Un élève du secondaire avantageusement connu de plusieurs d’entre nous sur La Toile offre une réponse assez inusitée à une tentative d’intimidation dont il aurait été victime. Ça se passe sur son blogue…
Si je comprends bien «sa logique», il s’agit d’appliquer une forme de «judo numérique»: j’utilise la force de ton message haineux en le répercutant dans la sphère publique, aux vus et au sus des membres de mon réseau.
Ça pose plusieurs questions… mais pour le moment, on a le goût de donner raison à Félix!
«Ils ont utilisé Internet comme arme, je réplique avec Internet. Est-ce que j’en ressors grandi? Non, la vengeance n’est que cupidité. Quoi que j’ai été plus malin qu’eux. Plus correct, en tout cas. En fait ça m’a fait du bien de vous raconter ça. Tsé, se faire injurier comme ça, ça donne une envie de frapper et de brailler, une émotion bien bizarre qu’on appelle la rage, j’imagine. Et faut dire, finalement, que je jubile en pensant aux futurs employeurs qui taperont leurs noms dans un moteur de recherche et qui tomberont ici. Mais pour l’instant je vais me contenter d’aller voir mon directeur demain.»
Que j’aimerais être le directeur de l’école de @Felixggenest ce matin… cela dit sans aucune ironie! Il offre sur un plateau d’argent une occasion d’apprendre et de faire apprendre.
Des jeunes hommes dans la vingtaine que je viens de questionner me disent qu’ils n’auraient pas dû mentionner les noms de ceux qui lui ont posté des messages haineux. Ils me mentionnent aussi qu’il n’avait pas besoin d’Internet pour «se défendre» puisqu’à son école, un simple signalement aurait fait bouger les choses suffisamment pour que cesse la manigance. De l’autre côté, je me dis que le fait de se donner «du pouvoir» comme victime, dans ces moments où on se sent rabaissé, ça peut devenir important pour que cesse l’intimidation.
Nous sommes plusieurs à suivre le dénouement de cette histoire, parce que demain, c’est aujourd’hui!
Quoi penser de cette démarche?
Mise à jour de fin d’avant-midi: «La théorie» dit: Ne réponds pas à des messages d’intimidation et protège les renseignements personnels, ce qui, manifestement, n’est pas la voie privilégiée ici. À méditer… J’écris ça suite à la lecture de deux gazouillis de Michel Dumais (1, 2) qui méritent d’être pris en compte, dans les circonstances… Une autre recommandation de lien est aussi venue de celle qui tient le compte Twitter du Réseau Éducation-Médias.
Tags: "...à ce qui me fait plaisir" "Administration scolaire" "La vie la vie en société" "Pédagogie et nouvelles technologies"
Comme plusieurs des personnes sur le réseau Twitter, je suis avec intérêt cette histoire de « règlement de compte » via internet. Il s’agit en effet d’une excellente occasion d’apprendre pour tous.
Mais je crois que mon opinion diffère un peu des autres sur le fait de mentionner les noms ou pas… Je ne peux m’empêcher de faire un lien avec le journalisme d’enquête, qui, au nom du droit à l’information, nous donne de plus en plus de détails sur les protagonistes associés au scandale de l’heure.
Je suis très consciente du fait qu’on parle de mineurs dans le présent cas, mais il ne faut peut-être pas étendre notre tendance à protéger les enfants aux occasions d’éducation qui découle des expériences que font ceux-ci. C’est bien beau le principe du droit à l’erreur avant la majorité, mais là on parle de jeunes qui attaquent publiquement quelqu’un d’autre dans son intégrité dans le but évident de le blesser moralement. Ce n’est pas un comportement à encourager et il faut que le message soit clair.
Reste à voir la réaction de la direction pour savoir si un règlement à l’interne est suffisant…
Une autre chose qui me fait réfléchir dans cette histoire… C’est comment Félix se sentirait s’il n’avait pas choisi ce moyen extérioriser sa rage.
Comme ce genre de comportement se produit souvent, d’après ce que j’en sais, j’imagine que les démarches faites auprès des directions d’école ne portent pas toujours les fruits escomptés. En tous cas, l’impact y est moins grand au niveau du message qui est véhiculé. Bien sûr, l’élève pris en défaut ne recommencerait possiblement pas, mais les autres pourront encore se risquer…
Je pense donc qu’il est légitime pour celui-ci de poser des gestes qui ne sont que bien délicats, en comparaison des dommages que ces gestes peuvent entraîner.
