Je suis spectateur (épisodique, mais attentif) des expériences que mènent Pierre Côté par l’entremise de Realtime Réalité. Hier soir, au moment où j’ai pris la parole, brièvement, après que nous ayons reçu le Grand Prix Boomerang du volet Sites Internet, je demandais aux gens présents de contribuer à faire en sorte que les écoles soient davantage des lieux où on sort des sentiers battus. «Think out of the box»!
Je ne reviendrai pas sur le sujet du conformisme dans les écoles dans ce billet, mais je réalise ce soir que j’ai manqué une belle occasion hier de dire à Pierre Côté qu’il lui fallait garder le moral à travers ses tentatives, si maladroites soient-elles, d’informer, de divertir, de provoquer, de toucher, de partager, d’enseigner et de réfléchir.
Aujourd’hui, j’ai lu avec intérêt son billet où il revient sur sa soirée d’hier, «Le billet qui tue!». À travers différents feedbacks reçus des gens qu’il a rencontrés, il réalise que son travail l’amènerait à se retrouver sur «la blacklist de l’industrie»:
«Hier soir, j’ai eu le privilège de discuter avec certains collègues qui ne voudraient sûrement pas être cité [sic] ici. Je respecte cela et je les comprends très bien. Selon eux, je serais maintenant sur la blacklist de l’industrie. Je serais devenu une sorte de malade mentale, un « loose canon« ,un gars avec qui l’on a peur de travailler. Triste d’entendre cela en 2009 au Québec. Dommage aussi. Dommage pour eux, dommage pour tous ceux qui ont peur de moi. Vous ne devriez pas.»
Comme je le mentionne dans cette conversation vidéo sur le Web en temps réel en compagnie de mon copain Christophe, «Il y a beaucoup de controverses autour de son expérience parce que c’est inusité. (…) Il y a un espèce de côté voyeur dans tout cela. (…) Les gens avec qui il communique vivent une sorte de trouille. (…) Ça reste une expérience intéressante.»
Tout ça pour dire que c’est marginal. Au moment où j’écris ce billet, Sylvain Carle (un autre «vieux pro» du Web) gazouille justement sur la marginalité, citant un des bons films du regretté Gilles Carle:
«La marginalité m’intéresse, parce que c’est une manière plus vivante de vivre»
J’écris ce billet en sachant très bien que Pierre ne se trompe pas dans ce qu’il ressent. Du rejet, il y en a face à ce qu’il tente de faire. Ça ne veut pas dire pour autant que c’est partagé par tous. Ça ne veut pas dire qu’il doit faire fie des perceptions de certains internautes qui ont droit à leur opinion. Même si ce qu’il fait me dérange, personnellement, j’aurais voulu lui dire qu’il doit persévérer, s’ajuster, peut-être, mais continuer dans le sens qu’il l’entend.
J’ai déjà lu quelque part qu’on peut souvent jauger la maturité d’un groupe à la façon dont elle traite ses minorités. À l’école, j’ai constaté à plusieurs reprises qu’on apprend vite qu’il est préférable de rentrer dans les rangs pour trouver sa place au soleil. Si Pierre Côté a toutes les allures «d’un minoritaire» dans sa façon «d’inventer» «des transformations profondes et structurelles» de la «nouvelle culture médiatique», je me questionne sur le message qu’on lui renvoie en l’ostracisant à ce point.
Pierre serait fragile, voire dépressif?
Raison de plus de le laisser tranquille si on n’est pas d’accord avec ses manières, à moins qu’il ne contrevienne à quelque chose de vraiment important, une loi, un principe immuable ou un autre de ces dogmes qui composent les fondements de notre société; et encore…
Je ne suis pas certain de vouloir trop encourager Pierre dans «ses idées de fou», qu’on se comprenne bien. Mais à la lumière de ce que j’entends, de ce que j’ai lu chez Pierre, je me dis qu’il y a une limite à ne pas franchir, celle d’isoler un individu original qui a quand même un passé teinté de certaines réussites dans ce beau monde du Web.
Je fais le pari qu’en cette période de grandes turbulences, il y a de la place pour toutes les couleurs. D’ailleurs, si j’ai bien compris, M. Côté n’est pas fermé aux opinions des autres. Je ne partage pas son avis sur «le traditionnel [qui] doit s’écrouler», mais je suis d’avis que les résistances épidermiques doivent être adressées civilement, avec une certaine attention aux personnes qui portent le changement, si cassant qu’il soit.
