Le boom de l’école privée

Je viens de finir de lire ma Presse du samedi. Un peu tard (il est 23h.) en ce beau samedi pour de la lecture matinale, mais la journée a passé au contact de d’autres feuilles… Plaisir d’automne oblige.
Ce que je viens de lire en page A8 et A9 m’a mis mal à l’aise. Je me propose d’écrire pour mieux comprendre pourquoi, car il n’y a pas vraiment de raison de se remuer pour si peu. C’est probablement l’expression « le boom de l’école privée » qui vient me chercher. Je n’aime pas ce titre. Y-a-t-il véritablement une vague telle que l’on puisse parler de « boom » ? Si oui, cet engouement ne comporte-t-il pas plus d’inconvénients que d’avantages ? Si non, devrions-nous être rassurés par le niveau actuel de répartition des élèves dans les deux réseaux (public et privé) ?
J’espère seulement que ce n’est pas le sentiment de réussir qui me trouble. Ce serait dommage. J’ai trop souvent observé au Québec ce problème d’être gêné de réussir; je l’ai décrié tellement souvent en famille, entre amis et avec les jeunes. S’il fallait que la lecture de ces articles me révèle une perméabilité à ce fléau… Je deviendrais furieux ! Non ce n’est pas cela…
Non, je crois que ce sont les mots « examens d’admission », « sélection des meilleurs » et « compétition forte » qui me font réagir. Non pas que je sois allergique à vivre ces réalités, mais quand c’est rendu qu’on voit une file d’attente longue comme celle sur cette photo de la devanture du Collège Saint-Louis de Lachine (une école publique), je me dis que nos chers collègues ne prennent pas chez nous les plus beaux exemples. Pourquoi ne pas s’inspirer plutôt de ce que Serge Courtemanche explique :
« Le collège Jean-de-la-Mennais, de La Prairie, a quant à lui choisi de procéder par tirage au sort. «Même si nous recevons beaucoup de demandes (environ 600 pour 300 places en première secondaire), nous ne sommes pas élitistes»« .
Qu’est-ce qui se cache vraiment derrière les examens d’admission ? Je peux en parler, j’en administre depuis vingt-deux ans et j’en entends parler à chaque automne par la bouche des parents. Le problème n’est pas de passer ou de faire passer des examens d’entrée, c’est ce qu’on fait avec qui me désole. Heureusement, je connais peu d’écoles qui classent les dossiers du meilleur au pire de façon à trier les candidats qui feront les mieux paraître leur nouveau milieu scolaire d’appartenance. Peu, mais possiblement trop nombreux quand même. Conséquence de « l’effet palmarès »* ? Mal nécessaire et exigence des programmes particuliers qui requièrent de fortes aptitudes pour « passer au travers » ? Stratégie honteuse pour se rendre la partie plus facile histoire de cacher la pauvreté de ses ressources ? Condition sine qua non à la formation de l’élite ?
Ce sont les réponses qui me viennent en tête qui me rendent mal à l’aise. La perception des gens qui sont « en dehors du système » est à l’effet que toutes les écoles privées qui réussisent auprès de leurs élèves sélectionnent sur la base des meilleurs dossiers académiques. C’EST FAUX, archi faux… Je connais même des milieux qui sélectionnent beaucoup et qui réussisent très moyennement (au public et au privé). À l’inverse, je serais capable de nommer de nombreuses écoles dans lesquelles j’enverrais mes enfants demain matin et qui ne pratiquent aucune sélection basée sur une performance académique. Pourtant, on en fini par croire que c’est ça « la recette » : regrouper des jeunes qui ont tout pour eux en commençant et le travail est fait !
