Jacques Dufresne était l’invité du Collège l’Assomption mercredi dernier à l’occasion de la rentrée scolaire. Norbert Viau nous rapportait jusqu’à quel point il avait apprécié ses propos… Le texte de sa conférence est disponible sur le site de l’Agora et il vaut la peine d’être lu. Un extrait :
« Notre autonomie est soutenue par celle de l’autre. Elle s’affermit dans une communauté où nous nous sentons reconnu par d’autres êtres autonomes. Faut-il le rappeler, une telle façon de prendre appui sur l’autre est le contraire du conformisme, lequel est le signe par excellence de l’érosion de l’autonomie. Le conformisme a pris hélas! des proportions inquiétantes et les jeunes y sont particulièrement exposés. Les lignes qui suivent ont été écrites il y a cinquante ans. Leur pertinence est encore plus manifeste aujourd’hui.
«Le conformisme des masses est un mal de tous les temps. Le mimétisme social, la docilité à l’opinion sont la rançon des bienfaits que nous apporte la vie en commun. Mais il est aussi très spécial à notre époque, d’abord à cause de l’accroissement démesuré et inédit dans l’histoire des concentrations humaines et aussi parce que nous disposons de moyens nouveaux et presque infaillibles pour fabriquer et diriger l’opinion. Ce que les tyrans d’autrefois nous imposaient par la contrainte extérieure s’obtient aujourd’hui sans violence par un maniement approprié des ficelles de la marionnette humaine. [Š] Le regard de l’homme des foules n’est plus qu’un reflet et sa voix qu’un écho: cet homme n’évolue plus parmi des signes qui l’invitent à la réflexion, il répond à des signaux par des réflexes.»* »
Je suis de ceux qui croient que le conformisme est un mal qui guette notre jeunesse avec plus de force que l’on voudrait bien voir. Le développement d’une pensée critique me semble la vertu à développer chez nos plus jeunes bien plus que le désir de les confiner et de les asservir à une autorité empreinte d’un pouvoir déraisonnable. J’en parlais dans un billet rédigé chez les Petits Carnetiers du Devoir (histoire de « tenir le fort » cet été »). Je prône la discipline. La vie en société exige des règles de vie. Les jeunes ont de grands besoins en matière d’encadrement. Tout cela est bien vrai, mais le guet-apens qui nous attend au tournant de ce siècle me semble bien plus résider dans la réflexion « vite-faite » et le « tout-le-monde-le-fait-fais-le-donc »…
Je me permets de donner le mot de la fin au conférencier :
« Le choix d’une pédagogie humaniste implique celui de la spiritualité traditionnelle et universelle. Depuis toujours notre humanité allait de soi, nous ne songions pas à en abolir les limites. Elle était notre condition. Nous devons désormais la choisir, la préférer à une autre condition plus séduisante parce qu’elle nous dispense de l’effort de demeurer autonome tout en nous promettant le paradis sur terre. Voilà pourquoi je dis que la pédagogie humaniste est un défi exaltant à l’âge du transhumanisme et de l’homme bionique. »
* Gustave Thibon, La vie de Sénèque, L’Agora, Vol 1- No 1.
Mise à jour de mai 2008: Depuis que ce billet a été écrit, un groupe a pris forme au Québec ayant comme dénomination le «Mouvement Humanisation».
Pendant vingt-deux ans, l'école a été mon véhicule pour «changer le monde». J'y ai vécu des années fantastiques où j'ai beaucoup appris des élèves et où je suis allé au bout de certaines idées.
Depuis 2005, mon parcours en entreprises m'a permis d'aider des organisations à mieux prendre le virage numérique et ainsi de bien gérer le changement.
J'avoue être un idéaliste.
Je travaille de manière constructive avec tous ceux et celles qui veulent faire avancer la société !
Un autre véhicule me permet d'intervenir concrètement, celui de la politique. Je milite depuis 2011 à la Coalition avenir Québec et j'occupe actuellement le poste de vice-président Est-du-Québec. Aussi, depuis le 7 mars 2018, je suis le candidat dans Vanier-Les Rivières, en vue des prochaines élections générales au Québec.
On peut évidemment m'écrire pour le travail ou pour la politique.
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J'avoue être un idéaliste.
