Depuis hier soir, circule sur Twitter un appel à contribution du Réseau d’Information sur la Réussite Éducative (RIRE), voulant répertorier les commissions scolaires du Québec où Facebook est bloqué dans les écoles. Un document public permet à un intervenant de contribuer, s’il possède un renseignement sur ce sujet, bien entendu.
J’ai déjà traité (1, 2, par exemple) de ce sujet et je continue de croire qu’on fait fausse route en agissant ainsi (d’autres écrivent sur le sujet, également). Dans certains milieux, la réflexion me paraît être bien amorcée et dans d’autres, la position semble se durcir. Comment interpréter ce message de la commission scolaire des Samares publié dans son bulletin du service des ressources humaines (.pdf) du 18 mars dernier qui fait état de «mesures disciplinaires» liés aux «échanges sur des sites Internet, notamment Facebook, Twitter…»?
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J’invite chaque internaute qui peut apporter sa contribution à documenter la situation de sa c.s. par l’outil en ligne du RIRE. Quant au message de la CS des Samares, si on ne peut qu’être d’accord avec la protection des renseignements personnels sur Internet, je suis perplexe face aux intentions réelles qui se cachent derrière ce message, surtout quand je constate que le blogue, la page Facebook et le compte Twitter d’un enseignant du secondaire de cette CS semblent avoir été fermés. Quelqu’un a des renseignements sur ce sujet? Dans un courriel que je recevais de ce prof, il me parlait de «chasse au Charles»… Malgré ce que je pense de l’anonymat, j’espère qu’il ne lui est rien arrivé de grave; ses propos ne me paraissaient pas devoir commander une vendetta contre lui.
Mise à jour du lendemain: Pendant que la démarche du RIRE va rondement (on peut consulter la façon de faire de seize des C.S. du Québec), j’ai reçu un courriel de «Charles Samares» dont je parlais plus haut. S’il a fermé par lui-même ses comptes Twitter et Facebook, on peut affirmer «qu’il a jeté l’éponge» surtout parce que son «hébergeur a décidé de suspendre son espace Web», cet hébergeur ayant, semble-t-il, subi des pressions. Ne voulant pas «créer de conflit avec la CS en question», c’est donc l’hébergeur qui a forcé la mise en veilleuse de l’expérience de publication Web de celui dont on cherchait les traces hier. Je reproduis (avec sa permission) sous l’hyperlien plus bas quelques passages de son courriel reçu ce matin signé «Charles S.
Chine-en-Québec»…
Mise à jour du 29 mars: Un billet sur Branchez-vous reprend une portion de ce qui est dit ici et ajoute d’autres points de vue, «L’éducation par la censure».
Mise à jour du 6 février 2011: Nadia Seraiocco anime une chronique à l’émission de Mario Dumont (V-télé). Le 2 février dernier, elle portait sur le sujet des amitiés Facebook profs-élèves, à savoir si on «devait les tolérer?» On peut visionner le segment sur le site de l’émission «Dumont» et en lire davantage sur son blogue, «Les médias sociaux à l’école : interdire ou éduquer?».
«Je suis heureux de constater que la disparition de mon «incarnation ouèb» n’est pas passée inaperçue… Tout comme je suis heureux de voir que vous avez certes quelques contacts et que vous avez pu mettre la main sur
les menaces voiléesle message d’avertissement que le personnel d’une commission scolaire a reçu.J’ai bel et bien décidé de jeter l’éponge (…) un haut placé a contacté mon hébergeur pour l’informer que mon site représentait peut-être une source de conflit avec celui de sa commission scolaire.
Il est vrai que le choix du nom de domaine pouvait s’avérer audacieux à la base. Par contre, l’objectif de mon blogue n’était pas de dénoncer ou de m’en prendre à une commission scolaire précise (comme je l’ai toujours affirmé, et ce, dès le départ). Je désirais plutôt sensibiliser les gens à des situations et remettre en question certaines pratiques du milieu éducatif québécois, qui, selon moi, met en ce moment en péril l’avenir de nos jeunes. De plus, avouez que de ne pas s’approprier un nom de domaine si près du nôtre (surtout lorsque 2 consonnes identiques se suivent) est inconcevable de nos jours… et l’occasion était trop belle surtout que le .com n’était pas disponible. (…)
J’avais l’intention de déménager mon blogue, mais j’ai finalement changé d’idée suite à l’avertissement que vous avez affiché dans votre billet, mais également à cause de quelques situations «démocratiques» dont j’ai eu vent, mises à part celles dont j’ai traité dans certains de mes billets… Ce ne sont que des «rumeurs», mais il m’apparaît difficile de croire qu’elles sont toutes fausses…
Tout d’abord, je sais depuis quelques mois que mon employeur épie les endroits virtuels que nous visitons de notre lieu de travail. Il ne manque que l’enregistreur de frappe.
