Ouf ! En lisant La Presse ce matin, je découvre un site qui évalue les profs de chaque région du Canada et des États-Unis. Sébastien Paquet en avait déjà parlé. Ce site est en ligne depuis 1999 et il est loin de faire l’unanimité : « Pas certain que les élèves voudraient voir leur bulletin scolaire publié sur la toile », raconte l’article.
En me promenant, je constate que vingt-trois internautes ont donné « une note » de 4.8/5 à cet enseignant du Collège Saint-Charles-Garnier et 4.6/5 à cet autre enseignante du Séminaire des Pères Maristes (34 répondants); de très bonnes notes ! Notre collègue carnetier sera peut-être heureux d’apprendre qu’il est un des enseignants les « mieux cotés » de son école (4.7/5, 55 répondants)…
Bon, que faire avec cela ? Comment expliquer l’existence de ce site et en interpréter sa relative popularité ? Doit-on ignorer tout cela, le divulger ou même en interdire l’accès comme bon nombre d’écoles font si on se fie à l’article ?
Une chose est sûre, c’est un autre évidence qu’il existe véritablement une fièvre de l’évaluation !!!
C’est un site que je connais bien. Je l’utilise parfois comme exemple avec des profs, mais j’évite de le faire…
Il faut apprendre à composer avec des sites comme ceux-là, ils sont là pour rester. Advenant le cas où on parvient à en fermer un (et faudrait savoir sur la base de quel principe!) il en « poussera » deux ou trois autres, probablement plus radicaux encore. L’industrie du disque américaine a bien connu ce genre de mécanique avec Napster, Kazaa, etc.
Il ne faut pas perdre de vue non plus qu’il est très simple aujourd’hui pour un élève de réaliser un site Web pratiquement anonyme dans lequel il pourrait exprimer toutes ses doléances, justifiées ou non, au sujet de son école ou de ses profs.
À mon avis, cela plaide encore une fois pour que rapidement, les écoles offrent aux élèves des outils qui leur permettent de s’exprimer sur la toile simplement. Il faut leur donner le goût de s’exprimer à l’intérieur d’un environnement que nous sommes en mesure de « superviser » un tant soit peu — pas de le faire clandestinement ici et là sur le Web. La plus grande ouverture est parfois la meilleure tactique pour exercer une (nouvelle) forme de contrôle. Les cybercarnets sont exemplaires à cet égard il me semble.
C’est aussi une question d’attitude évidemment. Plus les écoles tenteront de restreindre l’expression de l’opinion des élèves sur ce qu’ils vivent à l’école, plus il sera tentant pour eux d’utiliser le Web comme tribune.
Je pense que les jeunes comprennent bien qu’Internet n’est pas le meilleur moyen pour faire changer, à court terme, leur milieu de vie… mais à défaut d’en avoir un autre… ils retiendront celui-là, probablement avec raison.
Quand on déplore que les jeunes ne s’intéressent plus à la politique (comme c’est de bon ton par les temps qui courent), il ne faut pas oublier de considérer les nouvelles formes d’expression politiques… comme celle-là. Ce n’est pas parce qu’elles nous surprennent, nous dépassent ou nous dérangent que ce n’est pas de la politique. Il faut bien le reconnaître.
Conclusion, ce serait trop facile de simplement « faire comme si ce genre de site n’existait pas ». Il faut se laisser « déranger » et en profiter pour discuter, ensemble, des moyens à prendre pour que l’école s’adapte à ces nouvelles réalités.
Effectivement, ces sites sont là pour demeurer. S’interroger à propos de leur pertinence constitue un faux débat quant à moi. Une des questions un peu plus fondamentales pourrait être: à quand l’évaluation du travail des enseignants par les élèves? D’une part, pour fournir une rétroaction aux enseignants. D’autre part, pour faire prendre conscience à certains élèves que donner son appréciation, ça se fait en respectant une certaine étiquette.
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Objet : Les profs évalués sur Internet
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Après avoir exploré cet esp@ce Web qui permet à tous et chacun de donner son opinion sur ses profs, je ne vois pas qu’on soit en face d’une ÉVALUATION avec un grand É. À l’université Laval, quand un cours est évalué, un(e) étudiant(e) prend charge des formulaires, conçus selon les règles de l’art, alors que l’enseignant sort de la salle de classe ; ensuite, sous scellé, les évaluations, opinions, repartent et on en entend plus jamais parlé.
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Bien sûr, cela est politiquement correct, et tout comme pour les notes des étudiants, les résultats de ces évaluations n’ont pas vraiment affaire sur le WebŠ Mais, néanmoins, les étudiants ne devraient-ils pas avoir accès à l’information pertinente qui leur permettrait de savoir à quoi ils devraient s’attendre avec un tel prof, dans un tel cours. Ne serait-il pas pertinent que les étudiants sachent, par pur exemple, qu’un tel prof ne suit jamais son plan de cours, qu’un autre, parle trop vite, ou encore qu’un troisième est impeccable à tous niveaux. Ce serait un peu comme de pouvoir savoir qu’un tel chirurgien a perdu la moitié de ses patients l’année précédente, alors qu’un autre n’en aurait perdu aucun, pour le même type d’intervention chirurgicale.
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Néanmoins, qu’est-ce qu’un étudiant, disons de secondaire II, ou disons en actuariat, connait de l’évaluation, avec des critères scientifiques, de la compétence pédagogique d’un enseignant, alors que ça prend un baccalauréat de 4 ans pour commencer à avoir une personnalité qui démontre des compétences procédurales et déclaratives d’enseignant ?
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Pour en revenir à cet esp@ce Web,
il faut dire qu’il est impressionnant !
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Je viens de l’explorer davantage, et ai vu qu’un élève peut s’enregistrer comme modérateur pour son école, avec toutes les responsabilités que ça implique ; j’ai aussi constaté qu’un « étiquette correct » est de rigueur. Somme toute, il va falloir que les enseignants s’y habitue. Dommage que les écoles primaires soient exclues, car l’Institut St Joseph aurait pu permettre à ses élèves d’émettre leurs opinions sur leurs enseignants. 🙂
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Comme je n’ai rien vu qui exclue les universités, croyez-le ou non, j’ai présenté une requête pour ajouter l’Université Laval dans la liste. 😐 Un délai de 24 heures est requis ; accepteront-ils d’ajouter une université dans cette liste?
I think I even would like to be my school’s administrator.
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Joseph Deneault, dit Djeault.
Les universités et cégeps se trouvent plutôt ici :
http://www.ratemyprofessors.com
Merci à Michelle pour l’@dresse !
J’aurais donc « bein » dû « sawoir »…!