’anime ici en France. C’est pourquoi je soutiens ta réclamation.
Malheureusement ces situations sont trop nombreuses pour que nous n’intervenions pas de plus en plus vigoureusement en vue d’obtenir que les technologies soient « vraiment » mise au service de l’apprentissage et non pas de ceux qui gèrent les services techniques… C’est une certaine idée de l’école qui « autorise » à ces blocages, et pas seulement le pouvoir de quelques uns.
Note de Mario: merci pour ton billet, «Quand va-t-on enfin éduquer nos enfants ?»
Ne serait-ce pas possible de court-circuiter les filtres en installant un version portative d’un fureteur (PortableFirefox) sur une clé USB et l’utiliser au lieu d’utiliser celui installer sur l’ordinateur ? Je ne connais pas la configuration des filtres, mais peut-être que ça fonctionnerait. D’un autre côté, ça pourrait vous attirer les foudres des techniciens informatiques ou de votre directeur…
@François, le verrouillage des sites est fait par le réseau informatique. La seule façon de le détourner complètement est d’utiliser une clé USB d’internet mobile avec un portable ou ordinateur de table.
M. Asselin
Juste avant de lire votre billet, une enseignante me demandait si je trouvais normal de bloquer YouTube à l’école. Je lui ai dit que c’était une aberration, que nous devrions éduquer plutôt que de bloquer. Un vent de changement se lève, un vent de contestation. Il est probable que cette année verra naître la rébellion des enseignants contre le blocage internet! Ce billet est les commentaires qui l’accompagnent seront autant de munitions pour défendre notre point de vue.
Salutations!
@Nicolas
Maintenant, Apple permet le partage de la connexion Internet du iPhone vers un ordinateur via Bluetooth. Cependant, cela nécessite un ordinateur avec Bluetooth, un iPhone et un bon forfait de données pour pouvoir utiliser Internet sans avoir peur que le montant à payer de la prochaine facture soit exorbitant.
C’est pratique, car on peut laisser le téléphone dans sa poche sans avoir à le sortir et ainsi éviter les regards accusateurs des autres enseignants qui voient cela comme une incitation (faite aux élèves) à utiliser le cellulaire en classe.
OUF ! Que de patience cela a dû te prendre, Mario,pour animer sans pester constamment ! Chapeau !
Les aberrations de ce genre sont trop nombreuses en effet et cela complique inutilement la vie des trop rares encore qui veulenet monter dans le train ultra-rapide des utilisateurs de technologies en éducation, de ceux qui veulent monter dans le train avant qu’il ne soit passé.
Triste constat que cette réalité ! Triste constat que ce jeu de chat et de souris (car les élèves contournent souvent très très facilement ces barrières, contrairement à nous, les plus vieux…) Triste constat que cette perte de temps et d’énergie qui pourrait être passer à éduquer, à développer son esprit critique, etc.
Mais heureux constat de voir que les gens commencent à comprendre et à s’organiser pour « forcer la main » à ces « sévices » (sans r svp) informatiques !
Je n’avais pas lu ton nouveau billet avant de commenter celui-ci: on y parle dans les mêmes mots ! Chat+souris, perte de temps complètement folle, etc.
Une chance (pour plusieurs CS – un peu moins la mienne, à ce que je vois/constate*) que je n’avais pas lu ce billet AVANT l’entrevue que j’ai accordée à la SRC pour le TJ du 19, 20 ou 21 octobre prochain ! ;-/
*Je constate donc que ma CS, qui a pourtant tenté un jour de bloquer YouTube (Voir http://www.sylvainberube.com/filtrer-et-brider-modifie/ ), par exemple, est pas mal plus ouverte que la moyenne 🙂
Triste.
Et intéressant…
Le réseau de la CS appartient à la CS et en ce sens, ils doivent le protéger. Qui ça «ils»? Généralement, ce sont les services informatiques. Une grande partie de leur travail est d’assurer l’intégralité du réseau et ils font tout en ce sens.
Le problème, et il est soulevé depuis de nombreuses années, est l’espèce de paradoxe entre «l’apprentissage» et son «administration». En apprentissage, on croit généralement qu’on peut apprendre de ses erreurs. En administration, on veut absolument éviter les erreurs car ces dernières coûtent temps et argent.
Alors, que peut-on faire? Ma solution (déjà suggérée depuis quelques années…) :
1- Dédier un réseau cs dédié seulement à la pédagogie, réseau où l’on pourrait créer de nombreux serveurs virtuels (selon les besoins des exprimés par les pédagogues) indépendants les uns des autres ;
2- Dédier des techs qui relèveraient des services pédagogiques ET NON des services informatiques ;
3- Rendre les services pédagogiques imputables du développement de la compétence transversale TIC. Cela implique que c’est ce service-là qui prend les décisions relativement aux TIC dans les écoles.
Pour avoir rencontré ce type de mur trop souvent, je ne peux que compatir avec toi Mario…
Il est tout de même intéressant de noter que dans notre société on dénonce la censure en Chine et que, en même temps, on utilise les mêmes procédés que les autorités chinoises pour imposer des restrictions arbitraires dans les commissions scolaires.
Comment se fait-il que, si je me rends au MIT (qui a des contrats sensibles avec la NASA et le Pentagone), je peux utiliser tous mes services Web sans restriction alors que lorsque je vais donner un atelier dans une CS ou au MELS je ne sais jamais à quoi je vais me heurter ? La réponse est simple… au MIT, il y a DES réseaux fermés pour l’information sensible et DES réseaux ouverts pour les étudiants et les invités. Dans la plupart des CS, il y a 1 seul réseau sécurisé au maximum.
Je souscris et j’adhère donc complètement aux 3 propositions de Gilles.
Il faut gagner ce combat contre les restrictions arbitraires… continuons à AGIR !
[…] mon aventure à Joliette, je prends davantage conscience du tort que cause les pratiques de blocage de sites Internet dans […]