Ensuite, j’ai su que certains employés avaient été rencontrés par des cadres pour des propos qu’ils auraient tenus sur Facebook ou Twitter (certains effectivement discutables, mais d’autres aussi bêtes que le fait de chialer contre des décisions météorologiques…). Paie-t-on réellement quelqu’un pour faire le suivi des pages Facebook des employés?!?
Si on peut mériter un blâme pour un simple commentaire (pas nécessairement sur le Web) remettant en doute notre profession ou des pratiques dans certains établissements, aller de l’avant avec mon projet aurait pu me mener vers quoi? Une mise en demeure? Une suspension? Un congédiement? Des poursuites judiciaires? Difficile d’en juger… mais facile d’en imaginer les répercussions sur les gens près de moi!
À cela s’ajoute le fait que des noms d’enseignants de diverses écoles étaient associés à Charles Samares, sans que l’on m’identifie sans faire fausse route…
Pourquoi?
Tout simplement parce que la plume de Charles Samares n’est pas alimentée par les idées d’une seule personne même si l’on souhaiterait faire un rapprochement avec une seule. Mes billets mettent de l’avant des situations vécues sur une période de 10 ans par différentes personnes et non pas uniquement dans l’immédiat et par une seule personne. Vous pouvez ne pas partager mes opinions… car elles ne sont pas nécessairement toutes miennes!
Je ne voulais pas mettre ces gens dans l’eau chaude inutilement alors qu’elles n’ont absolument rien à voir avec toute cette aventure… si ce n’est que d’avoir servi de sources d’inspiration!
On aurait sans problème pu m’envoyer un courriel pour me demander de retirer certains billets plus engagés si leur contenu n’était pas permis (ou imprécis). Cela n’a jamais été fait. Je l’aurais fait, car mon objectif n’était assurément pas d’aller à l’encontre de ce qui est prescrit par la loi. Mais on semble préférer opter pour faire taire tout propos qui vont aux antipodes de la «République»!
Le devoir de réserve (ou loyauté envers l’employeur) que nous devons conserver prend une ampleur importante malgré le fait qu’il peut être interprété de diverses manières. Ainsi, on semble vouloir nous bâillonner dans celui-ci afin d’éviter toute remise en question des pratiques éducatives dans notre milieu de travail. De toute façon, pourquoi des enseignants sauraient-ils ce qui peut être le plus efficace pour eux et leurs élèves?
J’aime parler de la censure en Chine avec mes élèves. Dans le fond, pourquoi puiser un exemple international alors qu’il y en a à portée de main?
Je n’abandonne pas avec amertume…
L’aventure Charles Samares m’aura servi d’exutoire en m’épargnant en quelque sorte de l’épuisement professionnel dans une période difficile de ma vie professionnelle alors que je voyais des collègues quitter le métier pour diverses raisons… Remettre en question certaines choses peut parfois aider à aller de l’avant…
Cela m’aura permis de remarquer que certains parents sont quelquefois aussi désemparés que nous alors que j’ai reçu une cinquantaine de courriels de parents qui me demandaient conseils, me racontaient des événements que je réinvestissais dans mes billets… Je suis heureux de leur avoir servi d’intermédiaire…
Mon objectif était de faire réfléchir les gens… tant mieux si je l’ai atteint totalement, en partie ou un peu!
Je suis triste cependant de constater que, au lieu de revoir leur façon d’intégrer les nouvelles technologies dans certains milieux, on en durcit son accessibilité!
Je m’aperçois aussi que le choix de bloguer anonymement était justifié… malgré ce que vous en pensez, M. Asselin! Je n’aurais pu écrire si longtemps sous une véritable identité… il en est certain!
