Il le faut, bien entendu. Un sujet aussi jeune que celui de l’utilisation des médias sociaux doit faire l’objet de débats et de critiques.
Dimanche, chez Michel Lacombe à «Ouvert le samedi», je me suis invité à la ligne ouverte (à partir de 32:40 jusqu’à 35:17) où participaient Jérôme Lussier, Nathalie Collard et Éric Bédard. Ce soir, je participais avec Pierre Fraser à l’enregistrement de l’émission Tout le monde s’en fout, tournée à Québec et animée par Matthieu Dugal. J’ai déjà traité ici du contexte de production de ce rendez-vous du dimanche soir à 20h…
Dans les deux cas, le sujet traitait des usages des médias sociaux. D’entrée de jeu ce soir, Matthieu affirmait s’être en quelque sorte fait «scooper» par les événements des derniers jours; je peux témoigner du fait que le sujet était au programme depuis quelques semaines déjà…
Je rassemble donc sous l’hyperlien plus bas quelques notes qui m’ont été bien utiles dans le contexte de ces deux interventions.
Mise à jour du 26 avril: L’émission a été diffusée hier soir. Elle est en ligne depuis ce matin…
TLMSF – épisode 11 de iXmédia sur Vimeo.
L’autocritique de la part de ceux qui font beaucoup usage des médias sociaux est probablement ce qui fait le plus défaut. Il y a effectivement une sorte d’impression qui laisse entendre que les gens qui ne seraient pas des utilisateurs de Twitter, de Facebook ou des blogues passeraient à côté de quelque chose d’important. Si en plus, ils se permettent de critiquer… On les traitent de tous les noms. C’est probablement un piège qui nous guette, tous.
Si on doit apprendre à échanger des points de vue divergents sans toujours polariser (les bons d’un côté et les incultes de l’autre), il faut admettre que de l’extérieur, c’est plus difficile de chercher le signal en diminuant le bruit dans cet écosystème de l’abondance qui n’est pas nécessairement en corrélation avec le sens. Se centrer sur les usages plutôt que sur les dispositifs ou les technologies, c’est l’essentiel. Les gens peuvent choisir de ne pas y être (sur les médias sociaux) et demeurer intelligents certes, mais ils doivent éviter de porter des jugements externes sur ce qui est accessoire. Que dirait-on d’une personne qui affirmerait «je ne connais rien au hockey, je sais que tout le monde capote là-dessus, mais je persiste à croire que les coachs sont tous des insignifiants qui manquent de goût parce qu’ils ne savent pas choisir leurs cravates… ça m’en dit long sur l’intérêt que je devrais porter à cet univers!»? (Bon, faudra probablement que je retravaille cette métaphore…)
Quelques idées en rafale:
- L’un des travers des médias sociaux tourne autour du fait que l’autopromotion et l’information y sont pêle-mêle
- C’est la capacité et la facilité de produire du contenu qui me fascine le plus au contact des médias sociaux.
- On n’a pas appris les vertus des délais. On souffre beaucoup de ne pas faire apprendre à nos enfants les vertus du temps mis avant de retirer la satisfaction d’une réponse à un besoin ou une envie, tout simplement. Les médias sociaux contribuent à cette frénésie du «trop répondre vite».
- Les usages sur le Web isolent les gens plus qu’ils ne rassemblent. Foutaise… Le Web n’isole pas, mais on peut lui reprocher d’être dangereux pour qui n’est pas capable d’intimité (apprendre à se retenir et laisser-aller dans les bonnes circonstances). Chez une personne… disons… en grand besoin de reconnaissance, le mélange est explosif. La personne se confie à tout vent, oublie qu’elle ne se garde pas des trucs qu’elle ne confiera qu’à ses intimes et devient «publique»… terriblement exposée connue/reconnue de tout le monde, mais parfois intime de personne. Elle ne se sent pas seule, mais il lui faudra admettre peut-être que ce n’est pas possible d’être intime avec autant d’individus, par définition l’intimité étant ce «qui est uniquement privé; qui n’est connu de personne d’autre que celui/celle avec qui on est intime.»
