On ne revient pas d’un colloque réussi comme l’a été celui de Génération C sans avoir plusieurs réflexions à partager. Par contre (le colloque vient à peine de se terminer), j’aimerais me laisser quelques jours avant de tracer le bilan complet des activités et des rencontres.
À ce moment, il faudra que je revienne sur quelques conversations, dont celle avec Étolane que je lis depuis des lunes sans jamais l’avoir rencontrée.
Je présentais aujourd’hui, dans l’atelier #2 du volet éducation. On m’a raconté que la vidéo des allocutions devrait être disponible sous peu sur le site du Céfrio… alors, j’en dirai plus à ce moment, mais je peux confirmer que j’ai suivi mon intuition. Alimentés par les nombreux courriels et appels téléphoniques reçus, je me suis permis une critique du système d’éducation en ajoutant un appel à tous sur la question des filtres et de l’Internet bloqué. Pas facile de se montrer rassembleur dans ces circonstances où vous jetez un pavé dans la marre en quelque sorte. On verra dans les prochains jours ce qui sortira de cette démarche qui me tenait beaucoup à coeur. Essentiellement, je réalise que c’est le conformisme et l’enseignement par séquences linéaires qui me brûlent, bien davantage que le contrôle à outrance dans les classes et les écoles. Une enseignante (ou était-ce une c.p.) est venue me voir après «ma sortie» pour me demander de réfléchir à l’hypothèse selon laquelle j’aurais dû faire de la formation continue mon cheval de bataille plutôt que d’attaquer de front la question du libre accès, l’un précédent l’autre, dans son esprit. Je crois que le minimum de compétences acquises pour intervenir est suffisant parmi les membres du personnel, mais j’accepte de poser la question. En fait, le point de vue de cette personne diverge du mien en ce qu’elle juge que c’est bien beau d’ouvrir l’accès, mais que trop peu de gens pourront intervenir adéquatement.
Le moment fort de ma journée est venu d’une rencontre avec des jeunes de PROTIC avec lesquels j’ai pu discuter une bonne vingtaine de minutes à l’écart des participants du colloque. Une des jeunes étudiantes a partagé une sorte de vertige à l’idée de constater jusqu’à quel point on avait des efforts pour «étudier» les caractéristiques des gens de son âge. «Ça fait peur de voir qu’on est presque des animaux de laboratoire qu’on scrute à la loupe. Le pire, c’est que je me suis reconnue dans le portrait qui est fait de nous autres. On est donc ben important…» Ce commentaire fut le prétexte d’une prise de conscience intéressante de notre part. Si on met autant d’emphase sur la compréhension de cette génération C, c’est effectivement parce qu’elle nous place de nouveaux défis à relever. On a convenu que finalement c’était un exercice qui en valait la peine*.
Au chapitre des traces que je veux noter, il y a ces billets de Patrick Giroux, Marc Boivin et de Roberto Gauvin. Sur le plan de la couverture médiatique, ce topo de Radio-Canada, «L’avenir des blogues passe par le créneau éducatif» qui m’a offert l’occasion de préciser ma vision de l’importance de la blogosphère éducative. Au Soleil, je suis revenu sur la question du nécessaire accompagnement des élèves par les profs (deux autres articles aussi, 1, 2) et enfin, en entrevue à une station de radio du Lac-St-Jean, on m’a permis d’en ratissé pas mal large sur les impacts au niveau du travail de l’arrivée prochaines des jeunes de la génération C (lien à venir).
Un contact avec un jeune homme de 20 ans qui souhaite se présenter aux prochaines élections scolaires, une longue discussion avec un député provincial sur le sujet de l’importance d’un plan numérique pour le Québec et un rappel de ma responsabilité d’aller commenter plus souvent au bas des blogues des étudiants ont aussi alimenté ma belle journée.
Mise à jour du 22 octobre: Quelques billets à lire qui participent à la mission de résumer ce qui s’est passé au Colloque: chez PRESENTability, au Céfrio et sur le synchro-blogue du portail Sympatico.
Retour* sur ce que l’étudiante mentionnait: En racontant ce passage à quelques amis, il m’est venu une réflexion sur ce qu’avait pu ressentir l’étudiante… Elle ne se sentait plus le «sujet» d’une étude, mais «l’objet» de cette même étude, d’où son malaise, peut-être!
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« Si on met autant d’emphase sur la compréhension de cette génération C, c’est effectivement parce qu’elle nous place de nouveaux défis à relever. »
Phrase clé, Mario. Car au fond, ce regard sur les jeunes est aussi en quelque sorte un regard sur l’école, donc sur la pratique éducative et les paradigmes dominants qu’il faut, j’en suis convaincu, réviser de façon importante. Car sans cette remise en question, les contraintes systémiques viendront étouffer les quelques initiatives que certains ‘early adopters’ « oseraient » essayer.
Oui, la formation continue (tout comme l’initiale) est un facteur clé, incontournable. Mais des fois, tout comme tu la fais hier dans cet atelier au sujet du blocage des sites — et tu connais ma position à ce sujet — ça prend des moments/interventions chocs pour faire bouger des choses. Ce déséquilibre cognitif nous place ensuite en mode plus « réflexif », où on est un peu moins teinté par nos convictions et paradigmes du moment. Cela amincit l’épaisseur des murs de la boîte dont on nous demande d’en sortir pour repenser l’école (« think outside the box »). Plus facile à y sortir ainsi. Toutefois, il faut que cette nouvelle condition de réflexion puisse aussi s’appuyer sur des données fiables (ce qu’apporte Danah B. notamment) et que la discussion permette l’expression de l’éventail des points de vues. Peut-être qu’en distribuant les 6 chapeaux de De Bono (factuel, émotionnel, critique, optimiste, créatif, organisé), on saura mieux dégager l’école ‘de demain’ pour aujourd’hui, car celle d’aujourd’hui est d’hier… Pour la suite, ce sera le vouloir politique et le leadership qui primeront.
En tout cas, ce fut un excellent colloque et vive le backchannelling!
Je suis plutôt (et plus que ça) d’accord avec le fait que tu aies choisi de ruer dans les brancards un peu: la preuve que ça a de l’impact est que ça dérange des gens (L’enseignante plus haut ou la CP ?) dans leur sécurité de l’approche linéaire: former d’abord, agir ensuite.
Non pas que cette façon de faire soit mauvaise ou bonne, mais il est important de se rappeler qu’elle n’est pas la seule à exister tout simplement et que, parfois, face à de gros paquebots difficiles à faire tourner ou à réorienter, il faut parfois brusquer un moment, pour provoquer une action qui autrement ne vient pas, ou pas assez vite.
Comme disait Roberto, les banques n’ont pas attendu que sa grand-mère soit prête pour implanter ou imposer les guichets automatiques!