Comprenons-nous bien; il m’est déjà arrivé de dire à des parents que je ne pouvais accueillir leur enfant chez nous suite à une rencontre d’admission qui révélait une incapacité de notre milieu à leur rendre des services adaptés à leurs besoins. Très peu, mais il y en a eu. Et ça me crève le coeur à chaque fois. Mais s’il fallait que le monde se mettent à croire que la réussite du privé tient aux pratiques efficaces en matière de sélection et que celles-ci se mettent à proliférer partout… on est pas sortie du bois !
Heureusement, je ne crois pas qu’on se dirige dans ce sens. Mais il faudra rester alerte. Le boom du privé (s’il existe vraiment) est ailleurs. Je risque deux explications :
1- Le dénominateur commun de tous les parents de l’école que je dirige (à très peu d’exception) est le suivant. Ce sont tous des parents qui suivent de près le progrès de leur enfant. Ce sont des gens assez exigeants qui sont prêts à s’investir pour que leurs enfants réussissent et qui veulent qu’on encourage ce devoir qu’ils ont de pouvoir continuer de s’occuper beaucoup des apprentissages de ceux qu’ils ont mis au monde !
2- Les gens (les enfants, les adolescents et les parents) veulent être reconnus par leur nom; il recherche un milieu scolaire qui regroupe des éducateurs (direction, enseignants et autres membres du personnel) qui prennent le temps de connaître chacun pour ce qu’il est. IL NE VEULENT PAS ÊTRE DES NUMÉROS. Ils sont allergiques à la phrase suivante : «Vous savez, je m’occupe de beaucoup d’enfants, je ne peux pas tous les connaître !»
Si les écoles privées sont si populaires, c’est parce qu’elles font attention aux personnes; je le crois fermement. Et il y a des écoles publiques qui réussissent parce qu’elles respectent le même principe. Je sais qu’il y a des écoles privées qui ne sont pas championnes sur ce terrain, mais elles ne peuvent se permettre bien longtemps de jouer à ce petit jeu. Elles finissent toujours par s’ajuster ou disparaître. Au niveau du public, je crois que trop d’équipes école ont cru qu’elles pouvaient traiter les gens n’importe comment sans trop coup férir.
Copier les mauvaises pratiques du privé (et il y en a de citées dans le texte ci-haut hyperlié) ne fera que précipiter le clivage entre les écoles qui sont choisies et celles qui seront délaissées. Sur le plan provincial, je me désole de penser qu’on s’inspire de la compétition sauvage pour faire avancer les choses.
Cherchons donc du côté de la COOPÉTITION !
* L’effet palmarès, c’est le petit jeu qui consiste à orienter ses pratiques en matière de gestion pédagogique en fonction d’occuper le plus haut rang possible dans le palmarès publié par la revue L’Actualité.
Mise à jour du 9 novembre : Lire cette opinion, « Les PPP: un investissement douteux » histoire de voir comment ceux qui retappent sur le clou de l’abolition des subventions aux écoles privées (semi-privées en fait) justifient leur point de vue.
Mise à jour du 12 novembre : Lire cette opinion, « La présence des établissements d’enseignement privés: une manifestation de la démocratie québécoise » qui constitue, en quelques sortes, une réponse au texte précédent.
Mise à jour du 11 décembre : Voici que nous venons de vivre une semaine assez fertile en émotion sur ce sujet… Cela a débuté par un article de Marie-Andrée Chouinard commenté par une Petite Carnetière du Devoir (voir aussi la réaction gouvernementale). En date d’ajourd’hui, paraît un autre papier de la journaliste du Devoir qui couvre le domaine de l’éducation. Il peut aussi devenir intéressant de poursuivre la réflexion en lisant ce billet de Stéphane.
Mise à jour du 12 décembre en soirée : On en est maintenant à chronique d’un journaliste réputé. C’est de ce côté (dès demain A.M.) !

