L’avantage de Twitter est que c’est un outil fantastique qui tient lieu de carnet de notes, personnel ou collectif. Le désavantage de Twitter, c’est de pouvoir noter beaucoup de petits trucs, mais aussi, de risquer de mettre de côté le blogue, un des outils les plus puissants quand vient le temps d’objectiver une journée comme aujourd’hui.
Je parle évidemment de ma présence au Colloque Génération C, dont c’était la première des deux journées. Cinq cent trois participants, une vingtaine d’accréditations médias et beaucoup de conversations plus tard, on peut dire que la rencontre tient ses promesses. En intensité et en apprentissage… Je rappelle qu’à la mi-septembre, quelques résultats avaient été dévoilés. J’en ai déjà parlé ici et là.
Demain, les impacts du communiqué de presse et la lecture des journalistes présents «transiteront» par médias interposés vers la population. Allez savoir ce qui sortira de tout cela… Déjà, on peu lire quelques comptes-rendus (1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10 et 11). Plus tôt ce matin, Taïeb Moalla du Journal de Québec avait témoigné en direct de son expérience. Mais c’est du côté du fil Twitter #genc (plus d’un milier, semble-t-il, dans cette seule première journée) qu’on retrouvera les plus généreuses contributions. Les gens ont été généreux de leurs gazouillis et il faut saluer l’audace du Céfrio d’avoir accepté l’aménagement sous forme d’écrans géants devant la scène qui retransmettait en direct les «tweets» de tous et chacun. L’image d’un membre du gouvernement traitant des services gouvernementaux avec au-dessus, la critique d’un de ces services, me restera longtemps en mémoire. Pas de malaise ici, seulement le reflet d’une façon inusitée [et moderne?] d’échanger et le symbole de certains dogmes qui tombent…
Crédit photo: Denis Francois Gravel
Il n’y a eu que très peu de ces moments de vertige. La grande majorité du temps, le gazouillis exprimait un questionnement, une information complémentaire ou précisait une réflexion qui découlait de ce qu’on venait d’entendre. Au moment où notre conférencière unilingue anglais s’est exprimée (une synthèse, au Devoir), certains se sont mêmes demandés si l’écran ne s’avérait pas plus utile à suivre que la traduction simultanée? En rafale, quelques réflexions qui remontent au moment de mettre fin à cette journée:
- J’ai rebaptisé Danah Boyd, «la Louis-José Houde du « social networks »», tellement elle possède un débit rapide. J’avais rencontré Danah à LeWeb3 en décembre 2008 et j’ai vraiment eu beaucoup de plaisir à renouer de bons souvenirs en sa compagnie, après son allocution. Selon elle, Google Wave ne «décollera pas» étant un «geek tool», sans plus. Si elle convient que l’initiative OLPC repose sur une très belle vision, elle croit fermement que ça représente la façon «américaine» de faire les choses et qu’on en a un peu soupé de se faire organiser «par les U.S.»; il y a peu de chances que le futur soit rose pour les XO, dans son esprit. Le mérite aura été de contribuer à voir autrement l’éducation et de servir de lancement au microportables… Danah est repartie à Boston en automobile, vers le milieu de l’après-midi…
- Le gazouillis de la journée quant à moi est survenu en fin de journée au moment où on discutait de l’inertie expliquant la difficulté de lutter contre la fracture numérique: (Luc Gendron) «Qui/où est la force d’inertie? Ceux que la démocratisation de l’information menace, car elle dilue leur pouvoir.»
- Comme souvent, la rencontre d’une personne qu’on côtoie dans l’espace numérique est remplie de lumière. Cette impression de se connaître même si on se voit pour une première ou deuxième fois est toujours indescriptible…
- Il a beaucoup été question d’éducation aujourd’hui et les gens m’ont paru très ouverts dans leurs analyses des bons coups et de ce qui reste à accomplir en terme de défis. il y avait une telle qualité d’intervenants et de participants que je n’ose nommer personne. Le Céfrio aura réussi son pari: réunir toutes les forces vives de notre domaine!
La suite demain… Je dois aller me coucher si je veux être un tant soit peu à la hauteur!
Tags: "...à d'où je viens" "Generation_C" "Pédagogie et nouvelles technologies" LesExplorateursduWeb Partageons le savoir
Merci de cet excellent résumé Mario !
Pour être celui qui a véhiculé un message assez évident, juste au-dessus de la tête de la ministre, je me permets un petit commentaire: de la même façon que les profs ne contrôlent plus la connaissance avec l’avènement du Web pour tous, les gens des communications ne peuvent plus contrôler toute l’information depuis que la production de cette information s’est démocratisée et répandue pour tous.
J’espère simplement que mon « intervention » à propos de ces services gouvernementaux pas toujours commodes pour le simple citoyen n’aura pas pour résultat de vouloir accentuer la censure des interventions pour une prochaine édition. Il ne faut pas que les gens au pouvoir soient frileux, il faut qu’ils plongent eux aussi… et qu’ils acceptent de perdre une partie de cet « ancien » pouvoir qu’ils avaient auparavant, dans l’ancienne façon de faire les choses…
À tous ces gens qui ont du pouvoir, il est temps qu’il laisse aller la force vers l’avant et que l’inertie soit vaincue !
Beaucoup d’éducation hier, mais trop peu de profs… à suivre « dans ma cour », sur mon blogue, ce soir ou demain si je trouve un peu de temps 😉 (Je ferai donc un bilan des 2 jours en un seul billet !)
Perso, j’ai quelques regrets que j’exprime ici:
http://pedagotic.uqac.ca/?post/2009/10/21/G%C3%A9n%C3%A9ration-C-%E2%80%93-Premi%C3%A8res-r%C3%A9actions-et-quelques-regrets
Je crois qu’il y avait des absents importants. C’est probablement juste un question de point de vue
Merci Mario pour cette marque de confiance.