À une prochaine Pierre.
Tags: "...à ce qui me choque" "La vie la vie en société"
Le personnage se met en scène et le public n’est pas tendre.
Il y a une expression pleine de saveur ici, « faire un fou de soi ». Si je l’ai bien comprise, elle s’applique présentement. Les délires de persécution et de complot n’aident pas vraiment, et s’auto- entretiennent.
De ce que j’ai pu juger à suivre le personnage pendant quelques jours (twitter, blogue), avant de m’en fatiguer tant il peut être envahissant et sonore, il y a quelque chose qu’il ne maîtrise pas, c’est le marketing personnel. Qu’il soit un original, nul n’en doute. Qu’il s’étonne d’être perçu comme un « loose canon » démontre cependant un incroyable degré de naïveté.
Je crois que Pierre Côté se trompe quand il attribut un lien entre la réaction de la majorité à son égard et le fait qu’il soit marginal.
Il existe des techniques pour faire en sorte de rendre quelque chose de marginal comme étant «cool», et je crois qu’il n’a simplement pas suivi cette formule (peut-être est-ce seulement circonstentiel). Conséquence : une grande partie de son public potentiel est simplement neutre à son égard. Évidemment, rien n’est une finalité en soi – mais pour l’instant, il n’y a pas encore de fanclub, mais le hateclub (fidèle à lui-même) est toujours premier.
Personnellement, j’ai assez côtoyé Pierre Côté pour considérer que son complexe de persécution et son obsession de se voir comme un artiste très original et incompris ne sont que des symptômes d’un mal d’être et d’un incapacité profonde à fonctionner avec les autres; ce n’est absolument pas de l’originalité. Si se mettre en scène en cafouillant à qui mieux mieux pour faire plaindre son pauvre petit moi est original, il faudra encenser tous les solitaires craqués qui se sont affichés sur YouTube, ou, auparavant, sur les chaînes de télé communautaires.
Côté est profondément ennuyant, redondant et ne parle jamais de choses qui ne soient pas déjà dans les médias traditionnels. Il ne sait pas faire de l’enquête et n’arrive jamais à ne pas parler de lui… Pire, souvent il est en pur mode séduction lorsque, par exemple, aborde une jeune femme pour faire «un reportage» sur elle.
Il a beau critquer les «majors», il ne rêve que d’avoir un contrat mainstrean avec un Cossette ou un Sid Lee, mais quand on ne lui rend pas l’attention qu’il donne, il devient hargneux… Récemment, après avoir abondamment critiqué les médias traditionnels, il bavait comme un petit chien devant le fait d’avoir pu parler à Pierre Karl Péladeau en privé… Non, faudrait pas charrier en voyant en lui un révolutionnaire du Web, c’est juste un paumé qui distille son fiel personnel au travers d’une plateforme qu’il ne maîtrise finalement que très peu…
Je ne sais pas ce que t’as fait Pierre pour que tu le pourfendes ainsi en public, mais le moins que l’on puisse dire, c’est que vous vous ressemblez au moins sur un point: vous ne camouflez pas vos sentiments.
Ceci dit, sans juger l’homme que je ne connais pas, je ressens aussi une bonne dose de narcissisme dans le travail de « Realtime Réalité » qu’il nous propose depuis quelques semaines. J’ai visité quelques séances et les ai quitté au bout de quelques minutes pendant lesquelles tout semblait tourner autour de lui et de son médium, à l’exclusion de tout message vraiment intéressant ou inspirant pour moi.
Ceci étant, Pierre a le don d’explorer les nouveaux médiums. J’ai eu l’occasion de l’interviewer en 1998, alors que l’aventure Cyberblack se terminait de façon abrupte et obscure. Il s’agissait d’une grande innovation formelle dans le petit monde de la pub/marketing. Même si un certain malaise transpire de « Realtime Réalité », je ne peux m’empêcher d’y voir également quelque chose de novateur et d’inspirant au plan formel.
Alors, qui est donc Pierre Côté? Un artiste visionnaire, imbuvable et maudit? Même si c’était le cas, l’histoire en a produit bien d’autres et les milieux professionnels auxquels il est associé devraient peut-être canaliser son énergie au lieu de la laisser se disperser ainsi dans le néant.