10 Commentaires
  1. François Guité 18 années Il y a

    Voilà un point de vue fort apprécié, d’autant plus qu’il provient d’un directeur d’école du secteur privé. Mes compliments, Mario, pour ta sincérité, toujours inébranlable me semble-t-il. Pour ajouter à ton propos, je vois dans les examens d’admission l’obsession des parents de faire en sorte que leurs enfants « performent » et une façon à demie déguisée de cultiver la compétition. Le parallèle avec les matchs de hockey à l’aréna local n’est pas si difficile à établir.
    Les conséquences sur les pratiques pédagogiques sont énormes (j’en sais quelque chose pour constater les effets sur les élèves du P.E.I. qui sont eux aussi soumis à des examens d’admission) :
    € accentuation de la performance et des résultats au détriment du savoir-être ;
    € pression des parents au regard de certaines pratiques ;
    € accablement du travail scolaire ;
    € disposition à éliminer les élèves marginaux ou à problème ;
    € chantage psychologique auprès des jeunes (« tu prends la porte ou tu rentres dans le rang ! ») ;
    € développement d’un sentiment de supériorité (tant chez les parents que chez les élèves).
    Et j’en passe, bien sûr.

  2. Rochebelle 18 années Il y a

    Réflexion sur les examens d’admission

    Mario Asselin, directeur de l¹Institut St-Joseph, a publié un très intéressant billet sur la popularité croissante des écoles privées. J¹attire votre attention sur sa réflexion au sujet des examens d¹admission et à laquelle je souscris….

  3. Michèle 18 années Il y a

    Très intéressant ce billet! J’abonde dans le même sens que vous dans les explications de ce « boom », car je constate cette réalité depuis les quatorze dernières années !

  4. Mathieu Noppen 18 années Il y a

    En effet, il faut se demander ce qui arrive avec les examens d’admission? Ce que je vois, dans le milieu où je travaille est celui-ci, les examens servent à voir le niveau de compréhension des élèves – comme vous le dites – pour voir si l’école peut répondre aux besoins spéciaux des élèves. Il y a aussi une partie qui évalue la connaissance de l’anglais pour savoir si le jeune possède une assez bonne base pour de voir offrir le programme avec immersion anglaise.
    Il est cependant désolant de voir que certaines écoles se basent sur des facteurs de performances pour accepter des élèves. Cette culture d’élitisme – qui est probablement moins répandue qu’on le pense, mais plus que ce qu’on souhaiterait – donne une mauvaise impression du milieu de l’éducation.

  5. Clément Laberge 18 années Il y a

    Signalons également que ces pratiques sont aussi néfastes à l’intérieur même du réseau public et à l’intérieur d’une même commission scolaire.
    La CS des Découvreurs mène d’ailleurs actuellement une réflexion sur cette question… constatant que certaines écoles primaires sont « courues par les parents » à cause de ces pratiques de « sélection » et que cela a pour effet de « vider » d’autres écoles qui sont sur des territoires qui sont pourtant « démographiquement plus viables ».
    À suivre…

  6. Photo du profil de CharlesR
    CharlesR 18 années Il y a

    J’aimerais partager mon point de vue sur la popularité grandissante des écoles privées. Je ne suis pas du domaine de l’éducation et je suis le pur produit de l’école publique. Pourtant mes enfants fréquentent tous des écoles privées car j’y ai retrouvé les mêmes ingrédients qui m’ont fait apprécier l’école lorsque j’étais jeune : La motivation du personnel enseignant et de la direction; Et le respect des éducateurs pour les élèves et vice-versa.
    Les écoles publiques qui réussissent, construisent également sur ces bases. La motivation du personnel est le fondement de la motivation des élèves. Trop longtemps, les professeurs espéraient être motivés par leurs élèves alors que c’est l’inverse qui doit prévaloir. La syndicalisation à outrance et les transferts vers des postes pour lesquels les enseignants n’avaient que peu d’intérêt sont sans doute pour beaucoup responsables de cet état. Mais comme dans toute situation, le balancier revient inévitablement vers le centre avant de retourner vers un autre extrême, je crois que nous nous approchons de ce centre. Les écoles publiques redoublent d’efforts pour recruter et conserver leur clientèle et ce faisant les enseignants retrouvent une motivation à atteindre des objectifs. Cette motivation est par la suite contagieuse.
    Comme M. Asselin le dit, il y a plusieurs écoles publiques et privées où je n’hésiterais pas à envoyer mes enfants. La liberté de choix est cependant primordiale pour le contribuable. Celles-ci doivent aussi nous permettre de les évaluer et de rencontrer leurs éducateurs. J’ai a coeur l’éducation de mes enfants et je suis fier de la confier à des professionnels compétents et , surtout, amoureux de leur profession.