Vous avez vu Ben X , le film ? Vous me direz qu’il s’agit d’une situation extrême, mais peut-être pas tant que ça.
Finalement, avant que Félix ne retire ces photos, advenant qu’il décide de le faire, je me demande bien quels gestes de réparation pourraient être exigés de ces deux jeunes hommes ?
Dois-je dire que depuis ce matin, suite au billet de Félix Genest, je suis extrêmement surpris et même déçu de la réaction des adultes, dans leurs billets ou leurs commentaires.
Alors que dans les écoles, des organismes comme le Réseau Éducation-Médias font de la prévention en exhortant les jeunes à dénoncer leurs assaillants, pas un commentaire, pas un billet à ce sujet de la part des adultes qui, faut-il le rappeler, œuvrent en éducation.
Lien vers une page du site du «Réseau Éducation-Médias».
Je le répète, je suis surpris. Surpris aussi en tant que parent. Car c’est ce que j’enseigne régulièrement à mes enfants depuis des années. Avec succès. Car ils ont eu à réagir à quelques reprises à la cyberintimidation. Ne pas réagir, ne pas répliquer, dénoncer à un adulte responsable. Et ici, je constate que pas une personne n’a offert ce conseil à Félix Genest. Au contraire même.
J’ai même pris le temps d’appeler Mme Emmanuelle Néry-Newton du Réseau Éducation-Médias afin d’attirer son attention sur cette histoire et surtout, lui demander de valider mes doutes. Elle vient d’ailleurs de publier sa réponse sur le carnet de Félix Genest (et je la cite intégralement) :
Je ne crois pas que le fait de dévoiler au grand jour le nom des auteurs de l’intimidation soit une preuve de maturité ou de courage. Il en faut certainement plus pour taire ces noms alors qu’on les connaît.
Je ne crois pas non plus que cette réaction puisse arranger la situation, ni faire progresser les agresseurs dans leur réflexion : la technique « œil pour œil » n’a pas pour réputation de déclancher un processus empathique ou une illumination cognitive, chez qui que ce soit. En d’autres termes, il vaut mieux tenter de discuter avec tes agresseurs pour comprendre et faire comprendre (en utilisant ton directeur comme médiateur) que de te soulager vite-vite, en balançant des noms.
Si tu veux en savoir plus sur la cyberintimidation :
Lien vers une page du site du «Réseau Éducation-Médias».
Voici ce que j’appelle, une réaction saine. Responsable. Cela dit, n’aurait-il pas été sain (et ne le serait-il pas à la lumière de ceci) d’établir une distance saine entre vous et Félix Genest? Je comprend que pour vous, le fait que Monsieur Genest blogue de belle manière soit un exemple qui démontre vos théories, enseignements et conseils que vous prodiguez à votre clientèle.
De plus, j’ai aussi pris la peine de consulter un juriste afin de lui demander si les parents des enfants visés par le billet de Monsieur Genest seraient en droit de réagir face à vos billets et commentaires? En théorie, oui. Un geste de bon père de famille eut été de suggérer à Monsieur Genest d’en référer à son directeur, un parent.
Bref, vous comprendrez pourquoi je suis doublement déçu de vos commentaires.
M. Dumais.
J’ai une question très simple pour vous, que vous devez prendre comme telle. Ça n’est pas une provocation.
Avez-vous personnellement déjà subi de la cyberintimidation?
C’est votre réaction qui me déçoit. Je suis conscient que l’avis d’un garçon de 14 n’a peut-être qu’un moindre intérêt pour vous, mais je tiens à vous en parler.
J’ai été et je suis victime d’intimidation et de cyberintimidation. Je suis constamment confronté à des propos homophobes très dégradants.
Depuis des années, à l’école, on enseigne ce que vous enseignez à vos enfants. Quand quelqu’un t’attaque, ne réplique pas. Dénonce à un adulte.
Ma mère m’a toujours dit autre chose. Si on te frappe en premier, tu répliques avant. Ensuite, tu vas voir un adulte.
Je n’ai jamais eu à frapper qui que ce soit. Je crois en la suprématie de la puissance morale, intellectuelle.