Question subsidiaire: constituons-nous une société et une industrie mature et organisée ou bien une collection d’individus tentant simplement de survivre dans un monde qu’ils ne maitrisent pas?
Je viens de lire vos textes…
Bravo.
clap clap clap
et re-clap pour celui de Marc Desjardins.
I N C R O Y A B L E…
« …Non, faudrait pas charrier en voyant en lui un révolutionnaire du Web, c’est juste un paumé qui distille son fiel personnel au travers d’une plateforme qu’il ne maîtrise finalement que très peu… »
!!! PKOI CONTINUER À VIVRE ALORS ?
Lorsque j’étais jeune directeur adjoint dans un pensionnat de garçons, j’étais intrigué par la réaction d’un jeune homme qui avait le don de picosser les autres. Souvent, au point fort d’une dispute verbale, j’arrivais et me voyant arriver, il semblait encouragé par ma présence et commençait à frapper celui avec qui il était en train de se disputer.
J’avais la chance de pouvoir compter sur un guide, un psychothérapeute retraité qui nous donnait du temps pour mieux agir avec les jeunes qui nous posaient problème. Je me souviens de lui avoir posé la question «pourquoi ma présence semble précipiter ses gestes de violence au lieu de les atténuer»?
Il m’avait fait comprendre que le jeune homme avait confiance en moi, en tant qu’éducateur. Il m’avait dit qu’il fallait faire l’hypothèse que si le jeune ne me voyait pas dans les parages, il ne «sauterait» pas sur celui avec qui il s’obstine. «Il le fait parce qu’il sait que tu vas intervenir…»
Tout ceci pour dire M. Pierre que les gens qui sont intervenus ici ont confiance en vous, en votre capacité de prendre leurs critiques, si déraisonnables peuvent-elles vous paraître. Tout comme Christian, j’ai été étonné de lire les propos de Marc et je vous invite à ne pas «focuser» que sur son propos. Il y a dans ces témoignages plusieurs mots d’encouragement aussi, non?
Je crois sincèrement que même le plus sévère d’entre nous a confiance dans votre capacité de «prendre» cette critique publique.
Bon courage et on en reparle si vous voulez.
Vraiment Pierre, «PKOI CONTINUER À VIVRE ALORS?»… Si c’est pas du mélodrame, je ne sais pas ce que c’est. Un créateur s’expose à la critique. Personnellement, j’ai eu mon lot, tout autant que j’ai eu mes fans. Ça fait partie de la game. S’il avait fallu que je menaçe la presse québécoise de ma mort chaque fois qu’on me plantait… je n’aurais pas fait long feu et j’aurais mérité qu’on se moque de moi… Je me souviens encore des critiques incendiaires de journalistes pourtant amis sur mon one man show (pourtant porté aux nues par Georges Hébert-Germain et Chantal Jolis)… Et de Sylvain Cormier qui avait dit qu’il fallait qu’on m’abatte pour sauver la culture québécoise en parlant de l’album de Bigras… Pourtant, on se serre encore la main… C’est la vie…
T’as fait plein d’affaires cool dans ta carrière mais, depuis quelques temps, je ne te suis plus… tu barbouilles, tu improvises, tu joues les persécutés mais je ne vois pas d’actions concertées, réellement nouvelles ou créatrices. Évidemment, c’est mon point de vue… Si tu y crois vraiment, tu continueras ce que tu fais… Mais il faudra que t’acceptes que des gens détestent ce que tu fais et, tu le sais, tu n’auras jamais de moi que la stricte franchise. Autant dans les compliments que dans les critiques. Je fais carrière comme ça depuis 35 ans et ça semble marcher.
Si t’es pas capable de prendre la critique, t’es vraiment pas à la bonne place. Trouve-toi un boulot un peu plus safe, avec une structure qui te protège et où tu ne t’exposes pas.
Un véritable novateur ose même quand on lui dit qu’il a tort… et surtout, il ne le fait pas pour lui ou pour se mettre en valeur mais parce qu’il croit, en toute objectivité, à son combat… Sinon, il cède à ce que mon ami feu Pierre Vallières appelait à si juste titre: «La démagogie du consensus.»