  7. Mario Asselin 18 années Il y a

    Je voudrais conserver la trace de ce billet de Sébastien (http://stexblog.blogspot.com/2004/11/dbat-devant-etou-l-ternel-notre-bon.html) qui fait suite à celui-ci. Aussi, j’ajouterais en réaction que nous pouvons avoir des points de vue différents sur certains aspects de l’organisation du système scolaire et partager d’autres convictions qui font lieux de solidarités, au demeurant. Je n’ai pas bien saisi le concept des écoles « trouble-free ». Je ne dois pas comprendre, j’espère, que les parents cherchent un milieu où ils trouveraient du désinvestissement parental ? C’est plutôt l’inverse que je crois qu’ils cherchent; des endroits où les parents assument et prennent leurs responsabilités. Des milieux où ils ont des droits, mais aussi des responsabilités. Je n’ai pas mis de commentaires à la suite de son billet pour obtenir ces précisions à cause du système de « blogger », mais je lui posterai cette réaction par courriel pour mieux comprendre son point de vue.
    Quand à savoir si la mesure radicale d’abolir les subventions au privé aiderait les écoles publiques ou améliorerait la qualité des services que renderaient les écoles, je dirai simplement que cette position défendue par les syndicats visant à créer un monopole d’état n’arrangerait rien. Il y a un besoin de mécanisme de sélection dans certaines écoles privées (et publiques) parce qu’il y a plus de demandes que de places disponibles. Voilà tout. Dans plusieurs écoles, il y a des tests d’admission, mais peu (ou pas) de sélection parce que les demandes sont inférieures au nombre de places disponibles.
    Cette histoire de 30 septembre et surtout, ce mythe répandu des élèves qui quittent le privé après cette date est un vieux problème s’il en a déjà été un. Depuis près de dix ans, la subvention suit l’élève quand il quitte d’un réseau à l’autre (ça va dans le deux sens d’ailleurs) et il y a trop de doigts dans une main pour compter les écoles qui ont ces pratiquent de renvois à grande échelle. Non seulement ce n’est pas très payant (la subvention suit, je le répète), mais ça fragilise le projet éducatif. Une école où le prix à payer pour avoir franchi la ligne droite est l’exclusion systématique n’est pas une bonne école et je suis d’accord pour décrier cela. Mais à l’autre extrême, je conçois facilement que des jeunes gagnent à repartir à neuf ailleurs parfois. Et parce que la co-existence de deux réseaux favorise le libre choix, des parents peuvent évaluer la situation. Certes, l’intégration sauvage de certaines clientèles a engendré beaucoup de nivellement vers le bas dans certaines écoles, mais ce n’est pas en jetant le blâme sur l’accessibilité des écoles privés qu’on va donner les moyens aux éducateurs de rendre des bons services. Nous avons des écoles privées EHDAA (http://www.adaptationscolaire.qc.ca/) qui accueillent les élèves du public qui présentent les plus grandes mésadaptations de façon systématique par des ententes de scolarisation… Il faut savoir qu’il y a d’autres alternatives à l’intégration et c’est au privé qu’on les trouve en partie.
    Réagir en demandant d’abolir ce qui marche pour aider ce qui ne marche pas (selon ce que tu dis) me semble simpliste. Et puis les gens qui fréquentent le privé paient les mêmes taxes; ils n’en sont pas exemptés sous prétexte qu’ils s’offrent des services différents. Ils payent des impôts aussi, les mêmes que les autres…
    Les gens qui connaissent l’école privée (je ne parle pas de la douzaine d’écoles du réseau qui ont des taux de 100% au palmarès, je parle des cent quelques autres) savent qu’il y a de nombreux jeunes en difficultés d’apprentissage dans nos écoles. Ces jeunes ont en commun avec les autres d’être dans des familles où les parents suivent de près leurs enfants, où ceux-ci ne démissionnent pas, malgré l’échec (il y en a aussi au public, je sais). Les gens seraient surpris de savoir que dans beaucoup d’écoles privées, on a développé une expertise avec les difficultés d’apprentissage des jeunes. Pas dans toutes les écoles privées, bien entendu. Alors cessons de mettre toutes les écoles publiques dans le même bain d’un côté et toutes les écoles privées dans le même paquet d’un autre côté. Il existe une grande diversité, de très bonnes écoles publiques et de très mauvaises écoles privées. Souvent, la différence est que la médiocrité survie au public alors qu’au privé, l’école ferme si elle s’enfonce sans réagir ! Et attention, je ne dis pas qu’être 400e au Palmarès fait de vous une mauvaise école. Je ne crois pas à ce classement.
    Au privé, tout est à recommencer à chaque année. Si tous les parents décident que c’est ailleurs qu’ils poursuivent avec leurs enfants, c’est terminé. Je ne sais pas si les gens au public peuvent sentir ce que ça change cette pression. Je ne dis pas cela pour faire pitié, c’est loin d’être le cas ! Mais le problème que certaines écoles publiques vivent est peut-être en lien avec le fait que les parents soient captifs et n’ont pas le choix de fréquenter une autre école. Vous pouvez pas savoir ce que ça change dans une dynamique d’école que la pression de savoir que les gens en avant de vous ont des alternatives… Vous êtes obligés de bien les traiter et de faire le maximum pour les convaincre que ce que vous offrez et livrez est de qualité.
    C’est ce qu’il y avait dans le « panier de crabes » mon Sébastien…