Sauf que franchement, j’ai beaucoup enduré. Certainement trop. Ce qu’a fait Félix n’est ni une preuve de maturité. Mais oui, je crois que c’est une preuve de courage. Peut-être même de témérité. C’est surtout quelque chose de brillant. Car voyez comme nous débattons.
By the way, je me suis également renseigné au près d’une légiste. Et Félix aurait également eu la possibilité de poursuivre ces deux garçons. Et il aurait gagné.
Gardons-nous une distance «saine» entre le jeune blogueur Félix et nous?
Bonne question Michel. Ne serait-ce que pour avoir soulevé cette question, ton commentaire me paraît avisé.
Ça soulève d’autres questions comme «Avons-nous besoin de conserver une distance saine avec nos enfants pour juger des actions à poser devant une situation où notre intervention est requise?» ou «Qu’est-ce qu’une distance saine?», mais je ne voudrais pas trop dévier des judicieux points que tu soulèves.
Merci Michel d’avoir fait appel aux gens de chez «Éducation-Médias» qui ont une expertise reconnue dans ces domaines de la cyberintimidation et de l’éducation aux médias.
Pour le reste, je réserve mon jugement. Mon intention en écrivant ce billet dans la section «Je réfléchis» de mon blogue était de me garder une trace de cet incident, de réfléchir tout haut sur les impacts de la stratégie choisie et de le faire – comme d’habitude – avec les membres de mon réseau.
Si d’entrée de jeux, j’ai écrit «on a le goût de donner raison à Félix», la cause est loin d’être entendue; d’ailleurs, il ne faudrait pas en faire «une cause»… dans le sens «d’un procès» (ni de Félix, ni des autres jeunes impliqués).
Individuellement, nous (je m’inclus) n’aurions pas eu «une réaction saine, voire responsable», écris-tu. Possible. «En théorie», je serais porté à te donner raison. Encore qu’il s’est écoulé quelques heures entre notre lecture des événements et ces réactions écrites sur des blogues (ou sur Twitter). Il est encore temps de réagir… C’est ce qu’on fait en commentant.
J’ai été directeur Michel (tu le sais) pendant des années et ça me rappelle qu’il m’est arrivé souvent de ne pas avoir eu des «réactions saines, voire responsables» devant certains comportements de jeunes. Il m’est arrivé parfois de ne pas jouer «le livre». Je n’ai jamais revendiqué le fait d’être un exemple de parents ou d’éducateur. Ni un exemple de directeur… Cas vécu:
Un p’tit bonhomme est victime de harcèlement (verbal/physique) dans la cour d’école et bien que les surveillants tentent d’être vigilants, d’autres jeunes vont jusqu’à le pousser. Disons qu’après que mon monde ait joué «le livre», je constate que le problème n’est «pas réglé». Un matin, les surveillants m’apportent la jeune victime et «son bourreau»; «la victime» a utilisé une autre stratégie et ce matin-là, elle a choisi de répliquer coup pour coup (tu vois ce que je veux dire). En tant que directeur, je ne pouvais admettre qu’on règle ses problèmes à coups de poing et mon livre de «directeur d’école» commandait une sanction pour les deux et une démarche de réparation… Je procédais.
Entre quatre yeux avec celui qui subissait le harcèlement et entre quatre yeux avec l’autre, «je peux-tu» te dire que je serrais «mon fameux livre».
Tout ça pour dire Michel que j’apprécie ta réaction. Je crois que bon nombre d’adultes ont voulu – avant tout – manifester de l’empathie envers Félix. La directrice de cette école est la directrice de tous les élèves de l’école et elle saura faire la part des choses. L’idée de ne pas protéger l’identité des autres jeunes a rapidement posé problème et je serais surpris que Félix garde ça de la façon dont il l’a arrangé au départ. Quant au fait de rapporter les faits aux adultes et de ne pas répondre aux menaces… Si c’est «responsable et sain» d’agir ainsi, je ne prône pas le mur-à-mur en cette matière face à la cyberintimidation. Désolé. J’ai du respect pour le «grand livre», mais j’ai appris à la dure qu’il fallait parfois savoir en écrire une autre version.
Laissons cette histoire évoluer un peu et on en reparlera…
N.B. Commentaire écrit avant celui de Guillaume Duteaud.