Marc
Je comprends rien à ce gars. J’arrive tout juste dans l’univers du Web avec ma Startup (qui est même pas encore en ligne) et j’entend turluter un Pierre Côté sur Twitter qui dit : « Je suis extrêmement blessé et j’ai mal. Je me fais tirer des roches pour ce que je suis/fais, hostie que ça fait mal. Vive la démocratie 🙁 »
Je me dis, c’est un showman, c’est juste pour faire de la mousse. Alors, j’écoute son « émission intergenre patente » pour découvrir qu’il parle en 320×240 avec un autre gars de son manque d’argent, de combien il aurait aimé que son projet fonctionne, et de pourquoi le Québec est pas prêt à accepter son concept. Je ne connais pas Pierre Côté, je l’ai simplement croisé dans un tchatte d’une interview sur USTREAM durant le Webcom09, et déjà à ce moment je le trouvais louche. Je ne peux m’imaginer faire la même chose que lui avec ma Startup, me semble que la sauce à pognerais pas et que même ma mère me dirait de « Slaquer ».
Mais, il semble que cet homme soit une personnalité connue du web, je lui souhaite du succès et que le concept « Realtime Réalité » puissent évoluer au point de devenir sa première source de revenus.
Guillaume
Un peu exagéré quand même, non tout ça!
Pierre Côté, tu sais, derrière chaque critique il y a du vrai et du faux. En résumé il y a ce que tu veux bien qui y soit et tu t’en sers de la façon que tu veux.
Tu pourrais t’en servir comme un levier. Tu pourrais tout prendre les roches que tu reçois et construire à nouveau. Tu pourrais te servir de cette ébauche qui est tienne et la faire tendre vers une maturité.
Écoute Pierre, il ne faut pas se leurrer, ce que tu as fait avec ton show est un peu bordélique. Mais si tu écoutes bien, tu entendras les mêmes propos chez beaucoup de gens. Tous sont d’accord pour dire qu’au-delà de l’enrobage, il y a quelque chose à faire avec cette matière brute que tu mis devant nos yeux en la polissant en live.
Tu le ne vois pas, mais ce que tu as mis en oeuvre fait des petits dans beaucoup de tête et d’esprit. Même moi qui est de nature plus écrite que vidéo, j’ai eu un flash génial. Si je décide de lui donner vie, je vais me préparer, me structurer et articuler ce projet. Je dis cela, car je crois que c’est ce que tu devrais faire, soit retourner à la planche à dessin, structurer ton approche de ce qu’est ton show.
Enlève le brouillon de la chose et le reste va suivre.
Sers-toi de ce qui se passe actuellement pour t’en servir de manière positive et surtout, pour en sortir gagnant. Fais-nous du grand art et sers-toi de cette expérience, des roches qui te sont lancées pour faire un AVANT et un APRÈS. Voilà le grand pouvoir que tu as dans les mains, soit celui de te relevé et nous pondre un APRÈS.
Bien sur que tu t’es tiré dans le pied et que certaines personnes ne seront pas trop chaudes (pour le moment) à collaborer avec toi, mais comme toute blessure, ça cicatrise… Laisse le temps faire son oeuvre…
En résumé, comme tout le monde, tu as tout dans les mains pour réussir ta vie. À toi de jouer la pièce de ta vie comme tu l’entends.
Faire ce genre d’émission en direct est difficile. Il faut tester. Mais on ne peut pas tester sans être en direct. Cela est évident. Vous faites tous partie d’un test que le spectacle évolue. Vous devez comprendre la production d’être en direct avant de les critiquer. Work out the kinks. Godspeed.
moi, ce cher pierre, je le trouvais bien sympathique. je l’ai même défendu sur un autre blogue. même si je trouvais son nom de show, realtimeréalité faible, même si je trouvais le show faible…
mais avec le temps, quand on tente d’aider le gars, de le critiquer de manière positive et constructive, pis qu’à la fin, il fait qu’à sa tête, nous envoie promener et entretient ce personnage (ou pas) de gars dépressif, limite ado attardé, qui veut consacrer sa vie au projet qu’il vient de mettre sur pieds et qui pense qu’il est trop d’avant-garde pour les autres et qui menace de se suicider sur twitter…
ya un moment où on décroche. l’enfer est pavé de bonnes intentions, pierre. l’attention de autres, ça s’obtient pas de force.