Toute cette histoire connaîtra-t-elle des suites? Pour l’instant, je l’ignore. Si tel est le cas, ne craignez rien, je vous en informerai.
Pour ma part, je planche déjà sur un autre projet (en lien avec le métier) qui devrait prendre une tout autre forme et, j’espère, voir le jour!
Je continuerai également de vous lire avec plaisir et de lire tous ceux qui, eux, ont la chance de vivre dans une société démocratique…»
Tags: "Administration scolaire" "La vie la vie en société" Pédagogie et nouvelles technologies
Charles S. – Chine-en-Québec
C’est inquiétant cette position adoptée par la commission scolaire des Samares. Ce n’est pas tant dans la légalité de la chose, notamment l’importance d’informer les gens de la loi, mais dans l’attitude et la manière d’agir. Je me demande bien comment c’est interprété par le personnel, les parents et les élèves. La relation entre les acteurs de l’éducation n’est pas un facteur négligeable dans la réussite scolaire.
Merci de diffuser l’information. Le RIRE, c’est d’abord un réseau.
Charles Samares aurait fermé son blogue ??? Diable, ça va pas ben ….
Je suis choqué par ce qui arrive à Charles Samares… quelqu’un est-il en mesure de le contacter dans la vraie vie pour obtenir plus de détails?
Hoho… Un whois sur le domaine de Charles (csamares.qc.ca dans http://whois.cira.ca/public) nous donne des serveurs de noms basés sur « *.sitesuspendu.com », un serveur bidon qu’on a indiqué pour ne pas que le site pointe correctement. Alors la question c’est de savoir si Charles est responsable de son départ brusque, ou si c’est autre chose… Quelqu’un peut-il le contacter pour faire la lumière?
Je lui ai fait parvenir un courriel à l’adresse que j’avais Félix, mais je n’ai pas obtenu de réponse. Comme c’est une adresse avec le domaine «csamares.qc.ca», j’ai bien peur qu’elle ne soit plus valide.
On m’a raconté que le secrétaire général de la commission scolaire avait contacté l’hébergeur de «M. Samares» afin d’obtenir ses coordonnées.
À suivre…
En effet l’adresse n’est plus valide, si c’est du @csamares.qc.ca… À suivre, oui, et j’ai bien hâte… sûrement qu’il lira ta note et t’enverra un mot, j’imagine.
À la lumière des remarques dans le Google doc, il faut féliciter la CS de Montréal de ne pas bloquer ni Facebook, ni Twitter, ni YouTube. Le commentaire vaut d’être souligné :
« Certains sites bloqués par un pare-feu. Nous avons acheté Éducation aux médias que nous diffusons largement dans la commission scolaire afin de sensibiliser les jeunes. http://www.media-awareness.ca/francais/index.cfm Nous avons accès à YouTube, FB, Twitter. (Le service des communications à son canal YouTube, son Twitter et sa page FB, il publie régulièrement.) »
Félicitons également les CS de Laval et Eastern Townships.
Sournois, insidieux: ce sont les mots qui me viennent à l’esprit quand je vois la façon de faire de la censure indirecte: on met de la pression sur un hébergeur qui, lui, met de la pression sur l’hébergé, l’auteur (ou les…)
Officiellement, la personne elle-même ferme son blogue et ses autres présences web. Officieusement, elle ne l’aurait jamais fait sans ces pressions détournées. Triste et désolant, mais aussi scandaleux comme façon de faire. Le pouvoir se protège ainsi.
Officiellement, on est encore en démocratie où tous peuvent s’exprimer. Dans les faits, on musèle des gens qui osent avancer ou parler ou réfléchir, etc.
Attention, le fait de ne pas censurer Facebook ou autres YouTube n’est pas gage d’accessibilité web universelle dans les écoles ou les CS. Il y a d’autres méthodes que je découvre de jour en jour.
Ainsi, il m’était aujourd’hui impossible d’écouter telle émission de radio tout à l’heure, dont le contenu est loin d’être une « menace pour la sécurité » – raison invoquée dans le filtre 🙁
Je constate depuis quelque temps (semaines), divers essais au gré des vents et de la météo des sé(r)vices informatiques, météo variable et imprévisible qui nous oblige parfois à faire des entourloupettes dans nos préparations de cours. Je n’apprécie guère, je vous jure. Exemple d’entourloupette: télécharger de la maison un fichier .flv (Flash vidéo) qu’on visionne par la suite en classe via VLC, parce que le Player flash est bloqué dans ma CS depuis peu… Etc.