@guillaume duteaud
Intimidation? Dans le quartier où j’ai été élevé, St-Henri à Montréal, plus d’une fois. Et ça se réglait aux poings. Édifiant n’est ce pas? Cela dit, j’ai fait mienne cette maxime du grand auteur de science-fiction, Isaac Asimov, «la violence est le dernier refuge de l’incompétence.» J’ai donc toujours presque trouvé des moyens de ne pas répliquer aux attaques, car après tout, «la violence est l’arme des faibles.» Et c’est ce que j’enseigne à mes enfants (je suis parent de trois enfants). Il y a toujours des moyens de passer outre la violence, qu’elle soit verbale ou physique.
Cyberintimidation? Vous saurez qu’un journaliste (et la plupart ont ce «privilège») d’avoir moult gogos qui, sous le couvert de l’anonymat, y vont de leurs menaces et autres propos violents. Il fut un temps où je recevais en moyenne un ou deux messages par semaine de ce type. J’ai vu aussi les messages que beaucoup de collègues féminines recevaient par courriel. Des horreurs sans nom. Et il est arrivé à quelques reprises que ces messages mènent à des plaintes aux autorités concernées. Une anecdote rigolote: j’ai même reçu un jour un courriel d’un de ces individus qui me demandait de retirer dans mon carnet ses commentaires à la limite diffamants, du fait qu’il avait des aspirations politiques et qu’il ne voulait pas que l’on puisse l’associer à ces propos. Yes sir!.
Quand à mes enfants, j’ai été témoin à 2 reprises de ce type de comportement, ma grande fille ayant reçu menaces et propos pas très édifiants par MSN. Et à chaque fois, son réflexe fut de s’adresser à moi en premier, de me demander conseil et nous avons fait ensemble les gestes qui s’imposent. Et elle n’a plus jamais entendu parler de cela par la suite. Donc, vous conviendrez ici qu’au contraire, les propos et commentaires d’un jeune adulte au contraire, sont d’un grand intérêt pour moi. Mais jamais je ne conseillerais le oeil pour oeil, dent pour dent.
En plus, et c’est un petit détail que je révèle ici pour la première fois, personne mis à part mes très proches ne le savait, j’ai déjà été sur le conseil d’administration d’un organisme oeuvrant en violence familiale. Alors, j’en connais un petit bout sur la violence, physique, psychologique et autre.
Bref, le «oeil pour oeil, dent pour dent», concept vieux de 2000 ans, vous voulez toujours en discuter?
Pour la partie juriste, je ne parlais pas des assaillants de Monsieur Genest. Je vous signale que Monsieur Genest et ses parents décideront bien ce qu’ils veulent faire, cette partie ne nous concernant pas du tout. Et ce n’est sûrement pas moi qui oserai le conseiller à ce sujet.
Le juriste spécialisé en droit des technologies que j’ai consulté parlait des propos et commentaires laissés par les adultes sur le carnet de Monsieur Genest, propos qui auraient du refléter une attitude de «bon père de famille». Petite différence, vous en conviendrez. Cela dit, avant d’en arriver là, il existe tellement d’autres gestes à poser.
Ceci étant dit, je vous concède que malheureusement, l’école et aussi les parents sont trop souvent dépassés par tout ceci. Même chose pour les parents des assaillants d’ailleurs. Et j’aimerais pouvoir vous dire que j’ai une solution tout faite pour vous, car je devine bien votre tristesse et la rage qui vous habite dans vos propos. Been there, done that, got the t-shirt. Mais ne cessez pas de demander l’aide à laquelle vous avez droit. Documentez, soit. Mais ne succombez pas au oeil pour oeil. D’ailleurs, vos propos nous montrent que vous faites preuve de maturité et de sagesse. Je suis certain qu’Emmanuelle Nery-Newton, qui suit cette conversation, pourra aussi vous indiquer d’autres ressources. Bien que la meilleure reste toujours vos parents.
très cordialement
Merci pour cette intervention ma foi fort intéressante. En particulier pour la partie dans laquelle vous clarifiez vos propos. J’avais mal lu la fin de votre précédent commentaire, j’en suis désolé.
Donc vous avez vécu quelque chose qui ressemble à ce que Félix et moi vivons presque quotidiennement. Donc vous pouvez peut-être comprendre.
Ce qui arrive est rageant. Vraiment.
Vous voyez, même votre fille a été une victime à deux reprises. Je considère qu’une fois est une fois de trop, dans ces cas. Mais vous ne pouvez pas garantir à votre fille qu’elle ne sera plus harcelée.
