« Le fait de ne pouvoir compter que sur une stratégie pédagogique pour faire apprendre limite de façon importante les capacités d’un enseignant à bien accomplir sa mission. »
J’en suis de plus en plus convaincu.
Aussi, le ministre de l’Éducation du gouvernement Français semble d’accord sur la nécessité de laisser les enseignants disposer de plus d’autonomie professionnelle si j’en crois cet article du Journal l’Express. Dans le contexte de ce que j’écrivais récemment à propos « du socle commun des connaissances », c’est plutôt rassurant de lire ces propos de M. Fillon :
«Il est normal qu’un professeur puisse utiliser la pédagogie qu’il estime la plus adaptée aux élèves en face de lui», dit-il. «Je suis choqué de voir parfois des inspecteurs imposer des méthodes dont nul n’est sûr qu’elles réussissent, notamment en lecture.»
Bon, ça ne représente pas une si grande ouverture quand on lit entre les lignes, mais au moins, ça laisse entendre que son projet de loi offre une certaine ouverture à la diversité en pédagogie…
En poursuivant ma route sur le carnet Web d’Emmanuel Davidenkoff et sur celui de R.E.V.E.I.L., je suis tombé sur une beau texte, « L’évaluationnite, le malheur de l’école« , écrit encore une fois par Pierre FRAKOWIAK. Le plus drôle, c’est qu’au même moment, le lien vers le document arrivait dans mon agrégateur par l’entremise du fil de nouvelles des signets « http://del.icio.us/tag/education »; il semble que le vétéran carnetier Pascal Grouselle continue d’avoir des intérêts proches des miennes…
Pour revenir au texte de Pierre FRAKOWIAK qui porte sur le sujet de la tendance à trop évaluer en matière d’apprentissage scolaire, j’ai tout de suite été captivé par cet extrait :
« Un thermomètre ne saurait en aucun cas être ni un remède aux maladies éventuelles ni un instrument de diagnostic, et encore moins, vu sa fragilité, un levier pour transformer les pratiques. Or tous les problèmes tournent autour de ces pratiques. »
Sur ce billet, une discussion s’est engagée sur le même sujet (me faisant faire au passage, un détour vers la Stratégie de Lisbonne) et il est intéressant de constater que les avis sur ce qui devrait nous guider en matière d’évaluation sont divers, mais se recoupent sur un point : « qu’il ne sert à rien d’évaluer des bases chez des élèves qu’on s’est ingénié à mettre d’avance dans des situations d’échec en leur infligeant des parcours prétentieux et désordonnés. »
Plusieurs des intervenants Français attribuent à Claude Thélot la tendance à trop vouloir tout évaluer sans vraiment savoir ce qui se vit dans les classe et surtout, de le faire en excluant une interprétation cohérente des résultats de ces pratiques évaluatives. Sur ce point M. FRAKOWIAK apporte un élément crucial tout en maniant habilement l’ironie :
« L’élève n’a pas compris, il faut lui réexpliquer, et il faut lui faire faire des exercices d’entraînement et de fixation. La remédiation est massivement composée d’exercices, et plus l’évaluation est fine, plus l’exercice est précis. Elle se situe toujours très en aval dans les processus d’apprentissage. Elle se situe au niveau de la recherche du résultat, de l’application (en référence au suave terme « exercices d’application ») et non de la construction du savoir. De toutes façons, si l’élève n’a pas compris malgré la débauche (enfin, disons plutôt la multiplication) d’explications magistrales, c’est décidément qu’il n’en est pas capable, n’est-ce pas ? »
Il y a de nombreuses équivalences de ce phénomène chez nous au Québec. Ces propos sont intéressants parce qu’ils nous ramènent au discours de tout à l’heure de M. Fillon : « Pourquoi ne pas utiliser une méthode à l’ancienne si on en a envie ? Ce qui compte, ce sont les résultats ». Cette idée que la seule valeur sûre soit de recourir « à l’ancienne »… voyons donc !
Il convient de terminer ce billet en laissant la parole à notre inspecteur de l’éducation Nationale :
« Le modèle pédagogique considéré comme universel et éternel, celui de la transmission, n’est jamais mis en cause. De nombreux enseignants (et de décideurs pour qui ce modèle a réussi et qui ne comprennent pas qu’il ne réussisse pas chez les autres) ignorent encore complètement que les savoirs peuvent se construire autrement que sous forme de cours magistraux, parfois modernisés en apparence. Cette faiblesse renvoie à la formation initiale et continue des enseignants. »
Mon interprétation est à l’effet qu’il ne s’agit pas d’exclure complètement l’utilisation de la pédagogie magistrale; il n’est question que de pouvoir considérer d’autres stratégies dans l’esprit du paradigme de l’apprentissage où chacun des apprenants n’apprend pas nécessairement les mêmes choses de la même façon !
Pendant vingt-deux ans, l'école a été mon véhicule pour «changer le monde». J'y ai vécu des années fantastiques où j'ai beaucoup appris des élèves et où je suis allé au bout de certaines idées.
Depuis 2005, mon parcours en entreprises m'a permis d'aider des organisations à mieux prendre le virage numérique et ainsi de bien gérer le changement.
J'avoue être un idéaliste.
Je travaille de manière constructive avec tous ceux et celles qui veulent faire avancer la société !
Un autre véhicule me permet d'intervenir concrètement, celui de la politique. Je milite depuis 2011 à la Coalition avenir Québec et j'occupe actuellement le poste de vice-président Est-du-Québec. Aussi, depuis le 7 mars 2018, je suis le candidat dans Vanier-Les Rivières, en vue des prochaines élections générales au Québec.
On peut évidemment m'écrire pour le travail ou pour la politique.
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J'avoue être un idéaliste.
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Un autre véhicule me permet d'intervenir concrètement, celui de la politique. Je milite depuis 2011 à la Coalition avenir Québec et j'occupe actuellement le poste de vice-président Est-du-Québec. Aussi, depuis le 7 mars 2018, je suis le candidat dans Vanier-Les Rivières, en vue des prochaines élections générales au Québec.
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Très juste entrée en matière, Mario. Je partage tout à fait cette conviction qu’un enseignant doit savoir manier une tapée de méthodes pédagogiques comme un charpentier tous ses outils. Je m’étonne, par ailleurs, que tu n’aies pas saisi l’occasion de faire un lien au récent débat sur la liste Edu-ressources entre les tenants de l’enseignement explicite et les défenseurs de la réforme. Quoique je sois resté à l’écart de la discussion, c’était selon moi l’argument le plus convaincant et le plus juste pour concilier les positions qui tendaient à l’extrémisme.
De la liberté pédagogique – Réponse à Mario Asselin
J’ai toujours autant de plaisir à lire les billets de Mario Asselin. Le dernier en date porte sur la liberté pédagogique des enseignants. Au passage, merci à Mario pour le petit clin d’oeil que contient son billet vers mon propre carnet ; pour un…
Mario, j’ai apporté un commentaire à ton billet sur mon propre carnet :
http://www.pascal-grouselle.net/blog/
Bien à toi.
En lien avec ce billet, la réponse de M. Grouselle et le texte de M. Frackowiack.
http://andrechartrand.blogspot.com/
Commission européenne : oui au e-learning
Pendant que quasi tous les ministères nationaux de l¹éducation, notamment la France, tergiversent sur la modernisation de l¹enseignement et l¹intégration des nouvelles technologies, la Commission Européenne passe résolument au e-learning. Elearningeuro…