« Ce qui se conçoit bien s’exprime clairement et les mots pour le dire viennent aisément. » De Nicolas Boileau (ici et là).
Quelques lectures de carnets américains tenus par des enseignants qui utilisent cette stratégie de publication m’amènent à réfléchir sur les conditions à mettre en place pour que les compétences en écriture soient développées au maximum. Notre communauté d’apprentissage innovera par son programme CARRIERE, et par l’utilisation de cyberportfolios qui procureront de nombreuses occasions de publication WEB. Innover c’est aussi être responsable d’un progrès réel. En matière d’apprentissage en écriture, les apprenants « intuitionnent » les progrès qu’ils feront motivés par la valeur intrinsèque des outils technologiques que représentent le iBook, l’internet et le « knowledge forum« . Au delà de ces prévisions, comment s’assurer que nos actions pédagogiques vont provoquer les résultats attendus ?
Poser la question rendrait vulnérable; cela témoignerait d’un manque d’assurance selon certains commentaires entendus. Je ne suis pas de cette opinion. Je crois seulement qu’il n’est pas suffisant de se laisser convaincre des bienfaits potentiels des « outils-leviers » (technologiques et pédagogiques) que nous utiliserons à CARRIERE… De plus, l’éducation n’étant pas souvent une science exacte, il convient de s’interroger et de tenter des réponses !
Je vais chercher des réponses du côté anglophone parce qu’il y a une fréquence d’utilisations des outils de publication WEB beaucoup plus élevée (voir ici entre autres). D’abord, ce billet de Will qui semble animé des mêmes préoccupations que moi. Il me conduit vers la revue électronique de grande qualité, Kairosnews. Ce billet, « Using Weblogs in Teaching: Framing It« , ouvre le sujet de magnifique façon…
Ensuite, qu’en pense Nick Carbone à partir d’un de ces cybercarnets, Teaching Writing in an Online World ?
« For me, the questions are:
1. What role will this new writing play in my larger course goals and purposes ? Will it be the point of the course, or will it support some other learning and/or writing goal?
2. In what ways can these new technologies and forms of writing help my students become better writers overall?
3. In what ways can these new technologies and forms of writing help students discover and think through the ideas they’re asked to explore?
4. To what extent should students be judged on the traditional measures of writing quality (Audience, Purpose, Argument, Clarity, Coherence, Usage, Style, Punctuation, and so on) within the conventions these new technologies create ? »
De bonnes questions, mais pas encore de réponse… Allons du côté du site du Web Teaching at Dartmouth College qui contient de bonnes pistes à propos de l’écriture WEB en tant que style littéraire dans un billet, « Writing for the Web« :
« Most Web documents follow a style that you may not normally use in your writing. One of an author’s tasks, however, is to write in the language and style of the reader. You cannot afford to bury your message so deep that the typical Web reader scanning your pages will either skip over it or not even bother to find it. The following approach will help ensure that Web readers will find your information:
Summarize first. Put the main points of your document in the first paragraph, so that readers scanning your pages will not miss your point.
Be concise. Use lists rather than paragraphs, but only when your prose lends itself to such treatment. Readers can pick out information more easily from a list than from within a paragraph.
Write for scanning. Most Web readers scan pages for relevant materials rather than reading through a document word by word. Guide the reader by highlighting the salient points in your document using headings, lists, and typographical emphasis. »
Cela vaut pour l’écriture WEB. Au delà du style, écrire des textes variés (roman, nouvelle, poème, chanson, etc.) demande une bonne fréquence dans les occasions d’écrire. Voici ce qu’on attend d’un élève à la fin de son primaire, au sujet de cette compétence selon le MEQ:
« À la fin du troisième cycle, l’élève rédige avec une certaine efficacité des textes variés qu’il sait adapter à différents lecteurs et à divers contextes, scolaires ou autres. Dans des textes comportant généralement plusieurs paragraphes, il s’exprime de façon claire, cohérente et, au besoin, détaillée, au moyen de phrases variées et souvent complexes. Il développe ses idées et les fait progresser en établissant des liens entre les phrases et entre les paragraphes au moyen de connecteurs courants et appropriés. Pour personnaliser son message et préciser sa pensée, il utilise un vocabulaire précis, varié et évocateur et il recourt de façon adéquate à la syntaxe et à la ponctuation. Il orthographie correctement les mots usuels et les verbes utilisés dans leurs formes les plus fréquentes. De plus, il effectue adéquatement les accords dans le groupe du nom de même que l’accord du verbe, de l’attribut et du participe passé avec l’auxiliaire être. Il fait également appel à des stratégies efficaces de rédaction, de révision et de correction tout en utilisant avec profit les outils de référence et les technologies à sa disposition pour améliorer ses écrits et leur présentation. »
Pour ce faire, il y a donc lieu de multiplier les situations où écrire devient une stratégie efficace pour réaliser la tâche à accomplir. Quoi de mieux que la publication pour motiver et créer des contextes de résolution crédibles et authentiques. Aussi, la publication (WEB, parce qu’elle est plus facile d’accès pour les élèves en apprentissage) permet un rétroaction beaucoup plus directe et fréquente qui permet à l’élève de se corriger et de se développer des stratégies de vérification. De plus, cela lui permettra d’augmenter sa « soif » de savoir comment bien écrire dans le respect du code langagier ce qui se fera avec l’aide de l’enseignant par des explications et des « cliniques » plus magistrales et traditionnelles. Mémoriser et appliquer les règles ne peut se faire dans l’économie d’efforts et de patience. La répétition des situations d’écriture que permet la publication WEB dans un contexte de classe utilisant la pédagogie différenciée permettra un maximum d’apprentissage. Et on ne parle pas de l’augmentation de la lecture qui accompagne la recherche sur le WEB…
Retournons à Nick Carbone à propos de ce qu’on devrait se donner comme objectif au niveau des situations d’écriture :
« Helping students find their own voice, their own words, so that they can distinguish better their voices and words from the voices and words of the sources they research, hear, read, and that really, when you think about it, always already surround them, seems to me more and more, the best way to help students understand, really… »
Finalement, mon périple littéraire se termine chez Clancy Ratliff à propos des intentions éducatives qu’elle se fixe par l’outil du cybercarnet :
« I’m thinking I’ll have each student keep a blog, and at the end of class each day, maybe during the last fifteen minutes, I’ll have them do « progress posts »–sort of a « what I’ve learned, what I’ve accomplished » thing. That will help the students to synthesize concepts from class, hopefully. I want them to use the blogs to post about whatever they want, too, but ultimately I want the blogs to help the students with their projects. » !
N.B. Pour ne pas être en reste avec le Québec, je suggère cette lecture d’un texte de Pascale Lefrançois de l’Université de Montréal, « Apprendre à écrire à la fin du primaire: là où processus cognitifs, interdisciplinarité, coopération et hypermédia se rejoignent » !
C’est très cool cette idée de Blogguer à l’école. Messieur Mario, vous êtes un directeur hors du commun ! Bravo pour votre modernité et votre ouverture…
« Innover c’est aussi être responsable d’un progrès réel. »
J’adore!