  8. Photo du profil de SebastienTremblay
    SebastienTremblay 18 années Il y a

    Merci beaucoup pour cette réponse mon cher directeur.
    Je me dois de tenter d’éclaircir ma pensée avant d’aller plus loin. Lorsque je parle du phénomène de l’environnement scolaire « trouble-free », je tente de cerner les propos de nombreux parents des milieux défavorisés. Pardonnez-moi cette caricature (bien qu’elle ne soit pas si caricature que cela !), mais de nombreux parents de mon milieu adoptent ce discours :
    «Je ne sais pas quoi faire avec mon enfant, je travaille, deux jobs, le père n’est pas présent, mon enfant est souvent seul à la maison, et vous voulez que je porte une attention particulière à ses devoirs, à ses études… je n’ai pas le temps. Vous n’offrez pas de service d’aide le soir ou autrement le midi (oui madame, mais ce n’est pas suffisant, il vous faut un peu suivre le développement de l’élève). Je n’ai pas le temps, vous avez un encadrement trop souple, si l’enfant était au privé : je n’aurais pas ce problème, il serait obligé de bien réussir».
    Et le parent de vanter l’environnement strict et sain (ou trouble-free) du privé. Bien entendu ce parent se trompe ! Mais le parent désire vivre ce «désinvestissement parental»… Ou «pelletage de responsabilités». Du moins le croit-il ! Cela teinte les relations avec les parents dans mon milieu. Oh je ne dis pas que tous les parents vivent cet état. Vous permettez que je pose l’hypothèse de… 10 élèves par niveau ? (sauf en 4e et 5e). Ces élèves désirent un service particulier qui est plausible et possible dans les écoles publics, mais ce dit service est onéreux. Le service dépasse les limites d’un simple projet éducatif.
    «Ces jeunes ont en commun avec les autres d’être dans des familles où les parents suivent de
    près leurs enfants, où ceux-ci ne démissionnent pas, malgré l’échec.»
    C’est exactement ce qui manque à de nombreuses écoles publiques défavorisées. On a beau construire un projet éducatif adapté aux élèves, le rôle du parent est primordial, on est d’accord sur ce point. Mais justement, la relation parent-école, dans un établissement privé est privilégié (de part le choix disponible et/ou l’investissement monétaire). Le souhait de mon milieu : un rapprochement et un investissement des parents plus…plus… intense ? Soutenu ? J’aime beaucoup ce commentaire :
    «Mais le problème que certaines écoles publiques vivent est peut-être en lien avec le fait que les parents soient captifs et n’ont pas de choix le fréquenter une autre école. »
