La journée d’aujourd’hui s’est avérée, en quelques sortes, un « retour à la normale ». Une sorte de reprise du quotidien après trois jours « sur l’adrénaline » suite à l’annonce de vendredi. Hier, j’ai passé un bon deux heures à faire le tour des classes des élèves du deuxième et du troisième cycle. L’attitude des enfants m’a beaucoup parlé…
La plupart savaient déjà de quoi il était pour être question, à la seconde où je me pointais dans le cadre de porte. Mon boniment d’introduction fait, ce sont les questions qui me réservaient le plus de surprises et de spontanéité. Des questions qui tournaient autour de ce que j’étais pour faire et de ce pourquoi j’avais « démissionné ». Ce mot… ils n’ont pas aimé ce mot que je n’ai d’ailleurs pas utilisé à l’oral, mais qui était dans la correspondance. Ils me semblent avoir décodé que ce n’était pas très honorable de remettre sa démission; dit comme cela, je comprends. Il y aurait même un petit côté honteux à ma démarche finalement (j’ai entendu des jeunes à peine oser prononcer le mot comme si c’était « pas correct » de faire ça;)). Le mot n’était pas le bon donc, pour expliquer ce passage que je vais vivre dans quelques mois. Loin de moi l’idée de faire des reproches à qui que ce soit. Nous les adultes avons suffisamment dans la bouche ces mots, « ne lâche pas », « n’abandonne jamais », « ne démissionne pas »; je les comprends un peu d’être conséquent dans leurs émotions… et d’être un peu mélangé.
Je crois que maintenant, après s’être expliqués, nous y voyons tous plus clair. Je n’aurai pas fait cette tournée pour rien… si ce n’était que de clarifier le sens de ma démarche ! Sans dire que maintenant on puisse parler d’une bonne nouvelle, je crois que la symbolique « du relais » a repris la place !
Plusieurs questions m’ont surpris. «Allez-vous continuer d’écrire sur nos carnets ?» me demande-t-on trois fois dans trois classes différentes. C’est que c’est important pour eux que je puisse garder contact, j’imagine; et que ce n’est si évident que cela que je le fais beaucoup par plaisir… Et puis, il y avait aussi le non-verbal. Quelques-uns apprenaient la nouvelle; d’autres le savaient, mais retrouvaient l’émotion d’origine. Une grande écoute au départ; un silence un peu lourd. Ensuite, les jeunes me regardaient un peu de côté, certains se cachaient les yeux pour ne pas que je vois dans eux et d’autres avaient le visage en point d’interrogation. Quelques-uns semblaient fiers pour moi aussi; j’était radieux de leur dire mon bonheur d’avoir pris une bonne décision. Quelques larmes discrètes chez certains, des rires nerveux après quelques blagues pour détendre l’atmosphère et puis les questions… beaucoup de questions, de bonnes questions !
Pour ce qui est des parents, des réactions variées. Bien-sûr, celles sur le cybercarnet pour les plus téméraires; plus gênantes à recevoir tellement elles sont intenses. Recevoir tant de beautés, en public, m’a beaucoup ému. En privé (par courriel, au téléphone et en personne), il y a eu bien des surprises. Beaucoup de « mercis » et de « bonnes chances » et quelques « je ne peux pas être surpris, je voyais cela venir; vous aviez ralenti le rythme des changements… »
Moi par contre, je l’ai été (surpris) par une série de commentaires sur « ma marque » en tant qu’homme à l’Institut. Je n’ai entendu que du positif sur la nomination de Mireille, mais cette présence masculine semblait représenter beaucoup aux yeux de certains et je me suis étonné de la vigueur avec laquelle on me demandait d’intercéder pour que d’une façon ou d’une autre, les gens du C.A. y veillent (à la restaurer encore davantage) dans des gestes futurs à poser. J’y reviendrai…
J’ai donc vécu beaucoup de complicité dans ces trois derniers jours. J’ai répété assez souvent que j’invitais les gens de la communauté éducative « à profiter de moi au maximum ». Le soir même de l’annonce (vendredi), grande fut ma réaction de voir ma relation avec les gens changer un petit peu déjà, pressentant la perte du statut de patron… C’était bien. Je devenais un peu plus signifiant (me disait-on) parce que mes intentions seraient interprétées différemment. Je me mets à la place de ces membres du personnel que j’ai un peu bousculé dans les dernières années avec « mes idées de fou »… Même s’ils m’ont témoigné beaucoup de respect, je sentais que pour certains, j’étais le patron et que je devais bien avoir des cartes cachées qu’il restait à découvrir avant de tout comprendre le sens du chemin que je proposais. J’aime bien l’idée de composer avec l’attitude « d’ouverture maximale » des gens encore davantage « demandeurs de rétroactions ».