Le fil Twitter constitue une autre preuve de la synergie entre les actions « offlines » pour ceux qui sont sur place et les actions « onlines » pour ceux qui ne pouvaient s’y rendre. Nous réussissons à être sur la même longueur d’ondes.
Pour compléter ma réponse, je partagerai que la meilleure façon de sécuriser ces leaders inquiets est de les former. Pourquoi le CEFRIO ne piloterait-il pas un programme de mentorat « inverse » entre les leaders de la génération C et les dirigeants (affaires et entreprises)? J’ai déjà sensibilisé les dirigeants du Groupement Québécois des chefs d’entreprises à un tel projet.
Ces derniers profiteraient de ces technophiles tout en contribuant à améliorer les paramètres de qualification de ces futurs leaders. Imaginez la force de ces paires de passionnés pour le développement de leur région.
Pour terminer, les dirigeants ont intérêt à connaître et à converser là et comment les autres générations le font. La dernière discussion avec mon fils m’a beaucoup fait réfléchir dernièrement.
Bonne deuxième journée!
En réponse à Sylvain : Lorsque j’ai pris la photo au dessus de la ministre, je savais l’impact que pouvait avoir un tel cliché.
C’est pourquoi j’ai publié la photo avec la mise en garde suivante :
« Je félicite le CEFRIO et les différents conférenciers d’avoir accepté d’afficher en direct les commentaires des participants. Il s’agit d’une utilisation fascinante de la technologie.
Il serait dommage que le CEFRIO ou la ministre s’offusque et remette en question l’utilisation de Twitter durant des allocutions simplement à cause de cette anecdote ».
Ton intervention était pertinente et le timing impeccable.
– Denis François
Lien vers la publication originale : http://presentabilitywithdfg.wordpress.com/2009/10/20/colloque-c/
Merci Mario pour ce beau compte rendu des highlights de la première journée du colloque #genc, que je remarque très fidèle à ce que tu me partageais dans notre discussion de corridor sous-terrain d’hier! 😉
Personnellement, j’ai également beaucoup apprécié la superposition du offline/online avec la projection des Tweets durant la conférence et le risque avant-garde que cela constituait de la part du CEFRIO a pris à cet égard.
Cependant, je dois avouer que j’ai parfois ressenti un léger ‘regret’ face à la perception d’un certain effet d’entraînement des twitters à se laisser un peu aller à une forme de moquerie gratuite, sans grand apport critique de fond/contenu.
Comme si, de se retrouver sur le ‘grand écran’, excitait malgré tout un peu à se faire remarquer…et provoquer en étant un peu baveux est une stratégie d’attention connue et reconnue…attitude surtout attribuée aux ados et jeunes adultes d’ordinaire…
En bref, finalement, cela donnait parfois des allures de ‘monde à l’envers’ durant la conférence, alors notamment que les twitters s’en donnaient à coeur joie avec des métaphores de zoo et que les genc tentaient, eux, de tenir des propos sérieux et réflexifs sur leurs usages et pratiques 2.0 sur le ‘vrai’ stage…;-))
Un biais de communication découlant de la diffusion parallèle de twits qui risque de passer avec l’habitude, la modération croît avec l’usage dit-on?? ;-0
Qu’en penses-tu?
Personnellement, je me sens visé par le commentaire de Sandrine ci-dessus…
Je me sens presque accusé d’être un m’as-tu-vu, étant donné le tweet que j’ai envoyé pendant le discours de la ministre qui me laissait sceptique… Je ne l’ai pas fait pour me faire voir, bien au contraire, mais pour exercer, d’une façon 2.0, mon esprit critique face à tous ces beaux discours qu’on nous fait mais qui ont encore de la misère à se concrétiser: l’occasion était bonne, le timing, et le langage utilisé ne s’est pas voulu blessant, mais questionnant.
J’ai pesé le pour et le contre avant de diffuser… et parfois je ne peux m’empêcher de bousculer un peu les paradigmes en place qui paralysent l’action, et parfois la démocratie elle-même !
Alors j’assume entièrement le rôle que je me suis donné à ce moment, sachant que je suis capable de nuancer mes propos par la suite et de m’expliquer à qui me le demandera 🙂
Et j’ajouterais que les vrais m’as-tu-vu ont été rapidement écartés du « tag » #GenC: l’auto-régulation du groupe a fait son oeuvre tout seul… Faut faire confiance et avoir un certain seuil de tolérance aux petits écarts de conduite normaux et humains s’il y a lieu (parler de café, par exemple, pouvait se faire pendant l’activité de réchauffement de début de journée (surtout si c’était pour signaler la rareté dudit breuvage salutaire), mais moins pendant une conférence internationale ;-))
Merci de ta réponse à mon commentaire Sylvain.
Comme tu le soulignes très bien, il y a une différence entre intervention stratégique avec utilisation réfléchie de ‘l’opportunité de tribune’ accordée aux tweets dans le contexte de la conférence, et ce que je mentionnais être un peu gratuit par ailleurs, sans viser personne, juste comme constat d’un phénomène que j’ai interprété ainsi – toute interprétation demeurant subjective à la base.
Ton intervention a eu un impact réel, qui était intéressant, car différent, et d’ailleurs qui a été remarqué et souligné dans divers billets. Il me semble clair que le phénomène global que je décrivais comme m’ayant interloquée n’a donc rien à voir puisque je faisais référence à des tweets sans apport au débat de fond, bref, à des interventions à mon sens, moins constructives. Je suis d’ailleurs ravie que tu t’en sois bien différencié dans ta réponse à mon commentaire.
Au plaisir 🙂