    Dans un deuxième temps, le principe d’intégration des élèves EHDAA n’est pas à mon avis le même pour les établissements privés et publics. Bien entendu les services sont plus aussi adéquats (un directeur-adjoint de mon école est un ancien enseignant de Vanguard), mais les écoles privées en adaptation scolaire ne sont-ils pas constituées d’élèves de l’adapt seulement ? Nous avons neuf classes de cheminement particulier dans notre école. Tous des élèves de notre territoire. Ces quelques 150 jeunes sont dans la même école que les élèves du régulier. Nous avons débuté un nouveau programme que je trouve vraiment bien pour les élèves de CP : insertion professionnelle pour les 15-18 ans. L’école croit à ce projet… nous avons investit au détriment des autres problématiques vécues par les élèves (par exemple : l’école orientante qui pourrait aider certains élèves de 4 et 5 à bien terminer leur séjour au secondaire). Est-ce qu’une école privée pourrait offrir le même service avec les mêmes budgets si les écoles privées étaient contraintes d’accueillir une part des élèves EHDAA avec les autres élèves réguliers ?
    Pour terminer, j’aimerais souligner que bien que la subvention de l’élève se déplace d’un établissement à un autre, il faut considérer le «flottement vécu» par l’élève quand ce dernier change d’école pour des raisons qui vont certainement le motiver dans les premiers mois de sa nouvelle école : «si j’ai changé d’école c’est parce que je suis poche, je ne vaux pas la peine». Non ?
    Mais… mais.. je ne suis pas contre l’école privée. J’ai vécu mon secondaire dans un établissement privé. Et maintenant, j’enseigne dans un milieu défavorisé public. Jamais, jamais je veux quitter ce milieu. Milieu de tentative à l’égalité des chances pour tous ! Mais…Mais…On a besoin d’un coup de pouce ! Le palmarès de l’Actualité nous fait mal. On a pas besoin de cela pour reconnaître que : «la différence est que la médiocrité survie au public». Je n’aime pas réduire à l’argent… mais on a besoin de cash ! Pour vaincre cette mauvaise tendance à la médiocrité (et par tendance je parle aussi d’un autre débat de l’épuisement professionnel dans les milieux plus défavorisés… mais c’est un autre débat). Et le cash n’est pas monnaie courante (petite blague pour l’atmosphère !). On doit faire des choix. Je suis dans le camp de l’école privée pas subventionnée ! Et la redistribution des fonds aux écoles du service public.
    Vous savez des projets Carrière, on aimerait bien le vivre aussi dans notre milieu. L’investissement $ demandé est hors norme pour notre école. On a décidé d’investir dans les problèmes socio-affectifs des jeunes de notre école (parents absents, intimidation et vols reliés au caractère socio-économique de l’école, enfants qui ne déjeunent pas…). Et je ne dis pas cela pour faire pitié… J’adore cette vie scolaire, proche de la réalité montréalaise.
    En passant, notre CPEPE s’est doté d’un wiki pour les pv des réunions !…On s’est dit en août . L’année du wiki ? Mets-en ! Peu importe le type d’école !
    Au plaisir
    Sébastien