- On ne sais plus ce que c’est «être intime», peut-être. Certaines choses doivent être confiées d’abord à nos intimes puis ensuite, peut-être, à d’autres, mais la facilité de «laisser-aller» plutôt que de «retenir» fait que trop de gens deviennent un peu étourdis par l’euphorie ou le vertige de la reconnaissance parfois éphémère du Web. Si nous ne sommes pas isolés… on peut constater parfois qu’on ne sait juste pas comment composer avec un phénomène comme la perte d’inhibition. Pensons à l’alcool ou à d’autres trucs qui diminuent la gêne naturelle qu’éprouve une grande majorité de personnes… nous sommes attirés par cet état où on se sent plus libre de faire et de dire. Je fais l’hypothèse que sur le Web, le plaisir de ne pas «être interrompu» peut porter quelqu’un à se livrer davantage qu’il ne le souhaiterait, en plusieurs circonstances.
- Sur l’avantage de ne pas être interrompu, il faut voir qu’avec les jeunes sur le Web, ça peut devenir des pièges autant que de belles opportunités de mieux s’exprimer et s’affirmer.
Un projet que j’apprécie sur le Web: Wikipédia.
Un mauvais côté du Web: l’anonymat qui enlève ce qui reste parfois d’inhibition et qui fait que ce qu’on voudrait reprendre plus tard, au moment où le jugement revient, on ne peut plus le reprendre. Sans parler de ce que certains se permettent sur le dos des autres dans une sorte d’impunité relative.
Une lecture que je viens de faire en vue de l’émission et qui m’intrigue: le concept de «dindification» de Pierre Fraser.
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On en fait tout un plat de cette «auto-promotion». Il faudrait mieux définir ce que ça veut dire.
Bien sûr, si c’est du «spam», on est tous contre. Mais réellement, qu’entend-on par ce terme? Je sais que le débat est (temporairement) enlisé dans une chicane verbale entre Petrowski et Blanc: ce serait réducteur de prendre la vision étroite de la première et stigmatiser la seconde.
Je crois que ça a beaucoup à voir avec le «personal branding». Ça fait frissonner certains. Le terme me semble trop coller au marketing pour résonner comme il faut.
(S’auto)diffuser à l’heure des médias sociaux veut dire _se_ diffuser. Diffuser qui on est. Auto-diffuser = auto-promotion? Pas si vite.
Avant de continuer, je répète que le spam est du spam et une l’auto-promotion est du spam, elle est du spam avant d’être de l’auto-promotion.
Venessa Miemis a publié un billet lundi très intéressant: http://emergentbydesign.com/2010/03/20/how-to-spark-a-snowcrash-what-the-web-really-does/
Je cite
This new way of thinking, this ‘network thinking,’ by default requires a network. We can’t learn how to think in the new way alone.
et elle donne les étapes
1. Create a personal ‘trust network’ for yourself first.
(learn what trusting and sharing means on your own)
2. Share yourself.
(to start exploring the depths of personal Identity)
The learning process that takes place during this self-discovery isn’t just a discovery of self, but the discovery of self in relation to others.
3. Rewire your brain ( “two neurons that fire together, wire together ; we each operated as a switch and a filter. »)
Beaucoup de ce qu’elle écrit est basé sur une intuition. Mais cette intuition, on la partage aussi, toi et moi, chacun à notre façon.
Et ce qui se cache sous «l’auto-promotion» est très important. Le terme est mal choisi et porte sa propre condamnation pour les sociétés infectées d’une culpabilité judéo-chrétienne (ou plutôt catholique).
S’auto-diffuser _fait_ partie du processus de cette nouvelle relation humaine qui s’établit sur le net…
Intéressantes distinctions Martin.
Pour moi, le problème n’est pas tellement le concept d’autopromotion ou de «personal branding» autant que celui d’un certain mélange des genres qui confond ceux – nombreux – qui n’ont pas accès aux clés de lecture dans ces espaces numériques.