Tandis que Félix, en écrivant cet article, a probablement donné (pardonnez l’expression) la chienne de leur vie à ces garçons. Non seulement ils ne recommenceront probablement pas, mais la rumeur circulerait. Et de là, deux choses peuvent arriver. Ou d’autres prendraient la relève, ou tous constateraient qu’on ne rigole pas avec lui et il aurait alors la paix.
Je vais demander ce soir un résumé de la rencontre d’aujourd’hui de la bouche de Félix. Quand j’aurai entendu, j’ai l’intention de ne plus être actif dans le débat. Je soutiendrai Félix, mais pas en commentant ses actions, ou les réactions des autres.
M. Dumais, vous ne m’avez pas convaincu. Je suis athée et ne crois pas aux miracles. Se taire et dénoncer ne suffit pas. Dans certains cas, il faut agir.
@guillaume
Ça tombe bien, je ne suis pas curé. ;-)) . Cela dit, non je ne peux rien garantir à ma fille (ni à mes deux autres enfants), la seule garantie qu’elle a, c’est que son père sera toujours à ses côtés prêt à la soutenir et à l’aider. Et c’est un rôle que je prend très au sérieux.
Mais au risque de vous attrister, trop souvent, bien des adultes agissent encore plus cruellement sur la Toile que les enfants et les jeunes adultes et font de la cyberintimidation (j’aime ici le terme cyberbullying) quasiment un art auquel plusieurs applaudissent.
toujours cordialement
« Se taire et dénoncer ne suffit pas. Dans certains cas, il faut agir. »
Je suis entièrement d’accord avec cela. Là où il s’agit de réfléchir, c’est à la façon d’agir, justement. Effectivement, dénoncer ne suffit pas. Il faut ensuite une confrontation avec les divers protagonistes, si l’on veut avoir une chance de faire évoluer la dynamique. « Faire peur » aux intimidateurs peut être une tactique pour s’assurer qu’ils ne s’en prendront plus à cette personne-là, mais je doute que cela change leur façon de penser ; ils seront juste un peu plus frustrés, et tourneront leur frustration sur quelqu’un d’autre, voilà tout. Un emplâtre sur une jambe de bois…
Hier, au moment où la discussion faisait rage à ce sujet sur Twitter, j’ai envoyé ceci : « Pour info: 1/3 des jeunes qui intimident se sont faits intimider eux-même. A votre avis, on encourage la riposte, ou on casse le cercle? »
Le Réseau Education-médias a développé une série de leçons visant à faire réfléchir les élèves sur la Cyberintimidation.
«Il faut ensuite une confrontation avec les divers protagonistes»
C’est un des éléments les plus importants d’une démarche de «postvention» à la suite d’incidents marqués par la cyberintimidation et c’est une des raisons pour laquelle la présence d’adultes qui ne sont pas trop impliqués émotivement dans la situation est essentielle. Ça demande du temps, du tact et de l’énergie, mais ces rencontres sont essentielles pour que les comportements changent.
Merci Mme Erny-Newton d’attirer notre attention sur ce volet des interventions à encadrer. En ce sens, il y a encore beaucoup à faire suite «à l’aventure» vécue par Félix et les autres jeunes personnes.
Comme toute situation comporte son lot d’apprentissages, nous en avons, une fois de plus, un bel exemple. Malgré le fait que je me considère bien outillée en ce qui a trait aux utilisations du web par les jeunes et à l’éducation qui entoure son utilisation (voir mes billets de la série « Pas de panique », 1, 2 et 3 : http://j.mp/4iYl7s ,
http://j.mp/637tz9 et http://j.mp/7zoZdH,
je dois avouer que les différentes réactions entourant la dénonciation faite par Félix m’ont fait réfléchir. Contrairement à M. Asselin, je n’aurais pas aimé, personnellement, être directrice de son école, cette semaine. Je pense bien que j’aurais commis quelques bévues. Faut dire, justement, que je ne connais rien des deux zigotos, alors que vous conviendrez que quiconque connait un peu Félix sera porté à en vouloir à ceux qui lui font du mal. Bon. La saine distance que nous recommande avec raison M. Asselin n’y serait pas , mettons. Très difficile à appliquer, cette saine distance. Nous sommes humains, après tout. Nous devons cependant tendre à s’améliorer et à grandir.