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Un autre véhicule me permet d'intervenir concrètement, celui de la politique. Je milite depuis 2011 à la Coalition avenir Québec et j'occupe actuellement le poste de vice-président Est-du-Québec. Aussi, depuis le 7 mars 2018, je suis le candidat dans Vanier-Les Rivières, en vue des prochaines élections générales au Québec.
On peut évidemment m'écrire pour le travail ou pour la politique.
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La rentrée!
À peine revenu d’Hourtin, dont il me reste quelques notes à transcrire, je dois me mettre dans l’esprit de la rentrée. Et comme c’est une très grosse saison qui se prépare, vaut mieux poser des bases solides avant de passer trop vite à l’action… Mar…
Merci de m’avoir mis en contact avec les propos de M. Dufresne. Je me pose toutefois des questions par rapport au mot de la fin du conférencier sur la spiritualité, à l’effet que « le choix d’une pédagogie humaniste implique celui de la spiritualité traditionnelle et universelle ».
Dufresne parle dans son texte de faire le choix d’une spiritualité entre Socrate ou Kurtzweil (pour résumer). Je me demande pourquoi il faut faire ce choix… et j’aimerais bien savoir ce que vous en pensez, et ce que l’Institut, que vous représentez, ici, en pense. En effet, nous avons inscrit notre fils pour les examens d’entrée à l’Institut… en 2007! Il va en effet avoir deux ans la semaine prochaine. La présence « d’enseignement religieux » au programme est toutefois un irritant pour nous. À votre avis, peut-on être pour une pensée humaniste sans cautionner une religion?
Mario
« À votre avis, peut-on être pour une pensée humaniste sans cautionner une religion ? »
Si je me réfère au texte, je déduis qu’il y a des efforts à faire pour demeurer autonome; d’où l’idée de privilégier une pédagogie plus humaniste. Aussi, toujours en référant au texte, je comprends que nous ayons avantage à choisir notre condition d’humain (avec tout ce que cela implique) pour conserver notre « libre arbitre » et repousser « le projet d’un paradis sur terre assuré par la science et la technique. » Remarquez que je préfère répondre à cette dernière question que vous posez (qui n’est pas banale non-plus) qu’à celle qui concerne les intentions de M. Dufresne… Je ne suis pas philosophe et il m’arrive de devoir besogner très fort pour tout comprendre du premier coup ce que mon ami Jacques avance; c’est une des raisons pourquoi je l’aime bien…
Revenons à votre question. Je réponds oui; par conviction. J’oeuvre depuis 22 ans avec des communautés religieuses qui ont beaucoup d’expertise « missionnaire » (de la mission) et qui ne pratiquent pas une religion qui « enferme ». Jacques parlait de « spiritualité traditionnelle et universelle » et je crois que la façon dont nous « vivons » l’enseignement religieux est empreinte d’un grand respect pour la diversité des religions (et des croyances), d’une sens critique poussé envers la nôtre et surtout, d’une expérience de la foi en Dieu basé sur le témoignage et l’interprétation contextuée de chacun (inspiré par l’éclairage des grands textes, des grands auteurs et interprètes).
Je vous invite à venir assister à une de nos célébrations (oui vous avez bien compris le mot dans le sens de « messe » ou « eucharistie ») sous l’animation du Père Paul et de notre organisatrice en chef, Marie-France, qui ne « s’enfargent pas dans les fleurs du tapis » avec le « b a ba » du récitatif monocorde. Nous tentons dans tout ce que nous animons de faire du sens (et c’est encore plus important auprès de si jeunes âmes). Je ne dis pas qu’on y arrive tout le temps, mais dans les classes, à la chapelle, lors de la remise des évangiles et à beaucoup d’autres moments, notre mission est moins de convertir que d’accueillir l’autre. Montrer aux enfants qu’il existe possiblement un mystère et des réalités qui nous dépassent me semble « un beau programme » dans la mesure où, de toutes façons, aucun comportement qui enferme et replie ne saurait devenir légitime sous la caution d’une religion (vécue de façon dogmatique). Je me range du côté de Socrate et du Christ (pour ne pas tout nommer ces beaux noms que Jacques évoque) parce que l’éducation aux valeurs est une sorte de combat, pas une séance de négociation… alors que le respect de ceux qui ne pensent pas comme nous rend la vie bien plus savoureuse et passionnante !