Dans les jours qui ont suivis l’annonce de mon départ, j’ai eu de nombreuses conversations visant à assurer aux parents de notre école que les orientations prises dans les dernières années demeuraient plus actuelles que jamais. J’ai senti beaucoup d’enthousiasme face à cette politique prise par notre conseil d’administration. La nomination immédiate d’une personne comme Mireille à titre de directrice fait partie de ces décisions rassurantes. Il y a quand même un point sur lequel j’entends des besoins pressants en matière de précautions à prendre pour bien « passer le relais ».
Voici un extrait d’un courriel qui représente bien l’esprit du sujet que je veux apporter :
« Votre compréhension de la réalité des garçons, de leur besoin de bouger et de la place de l’activité physique dans leur programme éducatif montre bien votre désir de relever tous les défis de notre société relativement au système d’éducation et à la place des garçons. Je crois que l’Institut St-Joseph est une école qui se démarque à ce niveau. »
Certains parents m’ont raconté l’impact de certaines interventions, d’autres m’ont parlé de certaines manières d’être avec les jeunes (garçons et filles) et plusieurs m’ont exprimé le souhait que chaque membre du personnel puisse continuer de poser des gestes dans la poursuite d’une réussite scolaire possible pour les garçons autant que pour les filles dans le respect de leurs différences.
Lors des deux réunions du personnel de la semaine dernière, il a été convenu de cheminer dans ce sens. Pour s’aider, nous allons prendre un avant-midi lors d’une journée pédagogique en mai pour se dire ce qu’on fait de bien sur ce sujet, pour s’expliquer ce qu’il y a à faire pour continuer d’aller de l’avant et mieux comprendre les enjeux entourant « l’être garçon » et « l’être fille ».
Dans cet esprit, je me suis employé à créer cet après-midi « un tag » « reussite_differenciee_filles/garcons » dans mon compte « del.icio.us ». C’est mon premier « tag français » (tout cela étant relatif puisque je ne peux utiliser les accents). Tout comme Roberto a fait, je me suis employé à utiliser l’anglais jusqu’à maintenant dans le choix de mes « mots-clé » pour pouvoir bénéficier d’un maximum de retour de la communauté utilisant ce système de gestion de signets.
Pour ce sujet de la plus haute importance, je me suis dit que peut-être, plusieurs francophones pourraient être intéressés à collaborer ensemble dans l’opération visant à se constituer une bonne banque de ressources en ligne faisant le tour de la question. Chacun pourra donc consulter à cette adresse le fruit de notre travail collaboratif et aussi, pourra s’abonner au fil RSS, s’il le désire !
À suivre…
Mise à jour du lendemain : En réfléchissant à ce thème je me suis dit qu’en contexte scolaire, j’aboutirais sûrement du côté de la différenciation pédagogique comme moyen d’aider les élèves des deux sexes à mieux réussir. Sous l’hyperlien plus bas, j’ajouterai donc des références dans le but de bien préparer mon animation du 24 mai prochain. Le contenu risque d’évoluer constamment au fil des recherches et des commentaires !
C’est en me promenant du côté des cybercarnets du « Mabry Middle School » que j’ai découvert le groupe-classe « The Glenn Intelligence Agency » :
The Glenn Intelligence Agency is a differentiated classroom where a teacher’s role shifts to facilitator of learning. Teachers and students accept and respect one another’s similarities and differences. Assessment is an ongoing diagnostic activity that guides instruction. The teacher adjusts content, process and product in response to student readiness, interest, and learning profile. »
Et pourquoi pas, « and also gender of the learners ». En lisant ce billet donc, je suis tombé sur ce document, « Tomlinson’s Essential Principles of Differentiation » (.doc) qui m’a inspiré et qui m’a donné le goût de bâtir «Les sept principes « Mario tout de go » de la différenciation». Pour le moment, ce qui suit découle d’une traduction libre du document précédemment cité, adapté pour tenir compte de mes croyances personnelles. À la fin de la démarche, je verrai si le document s’éloigne assez de celui de « Tomlinson » pour n’en être qu’une adaptation (ce qui ne représente pas une fin en soi).
Principe 1 : J’établis d’abord mes bases sur un bon programme d’études
Une différenciation efficace ne peut pas surseoir à un programme d’études pauvre en contenu. Le premier travail du professeur est de toujours s’assurer que le programme d’études au menu se tient, qu’il met la barre haute, qu’il est invitant, et qu’il encourage la réflexion. Alors et seulement alors, il devient utile et pertinent de différencier les tâches visant à construire ses compétences au travers de ce programme. Je me souviendrai que le programme ministériel est un plancher et non un plafond et qu’il m’importe de fixer des hauts standards de qualité au sein du cycle auquel « ma classe » appartient!
Principe 2 : Toute charge de travail devrait être respectueuse du profil de chaque apprenant.
Les exercices sont parfois nécessaires, mais la grande majorité du temps, les étudiants devraient se sentir interpellés, invités, provoqués parfois, et vivifiés par la tâche authentique proposée. Chaque étudiant mérite d’¦uvrer à partir d’une tâche qui fait du sens pour lui et qui est centrée sur des savoirs essentiels à apprendre, compréhensibles et requérant des compétences à mobiliser pour parvenir à l’accomplir. Chaque étudiant devrait être mobilisé au plus haut point dans sa réflexion, trouver son travail intéressant et signifiant. La différenciation ne fonctionnera pas si la tâche est perçue comme étant imposées tandis qu’elle pourra fonctionner quand elle sera assignée en suscitant l’adhésion de l’apprenant par une décision prise de manière la plus libre et responsable possible.