Dans mon cas, ça peut vouloir dire réfléchir davantage avant de me prononcer.
Je continuerai donc de suivre attentivement le dénouement de cette histoire. Merci à ceux qui entoutrent Félix de leurs conseils éclairés. Ils nous permettent de poursuivre notre réflexion.
Je remercie Josée Sabourin pour sa réfléxion, que j’aime bien. En ce qui concerne ma décision sur l’avenir de cette note, Ôter ou pas les noms, liens et images, je détaillerai ma décision sur mon blogue, ici.
La réaction de la direction… voilà une chose dont j’ai un peu peur. J’en parlerai aussi dans mon commentaire (cliquez sur le lien en haut, c’est une ancre qui vous ammènera directement dessus le commentaire).
Comment je me serais senti sans ça? Si la réponse avait été «bien», la question n’aurait jamais eu lieu d’être, et pourtant elle est pertinente. En fait je me serais sentirais rageux, j’imagine. J’ai dénoncé la chose sur mon réseau Facebook personnel et ça n’a pas suscité grand chose; c’est clair que note sur mon blogue ou pas, j’aurais porté plainte à mon directeur, qui est efficace dans ces cas, mais je n’aurais pas vu concrètement la satisfaisante justice; finalement, ce matin j’en ai parlé irl à mes amis et, comme sur Facebook, ils s’en sont bien foutu. Peut-être faut-il des adultes, ayant vécu une autre réalité à notre âge, pour s’indigner ainsi? Quoi qu’il en soit, là je vois la justice sociale aller, le buz (qui m’a surpris) que ça a fait. Et juste de voir ça, ça me libère.
Marielle explique bien une chose : les interventions faites contre ce genre d’attaques sont faites contre l’intimidateur, pas contre l’intimidation. C’est beaucoup plus simple ainsi, car l’intimidé est laissé en paix, l’autorité a fait son travail et l’intimidateur a sa claque. Mais attention! Y’a des fois où les choses sont bien faites, comme ça, à cause d’un mouvement social : ceux qui ont vécu la vague anti-intimidation sur les blogues de De Rochebelle il y a 2 ans s’en souviennent. Un gros buz sur la blogosphère, et on a fait éclore des dossiers au Le Soleil, à La Presse et à la télévision! Et puis après… plus rien, exit l’intimidation dans ce bassin scolaire (2 PEI à l’époque). Je ne dis pas que maintenant en 4 PEI ils n’ont pas d’intimidation à l’école, mais vraiment ce fut un coup magique, qui fit beaucoup de bien à notre micro-société de six fois trente-trois personnes.
Monsieur Dumais 🙂 Les rudiments d’une réaction efficace à la cyberintimidation, je les connais bien et je les applique quelques fois par mois, mais croyez-moi, ça frustre! Vous voulez que je fasse quoi? Que j’en parle à papa maman? Certes, c’est ce que que vos enfants font, mais je peux vous assurer que ni ma mère ni mon père ne pourraient m’aider. Et la direction? Quand c’est grave comme là, oui, mais il y a une limite à respecter, sinon j’ai bien peur que je passerais vite de « constante victime » à « pleurnichard » aux yeux des intervenants… Pour le reste, mon bon ami Guillaume a le paragraphe qu’il fallait, en réponse aux propos de Emmanuelle Néry Newton que vous semblez seconder :
Brillant… un peu comme je l’ai écrit dans ma note, avant que les commentaires «irresponsables» déferlent. Œil pour œil, que vous dites? S’ils m’ont manqué de respect, en quoi leur ai-je manqué de respect? Ils ont été impolis et ont gratuitement attaqué : en ai-je fait autant? Non, je ne crois pas. Vous semblez aimer les liens, je vous conseille, avec tout le respect que je vous dois, la lecture des trois derniers paragraphes de ce lien. Une dernière chose (car je ne compte pas commenter votre questionnement concernant les relations que j’ai), la discussion dont vous parlez, cela fait des années que je ne l’ai pas vue. La dernière fois, j’hésite, c’était peut-être au primaire ou dans Macaroni tout Garni…
Le tiers des jeunes qui intimident se sont faits intimider eux-même. A votre avis, on encourage la riposte, ou on casse le cercle? Intéressant, comme questionnement, mais je ne suis pas habilité à faire ce débat seul, je laisse la communauté le faire.