La GRICS confirme : le libre fait partie des solutions envisagées pour Édu-groupe

Depuis que j’ai publié ce billet portant sur les démarches d’adoption du projet de loi n°133, le centre d’intérêt s’est déplacé vers la GRICS qui était invitée hier soir en audience publique, juste après le FACIL qui était lui aussi en audition devant la Commission des finances publiques.
Au centre des échanges, toujours cette question de l’ouverture de la Société GRICS aux logiciels libres. Encore cette fois, Marie Malavoy (députée de Taillon et porte-parole de l’opposition officielle en matière d’enseignement supérieur) a donné le ton :

«Je trouve pertinent d’introduire, à ce moment-ci, votre façon de voir le virage logiciels libres pas seulement un objectif parmi d’autres. Vous en parlez un peu. Vous dites: Il faut tirer profit des logiciels libres, mais l’image qui se dégage de votre texte puis, je dirais, aussi de ce que je peux entendre dire sur ce que vous avez comme organisation, c’est que c’est relativement timide comme ouverture aux logiciels libres. Je vais prendre un exemple très précis, j’ai eu le plaisir de discuter un bon moment, il n’y a pas très longtemps, avec la commission scolaire de Laval qui, elle, a fait un virage important concernant les logiciels libres, pas simplement au plan administratif, mais aussi dans toute sa façon de voir l’interface entre l’élève et les enseignants, et donc c’est une révolution d’abord pédagogique avant d’être administrative. Puis j’aimerais que vous me disiez comment vous percevez cela, comme je disais tout à l’heure, non pas comme un objectif dans une liste, mais comme peut-être l’occasion de changer l’ensemble de votre façon de voir pour intégrer ces nouvelles approches dont on nous dit, puis je ne suis pas la plus compétente pour le détailler, mais qu’elles permettent des choses absolument extraordinaires et que de toute façon c’est vers là qu’on s’en va et c’est incontournable. Et est-ce que, donc, la Société GRICS est capable de prendre ce virage et d’avoir cette vision d’ensemble?»

C’est Daniel Besner (Président-directeur général de la GRICS) qui a pris la parole à ce moment des échanges…

«Bien, moi, je suis convaincu qu’on est capable de prendre tous les virages. On est là depuis 25 ans et on a fait plusieurs virages depuis 25 ans. On a assuré une pérennité au niveau des services. Quand vous dites: On a des efforts timides, il faut penser que, moi, je trouve qu’on a investi des sommes importantes pour mettre des ressources qui… Je ne suis un organisme subventionné, hein, je dois rapporter des… des salaires, des montants, des revenus pour les activités que je fais. On s’est investi dans différents projets, au niveau du libre. Est-ce qu’on aurait pu faire plus? Sûrement. Et est-ce qu’on va faire plus? Bien, écoutez, on est rendu à la réinvention de nos applications, on l’a dit dans le discours. Un des premiers qu’on est en train de regarder, c’est la révision de notre portail et du groupe, voir c’est quoi, la vision, et actuellement, bien, on regarde trois solutions libres, on a regardé uPortal, Liferay (suite à l’écoute de la vidéo), on a regardé qu’est-ce qu’il serait possible de faire en Drupal, et on ne met rien de côté, puis on va faire des analyses sérieuses. Nous, notre objectif, c’est vraiment coûts-bénéfices pour les commissions scolaires, et c’est là-dessus qu’on va travailler puis qu’on va regarder les différentes solutions, et on va regarder le potentiel de ces différentes solutions-là. Je dois avouer qu’au dernier… au cours des dernières années, la maturité des logiciels libres, surtout dans certains domaines, M. Pascot en a parlé entre autres au niveau des CMS, c’est assez impressionnant de voir qu’est-ce qui est fait puis le potentiel de ces plateformes-là. Je pense qu’on a… on a fait un virage, mais on peut aller encore plus loin, je suis d’accord avec vous.»

Toute la journée, j’ai reçu des courriels de gens qui avaient pris connaissance des déclarations de M. Besner. J’ai reçu des appels téléphoniques et des messages directs via Twitter. La très grande majorité de cette correspondance allait dans le sens que les jeux étaient déjà faits et que la technologie SharePoint avait déjà été retenue «pour la révision du portail et du groupe». Je me demandais comment concilier la déclaration de M. Besner avec ces échanges et j’avoue qu’en après-midi, il ne me restait en tête que bien peu de solutions pour résoudre le dilemme qui s’offrait à moi. J’ai donc décidé de communiquer directement avec M. Besner ayant déjà eu l’occasion de travailler avec lui dans certains dossiers. Je lui ai fait parvenir un courriel et rapidement, nous avons convenu d’un rendez-vous téléphonique.