Principe 3 : Quand le doute se manifeste, je questionne les élèves avant d’enseigner !
De bonne instructions disposent bien les étudiants au travail. Quand un enseignant assigne une tâche, il devient important qu’il s’assure que ce contexte de travail fournira une défi significatif. Avant de commencer, je m’assure de la compréhension des intentions en questionnant les apprenants. Les critères qui indiquent le succès de la tâche à accomplir devraient pousser l’étudiant au-delà de sa zone de confort. Soyons vigilant à offrir du support pour faciliter le succès de l’étudiant à un niveau qu’il ou elle juge atteignable. Comme dans un jeu vidéo, le défi doit engendrer une frustration plaisante qui permet de continuer à s’essayer même quand « on manque son coup ! »
Principe 4 : Je varie avec souplesse les regroupement des étudiants.
Je dois réfléchir souvent à la façon dont l’énergie circule entre mes étudiants dans la salle de classe. Planifions des périodes pour les groupes d’individus qui partagent les mêmes centres d’intérêts ou ont les mêmes besoins. De la même façon, gardons-nous des périodes pour le regroupement où les individus poursuivent un but commun, mais dont le processus de travail part de perspectives différentes; n’utilisons que des tâches complexes pour les faire travailler en coopération. Alternons donc entre du travail en groupe à base de profils semblables et d’autres à base de profils variés. Composons de façon aléatoire entre les groupes « au choix du professeur », et d’autres « au choix des étudiants ». À force d’employer seulement un ou deux types de regroupements, nous limitons les échanges potentiellement beaucoup plus riches en salle de classe.
Principe 5 : Je deviens doucement fanatique des rétroactions évaluatives.
Toute trace qu’un étudiant laisse devient une source potentielle de données pour des fins d’évaluation en vue d’une aide à l’apprentissage. Pensons à l’évaluation comme un processus continu, conduit par des étapes flexibles mais distinctes. Ce qui précède le « jugement évaluatif » par une collection de données éparses ou des examens formels est critique pour un professeur dans sa tâche de déterminer les ancrages d’origine. Prenons des notes au cours des discussions de classe et aux moments où on circule, d’élève en élève, intervenons pour un travail de qualité. Employons les petits tests, les mémos pour réguler les petits travaux, les recherches, les défis sous forme de problèmes à résoudre ; multiplions les situations d’écriture, les travaux sous forme de cartes heuristiques pour que les connaissances se construisent chez les étudiants aux moments clés du développement des compétences à maîtriser.
Principe 6 : J’évalue pour faire progresser
Évaluons non seulement pour situer l’étudiant concernant des repères de niveau du développement de sa compétence, mais reflétons également son progrès par rapport à lui-même. Un étudiant intelligent qui obtient un résultat dont il n’a pas eu à travailler fort pour le mériter demeure un étudiant « à risque » ; un étudiant qui lutte constamment pour apprendre et qui persiste, va progresser jusqu’au prochain niveau à atteindre même si parfois la réussite semble hors de portée et que ces progrès semblent ne pas représenter ce qu’il faut pour réussir.
Principe 7 : En matière d’encadrement de élèves, je vais chercher la permission d’intervenir et j’encourage la mutualité.
Agissons à partir de règles de fonctionnement dans lesquels je suis à l’aise comme enseignant, mais au sein desquels mes élèves sont partie prenante. Valorisons les conseils de coopération, les formules de résolution de conflit pacifique. Soutenons les démarches de partage et de dialogue et surtout, apprenons à accepter ses erreurs, ses limtes et celles des autres. Apprenons à accepter l’autre tel qu’il est et non comme on souhaiterait qu’il soit. Souvenons-nous après avoir obtenu un arrêt d’agir en cas de coup dur, qu’une démarche d’encadrement bien gérée comprend une conséquence adaptée à l’action et au contexte ainsi qu’une démarche de réparation négociée et volontaire. Enfin, gardons à l’esprit que perdre un peu de temps pour le climat fait gagner du temps pour le contenu…
N.B. Autres sources à consulter :
– « What is differentiation ? »
– « Differentiation @ Greenfield School Community & Arts College »
– Et fouiller dans cette multitude de ressources dont celles en lien avec cette auteure.
Voici les quelques ressources sur le sujet que j’ai dans mes archives et qui sont encore accessibles en ligne :
– Le Groupe de Réflexion sur l’Éducation des Garçons (GREG); voir le rapport de recherche en PDF.
– Male and Female Brains
Pour favoriser (multiplier) les partages de ce genre, nous devrions sans doute maintenir une liste des « tags partagés » auxquels on souhaite consacrer des efforts particulier.
Prenons le temps de trouver la meilleure manière de le faire.
Écart entre les sexes : les hommes dans l¹enseignement
En Ontario, à l’heure actuelle, un enseignant sur dix est un homme de moins de 30 ans. Source : Page 9, Pour parler profession, mars 2005.
Si la tendance se maintient, cela pourrait donc signifier à moyen/long terme que …