Les appels (et courriels) des collègues m’ont procuré beaucoup de bien; politesse, envie, curiosité ou grande empathie ? Faudra voir, mais les semaines à venir promettent de ce côté. Ils sont ceux que je veux justement mieux soutenir !
Enfin, un souvenir m’a accompagné tout au long de ces dernières semaines. Ça remonte à l’hiver 1984. Mon patron venait de me demander d’accepter de « coacher » les entraîneurs plutôt que de continuer à « tripper » avec ma petite équipe de douze joueurs de basket. «Tu vas voir, dans quelques mois tu vas venir me dire jusqu’à quel point tu as retrouvé le même plaisir avec les jeunes mais avec soixante (cinq équipes de douze jeunes) au lieu de douze; en bonus, tu découvriras celui de devenir signifiant auprès de cinq entraîneurs de qui tu continueras d’apprendre». Il a eu raison… et il aura encore raison cette fois-ci !
Et la vie continue…
Pendant vingt-deux ans, l'école a été mon véhicule pour «changer le monde». J'y ai vécu des années fantastiques où j'ai beaucoup appris des élèves et où je suis allé au bout de certaines idées.
Depuis 2005, mon parcours en entreprises m'a permis d'aider des organisations à mieux prendre le virage numérique et ainsi de bien gérer le changement.
J'avoue être un idéaliste.
Je travaille de manière constructive avec tous ceux et celles qui veulent faire avancer la société !
Un autre véhicule me permet d'intervenir concrètement, celui de la politique. Je milite depuis 2011 à la Coalition avenir Québec et j'occupe actuellement le poste de vice-président Est-du-Québec. Aussi, depuis le 7 mars 2018, je suis le candidat dans Vanier-Les Rivières, en vue des prochaines élections générales au Québec.
On peut évidemment m'écrire pour le travail ou pour la politique.
Depuis 2005, mon parcours en entreprises m'a permis d'aider des organisations à mieux prendre le virage numérique et ainsi de bien gérer le changement.
J'avoue être un idéaliste.
Je travaille de manière constructive avec tous ceux et celles qui veulent faire avancer la société !
Un autre véhicule me permet d'intervenir concrètement, celui de la politique. Je milite depuis 2011 à la Coalition avenir Québec et j'occupe actuellement le poste de vice-président Est-du-Québec. Aussi, depuis le 7 mars 2018, je suis le candidat dans Vanier-Les Rivières, en vue des prochaines élections générales au Québec.
On peut évidemment m'écrire pour le travail ou pour la politique.
Billets de mon blogue les plus lus au fil du dernier mois
Rechercher
Commentaires récents
- ClementLaberge dans Les étudiants d’aujourd’hui ont des mimiques de poissons congelés
- Benoit therrien dans Projet Lab-école : il y a foule pour réinventer l’école
- Mario Asselin dans Magic Door suspend ses activités
- Marc dans Magic Door suspend ses activités
- Mario Asselin dans Une semaine après l’attentat de Québec
Salut Mario,
En lisant tes commentaires sur le terme «démissionner» et sur ce qu’il a provoqué ches les élèves, j’aurais le goût de te dire que tu as plutôt «transitionné». Être ou vivre une transition m’apparaît beaucoup plus juste dans ton cas. Pour ma part, je référerai à ton départ comme étant une transition, plutôt qu’une démission, et je me ferai un plaisir de dire aux autres que tu as «transitionné» vers d’autre chose …
Quant à ton passage de la formation aux élèves à la formation aux enseignants, cela fait beaucoup de sens, du moins pour moi. Tu sais sans doute que je suis, mois aussi, passé de la formation des athlètes (coaching)à la formation des coachs (formateur)et même,à la formation des formateurs de coachs … Heureusement qu’il n’y a pas d’autre niveau après cela …
En toute amitié,
Claude