  9. Mario Asselin 18 années Il y a

    Pour un gars qui a besoin « d’éclaircir sa pensée avant d’aller plus loin », je te trouve assez articulé… Il me semble que ces précisions nous font avancer. En tout cas, je comprends mieux ta perspective. Une petite réponse à une de tes questions, « mais les écoles privées en adaptation scolaire ne sont-ils pas constituées d’élèves de l’adapt seulement ? » Oui, tu as raison. C’est pourquoi je dis que le modèle de l’intégration (que certains qualifient de « sauvage ») que vous vivez pour faire face à certains besoins n’est pas le seul existant et qu’il est heureux qu’il en soit ainsi. Pourquoi il faudrait que tout-le-monde-y-soient-pareils ?
    Merci des éclaircissements à-propos du concept de « trouble-free »; là, je comprends ce que tu veux dire et je partage ton avis sur les illusions que ces parents demandeurs de désinvestissement parental entretiennent.
    Au sujet du camps dans lequel « tu loges », ça va… je vais te lire encore et te réinviter à l’Institut ! Mais sans vouloir absolument « te convertir » ce soir, je porte à ton attention que nous recevons autour de 3 500 $ pour un élève du genre de celui que tu as chez vous (élève régulier). Une fois les subventions abolies, il coûtera un peu plus de 5 000 $ à l’État (ce même élève) maintenant rendu au public. En plus « de perdre » la contribution des parents en terme de frais de scolarité qu’il payait chez nous, l’État va payer plus cher pour qu’il fréquente une école. Je ne vois pas quelle marge de manoeuvre cela va dégager pour vous. Je vois encore moins comment le gouvernement va trouver les 150 millions que ça va coûter parce que c’est ce qu’il épargne en ce moment pour, disons, les 100 000 élèves qui sont au privé actuellement (100 000 x 1 500 $= 150 000 000*)… Et il y aurait d’autres coûts. Juste pour pour parler de « cash », comme tu dis ! Il y aurait d’autres nuances à faire, j’y vais « rough » un peu, mais ça gonflerait vite, je te l’assure.
    On se reparle de comment on pourrait faire un CARRIERE dans ton milieu un de ces quatre…
    Merci pour les explications et le ton que tu utilises. Je ne sais pas si je réussis aussi bien que toi dans ce que j’écris à rester constructif ! C’est ce que je souhaite néanmoins…
    * Les gens du MEQ et ceux de notre Fédération (FEEP) s’entendent pour parler d’un financement autour de 55-60% au secondaire pour le privé (c’est moins que cela au primaire). Ces calculs montrent que ça donnerait 70% (3 500/5 000). Je suis sûr du chiffre au privé (3 464 exactement en 2004-2005 pour le montant de base), mais je ne suis pas sûr au public… Voilà pourquoi je dis que je suis conservateur avec ce que j’avance…

  10. Photo du profil de TiffanieLapointe-Samuel
    TiffanieLapointe-Samuel 18 années Il y a

    Bonjour Monsieur Asselin,
    Je trouve ce billet très intéressant. Je ne savais pas que certaines écoles voyaient les examens d’admission sous cet angle. Pourquoi devons-nous toujours classer les personnes de *bollées* à celles en difficulté? Quand des personnes qui ont de la difficulté à l’école disent à d’autres qu’elles vont peut-être aller dans une école de *bon niveau*, la réaction de ces derniers est plutôt déplaisante. Si nous classons toujours les personnes de cette façon, que deviendront celles qui sont rabaissées et qui ont de la difficulté? Comment pourront-elles corriger leurs erreurs? Je me le demande. J’espère que ce ne sera pas toutes les écoles qui tomberont dans ce piège et surtout pas la nôtre ! Mais j’ai confiance…

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