J’ai pris connaissance de votre texte, « Réaction à la conférence de M. Seymour Papert au RIMA 2004« . On ne s’est jamais rencontré Monsieur Bibeau et je suis peiné de prendre contact avec vous sur un départ aussi brusque, mais bon… faut ce qui faut !
Je n’ai pas de félicitation à vous faire; vous n’en attendiez sûrement pas d’une personne qui publie, comme moi, de nombreuses citations de ce « honni personnage » ! Aussi, plusieurs questions m’ont traversé l’esprit et j’aimerais vous les partager :
– Dans ce texte « L’ÉLÈVE RAPAILLÉ » vous écriviez sous le titre « Faut-il transformer l’école ? » : « Les pays occidentaux ont investi des sommes considérables dans la construction d’infrastructures éducatives (écoles, transport scolaire, matériel didactique, etc.). Malgré ces investissements gigantesques et récurrents, l’éducation est en crise et les contribuables mécontents jugent sévèrement la performance du système éducatif. L’école coûte cher et elle est peu efficace, pense-t-on dans certains milieux. » Pensiez-vous que cela a « réjoui les badauds qui spéculent sur les nouveaux « paradigmes » sociaux » de ce cours à l’université Laval ?
– Quand vous dites « le célèbre docteur émettait une « fatwa » pour la destruction de ce système éducatif bureaucratique de type soviétique, » compariez-vous vraiment « Maître » (vous semblez aimer ce beau titre pour le docteur Papert) Seymour à un chef Islamique extrémiste ?
– Aussi, défendez-vous davantage la bureaucratie que l’école dans votre envolée ? En auriez-vous davantage contre la diversité dans le système scolaire que contre les propos subversifs dans ce plaidoyer ?
Si j’ai bien compris votre position, Seymour Papert est un hystérique insignifiant, simple promoteur de l’ordinateur qui a pensé révolutionner l’enseignement avec des tortues et un langage de programmation; de plus, il embrigade des enfants pour servir ses propres lubies tout en racontant des fables toutes aussi idiotes (la fable du crayon et de l’ordinateur) ?
Où étiez-vous entre les 15 et 17 mars 2004, lors de la conférence « mémorables » de M. Papert ? Vous auriez pu apprécier le calme, l’ouverture, l’écoute et le respect de notre invité qui était disponible pour fins d’échanges avec les gens qui ne pensaient pas comme lui nécessairement…
Une chose est sûre, vous semblez bien le connaître… Pourtant, je ne me souviens pas l’avoir entendu insulter les enseignants ni les traiter de ce que vous dites (« attardés », « réactionnaires », « conservateurs », « dépassés », « sclérosés »). Aurais-je mal compris votre propos ?
En terminant, je me refuse à m’identifier à un « obnubilé du sigle MIT et/ou à un espèce d’amoureux de la technologie. Quand elle sert les apprentissages, il est bien vrai par contre que j’affectionne moi aussi les TIC. Mais que je vous ai trouvé DUR ! Je me suis senti « RÉDUIT » À UN ÉTAT D’ABRUTI en tant qu’auditeur-organisateur-participant des dernières RIMA 2004.
Pourtant, je vous jure que j’ai tiré de ma rencontre avec Papert des leçons inspirantes qui vont m’aider à améliorer la qualité des services prodigués dans mon milieu… Même si je vous interpelle comme cela, M. Bibeau, sachez que je n’en ai pas contre vous (j’entretiens jusqu’à maintenant un préjugé plutôt favorable pour la qualité de vos interventions sur la liste de diffusion « edu-ressources »; j’ai entendu de bons mots de votre rôle au MEQ à la Direction des Ressources Didactiques, mais je ne savais pas que vous vous identifiiez à cette signature, « Syndicat des professionnels du gouvernement du Québec ». Il me semble que ça fait très corporatiste tout en donnant une drôle de saveur à votre production… Bof, de quoi je me mêle ?).
En passant, j’aurais bien aimé vous y rencontrer… à ces fameuses RIMA.
Mise à jour du lendemain A.M. : voir ce texte de Clément.
Mise à jour du 11 avril : J’ai reçu deux courriels de M. Bibeau et je lui ai retourné une « réponse ». Clément a été plus chanceux; il a eu droit à un commentaire. Quand à lui, Stéphane s’est joint à la discussion par un texte sur son carnet. Je reproduis la « correspondance » sous l’hyperlien plus bas. Je crois bien que ces échanges s’arrêteront ici…
M. Bibeau a d’abord écrit :
C’est de bonne guerre que vous réagissiez de la sorte.
L’important est… est-ce que ce que j’écris est vrai ou faux ???? Sur mes sources il y a Infobourg, il y a les commentaires de gens présents, il y a les textes sur Mario tout de go…tout cela suffit a titre d’information pour vous répondre ceci, c’est le point important de mon propos et vous l’avez bien percu, sous des dehors et une phraséologie soi-disant progressiste (Chomsky et Illitch et aussi Papert) se cache et est véhiculé un mépris des pédagogues et des administrateurs scolaires (il faut faire des distinctions dites-vous entre les bons et les mauvais…à discuter plus tard) et Papert avance une option pour la soi-disant libération…libéralisation-concurrence-libre entreprise-privatisation devez-vous lire du système scolaire dit SOVIETIQUE-bureaucratisé..?
