L’intimidation dans la rue, à la maison, dans une classe – une cour d’école – ou sur Internet doit être dénoncée. Quand les menaces sont publiques et que la personne qui les porte se réfugie derrière l’anonymat (personne n’est vraiment anonyme sur Internet), c’est encore plus dérangeant. Certains événements des derniers jours nous rappellent que beaucoup reste à faire en éducation pour prévenir ce fléau de la quête de pouvoir sur l’autre par la violence.
Fabien Deglise est un des seuls hier à avoir touché au rôle de l’école dans les événements qui entourent l’arrestation d’un jeune homme complètement perdu sur Internet. Dans son article «Cyber-intimidation: les dérives d’un réseau résumées en une arrestation», il évoque le caractère «un peu hors sujet» de son propos, mais je suis de ceux qui croient qu’il faut discuter du rôle de l’éducation dans la prévention de l’intimidation:
«Enfin, avec ces plus de 1000 messages, le jeune Champagne n’a pas fait qu’insulter et menacer une belle brochette de vedettes d’ici et d’ailleurs. Il a également, avec sa maitrise plutôt primale du français pour un jeune homme de son âge, surligné au passage l’échec du système d’éducation par lequel il est passé jusqu’à aujourd’hui, mais également la démission de ses parents en matière d’éducation et d’apprentissage de la vie en société, que cette vie se joue dans une rue, une salle de classe ou un espace numérique de communication.»
On ne sait pas grand-chose de celui qui tenait pignon sur Web avec autant d’agressivité. Le fait qu’il se montrait particulièrement vicieux avec des personnalités connues n’excuse pas le lynchage public pouvant survenir en pareille situation; Laurent Gloaguen est sans équivoque sur cet aspect des choses. Néanmoins, l’attention médiatique posée sur ce cas particulier pourrait servir la cause de la prévention, combiné aux initiatives de la fondation Jasmin Roy qui vise spécifiquement le milieu scolaire.
L’école doit cesser d’avoir le réflexe du «maudit Facebook». C’est en étant plusieurs à être présent et à intervenir dans les espaces numériques qu’on finira par avoir un peu de prise sur ce qui s’y vit. Comme toute grande place publique, si les jeunes sont livrés à eux-mêmes, tout peut arriver… Les pratiques du blocage d’Internet (1, 2 et 3) doivent cesser pour mieux éduquer aux médias sociaux, entre autres…
En attendant, l’information qui doit circuler est celle qui vise à supporter les victimes de façon à briser l’isolement dans lequel elles se trouvent trop souvent. Je me réjouis de l’arrestation de l’adulte @JeffSabres (il sera peut-être mieux pris en charge et surtout, il devrait cesser de pourrir l’existence de plusieurs personnes); elle pourrait contribuer à servir d’exemple à ceux qui souillent les médias sociaux en pensant qu’ils peuvent «servir de défouloir», comme le rappelle judicieusement Dominic Arpin.
Je suis bien davantage impressionné par le courage d’un jeune garçon de 12 ans qui aurait convaincu sa directrice de mettre sur pied une escouade anti-intimidation exclusivement formée d’élèves pour patrouiller les corridors.
Nous aurions bien besoin de patrouilles sur le Web, par moment…
Mise à jour du lendemain: J’apprends d’un copain enseignant que certains élèves du secondaire avaient eux-mêmes vécu des épisodes de harcèlement venant du même internaute (@JeffSabres) et qu’ils se sont exprimés sur Facebook lors de l’annonce de l’arrestation, compte tenu qu’ils n’avaient pas convaincu la police de s’en occuper, et ça, après l’avoir demandé épisodiquement depuis deux ans. Leur «témoignage» donne froid dans le dos en terme de malaise, d’autant plus qu’ils n’ont pas vraiment senti s’être fait prendre au sérieux par les policiers… Ils semblent avoir conservé «les preuves» du harcèlement qu’exerçait @JeffSabres auprès d’eux. Bref, le jeune homme ne s’en prenait pas qu’aux «vedettes».
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« L’école doit cesser d’avoir le réflexe du «maudit Facebook». (…) Comme toute grande place publique, si les jeunes sont livrés à eux-mêmes, tout peut arriver… Les pratiques du blocage d’Internet doivent cesser pour mieux éduquer aux médias sociaux, entre autres… »
Ce constat évoque une période peu glorieuse dans notre histoire récente, celle dite de ‘la grande noirceur’ marquée par les interdictions, la mise à l’index et la prohibition. En faisant le choix d’imposer la grande noirceur numérique, l’École risque gros… (Parlez-en à l’Église…) Mais, c’est bien connu, l’école n’a de leçon à recevoir de personne, même pas de l’histoire!
La solution que vous mettez de l’avant relève de la saine pédagogie : « C’est en étant plusieurs à être présent et à intervenir dans les espaces numériques qu’on finira par avoir un peu de prise sur ce qui s’y vit. [CAR] comme toute grande place publique, si les jeunes sont livrés à eux-mêmes, tout peut arriver… »
INTERVENIR DANS LES ESPACES NUMÉRIQUES, comment est-ce réalisable pour les profs dans un contexte d’interdit?
Ben oui!
Tout à fait d’accord… j’ai fait lire un des articles à mes élèves…et tenté de susciter une discussion autour du thème de l’intimidation. Les élèves n’étaient pas surpris qu’un individu agisse de cette façon…ils l’ont trouvé un peu…twitt??
Le grave problème de l’intimidation semble avoir moins d’emprise sur les élèves de 5e secondaire. Je ne dis pas qu’il y en a pas; il faut continuer d’en parler et d’intervenir, mais ils semblent un peu décalés par rapport à ce sujet…
Ma CS s’évertue à bannir FB alors que les élèves savent tous comment contourner les mesures de contrôle. C’en est même drôle de les voir clavarder tout le diner là-dessus sans aucun problème.
Pourtant. les gamins se servent de FB pour créer des groupes où ils discutent de leurs travaux, de leurs devoirs. Le journal dont je suis responsable utilise FB pour annoncer des réunions, par exemple.
J’ai la plupart des adresses de mes élèves et j’en profite à l’occasion pour réguler certains conflits et leur montrer quoi faire en cas de harcèlement.
Non, nos CS sont à côté de la plaque, comme d’habitude.