Le blogueur ne revendique pas d’objectivité. Même quand il rapporte des faits, même quand il a contre-vérifié les informations qu’il publie, il suit sa ligne éditoriale et le lecteur doit savoir qu’elle est sa posture sur les sujets qu’il «couvre». Il n’est pas neutre. Dans nos univers numériques, cette «couverture de l’information» participe au «personal branding».
Même dans un journal comme ceux de GESCA quant on lit une nouvelle sur ce qu’a dit M. Bernier au ROC ou le JdeM quand on rapporte une nouvelle qui touche aux syndicats, on doit considérer le fameux «qui me parle?».
Dans les médias sociaux, celui qui s’exprime a des biais et il me semble que c’est beaucoup plus difficile pour un lecteur de considérer ces biais que dans un média traditionnel. Dans un blogue, on ne met pas souvent clairement à l’avant ces biais. Moi le premier, je suis interpelé sur cette question régulièrement. L’identité numérique de celui qui est actif dans les médias sociaux doit devenir plus accessible pour qu’on connaisse mieux ces biais. De cette façon, on prêtera moins flanc à participer à la «confusion 2.0» et on pourra peut-être devenir des sources d’information plus crédibles.
De cette façon, le signal augmentera et le bruit diminuera d’autant.
Pendant ce temps-là, on s’auto-diffuse («autopromo light» et parfois «autopromo pure»), on se met en marché (chez certains, c’est plus évident que chez d’autres) et on informe. Pas de mal dans ça, bien entendu. Reste qu’il faut développer un peu d’autocritique pour que ces harmoniques de notre communication puissent être repérables clairement et rapidement. L’internaute de passage n’en sera que mieux servi. Ceux qui relayeront le message par la suite sauront mieux situer la perspective de cette communication, j’imagine…
Remplacer « médias sociaux » par « crayon » et vous avez votre réponse.
Pourquoi chercher à faire une critique éclairée de l’utilisation du crayon ?
Le crayon me paraît être différent en ce qu’il ne permet pas de passer d’une communication «one-to-many» à une autre «many-to-many». Du moins, certainement pas à la même vitesse et avec autant d’efficacité.
J’ai créé mon propre blog, et plus avant mon site, dans l’espoir d’échanger avec le monde entier…
Compte tenu du travail supplémentaire généré par ce processus de publication à des fins de partage et d’échange, j’en suis à me demander si le jeu en vaut la chandelle…
Je ne publie pas pour être connu ou reconnu à la mode du « Personal Branding »…
Je pensais naïvement recueillir des avis, échanger des pratiques, et non pas simplement étaler mes réflexions sur la place publique.
C’était pour moi un moyen de veiller à la validité/utilité de mon cheminement professionnel, au service de mes apprenants…
Parmi les trois maximes de ton blogue Mario, j’envisage de ne conserver que la première, « Je partage », tant que les outils dont je dispose (Google essentiellement), me permettent de le faire sans alourdir ma tache.
Pour le reste…
Voilà, il ne s’agit pas d’une critique des médias sociaux, mais du constat d’un utilisateur de ces outils…
Comment ne pas parler d’auto-promotion quand la majorité des textes sont rédigés à la première personne?
Dans un monde de décadence tel que le Québec et l’Occident, pour diffuser une information pertinente dans le but d’ouvrir les consciences et de faire avancer la société, il est impossible de percer le mur des médias décadents qui se prennent pour des journalistes mais qui n’abreuvent le peuple que d’informations insignifiante comme des livres de recettes, des romans d’amour, et les résultats sportifs.
Il est essentiel de faire de l’auto-promotion.
Dans le livre que j’ai lue récemment : « Le dernier Testament de l’Occident », la déchéance de la société causé par la déchéance médiatique, politique et capitaliste est expliqué dans les plus infimes détails et j’ai visité le site web de l’auteur pour mieux comprendre sa démarche.
J’ai contribué financièrement en faisant un don pour qu’il puisse diffuser l’information lui-même, sans payer les journalistes avec « de petites enveloppes ».
Si les journalistes sont peureux, quelqu’un doit diffuser l’information à leurs places.
L’auto-promotion est donc essentiel dans un monde ou le journaliste ne connaît plus la raison de sa vocation!