Je suis contre et je maintiens et on se reverra dans 10 ans pour voir si le système s’est effondré.
Je suis prèt à parier 15 000 avec vous sur cette prophétie devant notaire et le plus sérieusement du monde. A vous de relever le défi. 15 000 $ à empocher pensez-y.
Désolé messieurs si je vous ai choqué.
Bonne continuation.
Robert Bibeau
Quelques minutes plus tard, il a fait parvenir ceci :
M. Asselin,
Il est intéressant que vous spéculiez sur ma participation au syndicat des professionnels du gouvernement et que vous associez mon adhésion à un syndicat au mot corporatiste…Comment se fait-il que je savais que vous associeriez syndicat et corporatiste ? La droite américaine le fait quotidiennement et la droite québécoise aussi.
Pour la même raison que je dis que ces gens comme Papert qui annonce la destruction du système scolaire (ce qui ne s’est jamais vu dans aucune société en dehors d’une destruction totale de l’ensemble de la société) et dénonce le système scolaire comme étant soviétique ce qu’il nous envoi effectivement comme message c’est que défendre le système scolaire (en changement) c’est corportaiste et soviétique, nous serions des gens qui empêchent l’innovation…Je n’accepte pas cette assertion. Désolé.
Relisez l’ensemble de mon texte Monsieur Asselin, en ne le prenant pas personnel…avec un certain détachement en vous disant que j’écris sur Papert pas sur vous et voyez chacun de mes arguments pas seulement quelques phrases en particulier.
Je n’étais pas au RIMA pour deux raisons
1) Je n’ai pas l’autorisation de mes boss. J’en suis désolé (:-(
2)J’étais en Europe pour présenter des conférences sur la transformation de l’école….Désolé d’avoir manqué la prestation de M. Papert.
Je ne crois toujours pas que le système scolaire va s’effondrer. Et je suis prêt à couvrir vos paris sur ce sujet.
Désolé
Je ne visais pas personnellement.
Ce à quoi j’ai répondu :
Bonsoir M. Bibeau,
« R.B.- L’important est… est-ce que ce que j’écris est vrai ou faux ???? »
Ce que nous écrivons est rarement totalement vrai et totalement faux si ce n’est que pour celui qui écrit… Si ce qui vous importe est d’avoir raison sur le fait que le système ne s’écroulera pas, je vous l’accorde ! Je ne travaillerais pas à améliorer les services dans ce système si je ne croyais aux possibilités qu’il offre. Ce n’est pas ce qui importe dans le discours de Papert. Si vous démollissez ses propos à partir de cette aspect de ce qu’il apporte, je me pose des questions sur votre bonne foi. Et puis, quand peut-on dire d’un système d’éducation qu’il commence à prendre l’eau ? Admettez avec moi que nous ne sommes pas dans une période de grandes fiertés… Policiers un peu partout dans les polyvalentes, taux de décrochage (de suicide) chez les jeunes et maladies professionnelles en abondance pour les travailleurs; ce sont là bien des indices de fragilité qui nous commandent de rester prudent dans notre évaluation de sa santé (c’est le moins que je puisse dire il me semble). Mais le système ne s’écroulera pas… ça va Monsieur Bibeau vous pouvez respirer !
Pour ce qui est de ne pas prendre ce que vous écrivez trop personnel, je veux bien, mais je ne peux laisser passer les qualificatifs que vous utilisez pour décrire ceux qui portent une attention aux propos de M. Papert (dont je suis). On peut rester sensible à ce que M. Papert écrit sans tout prendre au 1er degré. Je crois que ces qualificatifs manquent de respect pour l’intelligence des gens pour qui ses propos inspirent à améliorer l’éducation de bonne foi…
« R.B.- Il est intéressant que vous spéculiez sur ma participation au syndicat des professionnels du gouvernement et que vous associez mon adhésion à un syndicat au mot corporatiste…Comment se fait-il que je savais que vous associeriez syndicat et corporatiste ? La droite américaine le fait quotidiennement et la droite québécoise aussi. »
Enfin sur ce sujet, je ne vous suis pas du tout. Travaillez-vous pour le syndicat ? Si oui, je comprends le titre que vous placez sous votre nom; sinon je ne comprends pas… La droite, la gauche, j’en ai rien à foutre ! Je suis un gaucher à qui les Soeurs ont tapé sur les doigts pour je me conforme et que j’écrive de la droite. Alors, parfois je suis à droite et parfois, je suis à gauche et je ne pensais pas me peinturer dans le coin avec cette simple question: pourquoi signer comme un permanent syndical alors que je ne vous ai jamais vu afficher ce titre ?
Merci pour l’échange qui, sommes toutes, devient privé alors que je souhaitais le tout un peu plus ouvert…
Et à une prochaine pour qu’on puisse se serrer la pince, du bord que vous voudrez !
Papert: parlons-en en bien, parlons-en en mal, mais parlons-en!
La venue de Papert au Québec il y a environ trois semaines dans le cadre des RIMA ne laisse pas indifférent. Des échanges semblent maintenant vouloir prendre forme à la suite de remises en question à l’égard de son discours….