Ce n’est sûrement pas ça, mais on dirait que le message véhiculé est le suivant:
Utilisez les TIC, mais pas trop SVP. LA Sainte-Bande Passante est reine de tout. Limitons les budgets qui y sont consacrés, mais achetons des ordis pareil… Utiliser les suites bureautiques est une fin en soi, point.
Grrrrr !
NOTE DE L’AUTEUR DE CE COMMENTAIRE: Je suis prêt à nuancer ce jugement émotif si on daigne me donner les preuves que ce que j’avance est faux… ;-/
@FélixGG Il est bien difficile de savoir qui est Charles, et c’est pas parce que j’ai pas essayé, même avant les récents événements.
Le problème, maintenant, est justement qu’on ne pourrait le joindre dans la vraie vie, comme tu dis, puisqu’on ne sait pas de qui il s’agit… Voilà donc une raison de plus d’adopter la vision de M. Asselin, concernant l’anonymat sur le web.
Je ne peux m’empêcher de compatir, d’une part, à ce qui arrive à M. Charles, mais aussi de déplorer la démonstration évidente du pouvoir de la peur. Même sous le couvert de l’anonymat, ce blogueur l’a senti, pour lui et pour les siens, et il s’est alors soumis à la demande de sa CS.
Je connais bien cette peur. Ceux qui me suivent sur le web savent bien que l’intimidation a déjà roté autour de moi…
La dernière fois, c’est suite à ce billet :
http://j.mp/F6xka quant à moi beaucoup plus direct que les propos de M. Charles.
Une mise en demeure de la Cs a suivi, m’enjoignant de le retirer.
Over my dead body.
J’ai la chance de me permettre cette liberté, puisque je pratique en privé, sans attaches à une Commission Scolaire. J’apprécie chaque jour la liberté que me donne cette situation.
Loin de moi l’idée de vouloir diffamer, dénigrer ou quoi que ce soit dans le genre. Mais quand une situation doit être dénoncée, pour l’avancement d’une cause, on ne devrait pas devoir reculer devant la peur des représailles.
Bon, je sais. C’est mon côté Jeanne d’Arc qui s’exprime. Et on ne peut tous être aussi téméraires. Cependant, derrière chaque pas vers la démocratie, dans toutes les luttes de société,il y a toujours quelques personnes qui ont osé se tenir debout.
Et qui ont été appuyées.
Je me permets donc de suggérer à M. Charles de maintenir sa présence sur le web.
Y a pas que de l’école qu’on peut (ou ne peut pas s’exprimer).
Ses propos, même si je ne les partage pas toujours, suscitaient la réflexion, et comme le dit si bien Leonard Cohen, « There is a crack, a crack in everything. That’s how the light gets in. »
Je peux aussi le rassurer, comme d’autres l’on fait pour moi quand c’était mon tour.
Les réseaux sociaux représentent une force en soi. Qu’il faut estimer à sa juste valeur.
C’est le début d’un temps nouveau.
Dans le moment, même si moi aussi j’encourage Charles à rester debout (un serveur personnel, c’est abordable…), je me questionne avant tout sur la survie de ses données… est-ce que ton hébergeur t’a envoyé une archive ou bien on doit se garrocher sur http://74.125.113.132/search?q=cache:http://www.csamares.qc.ca avant qu’il ne soit trop tard? J’imagine qu’il ne pourrait pas, de toute manière, te refuser ça.
Considérant un possible retour sur le Web avec une autre adresse ou simplement un peu de nostalgie quand tu vas relire ça dans quelques années, je crois qu’un backup de tes textes serait approprié, voire nécessaire…
Puissions-nous nous inspirer de Voltaire, quand il a dit « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’au bout pour que vous puissiez le dire. »
Dans les limites des balises qui régissent le respect et la vérité, personne ne devrait être muselé dans une société civilisée et démocratique.
Les résistances observées chez les individus ou organismes qui tentent d’imposer une loi contraire sont la conséquence de leur peur que la vérité se fasse connaître au grand jour.
Je souhaite, comme bien d’autres sûrement, que Charles continue de partager avec nous sur wordpress, ou sur Twitter, par exemple.