Les faits exposés, en ce milieu d’après-midi, Daniel Besner a été sans équivoque : «Tu peux me citer là-dessus Mario, la décision sur la technologie choisie pour notre nouveau portail n’est pas prise. Je maintiens en tout point ce que j’ai dit hier soir à l’Assemblée nationale.»

Mon interprétation est à l’effet que M. Besner prend de plus en plus conscience que la GRICS doit se montrer ouvert à plusieurs possibilités et que le libre est au coeur (encore à ce stade-ci) de ces possibles. Aussi, les gens à la GRICS doivent bien constater que le portail Édu-groupe (appelons-le E.N.T. ou autrement) n’a pas livré ce qu’il devait livrer et autant du côté du Récit qu’ailleurs dans le réseau, d’autres solutions pédagogiques ont été installées sur d’autres serveurs non gérés par la GRICS. Autrement dit, l’occasion est belle (et c’est peut-être la dernière chance de l’approche portail) de proposer une solution qui tiendra la route.

Les événements des derniers jours démontrent que certains politiciens posent de bonnes questions, semblent bien maîtriser leurs dossiers et expriment une volonté de légiférer dans le sens d’une meilleure intégration des possibilités du logiciel libre en éducation.

Des gens de terrain (proche de l’action) se méfient. Les commissions scolaires sont en même temps questionnées.

Au sortir de ma conversation d’aujourd’hui avec Daniel Besner, de ce que j’ai lu et entendu ces derniers jours du journal des débats, je fais confiance à la parole des dirigeants de la GRICS.

Mais je suivrai les événements à venir dans les prochains mois de très près…

N.B. Ce soir, j’ai traité de ce sujet à l’émission «La voix du libre» à la radio communautaire de Québec (CKIA 88,3 FM); il est possible de réécouter l’émission en entier.

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2 Commentaires
  1. Photo du profil de MarcSt-Pierre
    MarcSt-Pierre 11 années Il y a

    Il y a dans le 450, au nord de Montréal, un groupe de commissions scolaires qui travaille au développement d’applications pédagogiques en libre. La CS de Laval fait partie de ce groupe depuis les tout début, avec les CS des Affluents et Seigneurie des Mille-Isles. Plus récemment, les CS Wilfrid Laurier et Rivière-du-Nord se sont jointes au groupe. Les représentants des directions générales et des services des technologies de ces CS se réunissent régulièrement au sein d’un groupe de travail qu’on peut qualifier de groupe de co-développement. Depuis dix ans ce groupe est connu sous l’appellation « Table Fibre et pédagogie ».

  2. Photo du profil de Nicolas
    Nicolas 11 années Il y a

    … actuellement en écoute du podcast de l’émission la voix du libre et je voulais réagir à propos de la GRICS vs Logiciel Libre …
    D’abord un constat: « le marketing »
    Il manque aux Logiciels Libres la machine « marketing » qu’ont les logiciels propriétaires. Des organismes d’une certaine taille (comme la GRICS) sont influencés par cette machine: commandites de conférences, consultants faisant du lobbying, présence dans les études Gartner/Forrester etc …
    Face à cela, les Logiciels Libres doivent « prouver » que la solution technique est viable. Ça commence à se faire ici (c’est déjà beaucoup plus avancé en Europe …), mais ça prend du temps.
    Du lobbying en Logiciel Libre ????
    Tu n’es pas « intégriste » du Logiciel Libre, et moi non plus 😉 J’ai même une bonne connaissance de Sharepoint … , mais je suis sûr qu’il y aurait moyen d’ouvrir le dialogue avec M. Besner et des gens impliquées dans les Logiciels Libres au Québec (SavoirFaireLinux, FACIL , iXmedia etc ..). On pourrait lui montrer les beaux succès que l’on peut avoir avec ces technologies, l’i-n-d-é-p-e-n-d-a-n-c-e qu’elles procurent, et que cela peut-être fait par et pour des gens d’ici . Je n’ai malheureusement pas mes entrées auprès de M. Besner, mais je lance l’idée …
    Le succès vient des « personnes»
    Et puis un dernier aspect qui fait souvent toute la différence entre le succès et l’échec d’un projet : les personnes impliquées . Et je pense que les meilleurs talents (pas dans le sens de Régis ;-), se tournent plutôt vers les Logiciels Libres.
    … Nico …. qui retourne au podcast 😉

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