Cette citation vient de Helen Barrett et a frappé tel un cri du coeur sur la tribune de LIfIA. En parcourant le monde, elle a souvent réalisé que ce qui tue les initiatives d’intégration des portfolios est le caractère trop évaluation/certification que prend certaines expériences. Elle nous a offert toute une présentation ! (.ppt, 86K)
Dans le contexte du débat que nous avons tenu sur la pertinence du « blogfolio », il me semble que ce « signalement » apporte de l’eau au moulin. Certes, toute la question du support à donner aux utilisateurs pour l’aider à élaborer ses réflexions est importante, mais elle signale deux pièges :
1- Il ne faut pas que le mécanisme d’accompagnement devienne du « fill in the blanks ».
2- La vision doit être celle de favoriser des apprentissages avant tout. Les évaluer est une [bonne] chose, mais s’en servir pour « faire graduer » tue l’aspect « deep learning » chez l’individu.
Dans le pire des cas, elle a vu évoluer des démarches vers des prises de positions très évocatrices :
« J’ai déjà à passer mon cours, est-ce que je vais en plus devoir passer dans « mon portfolio » ?
Le support, le support, le support !
Pour elle, on a à choisir entre un « Assesment managing system » ou « a learners centered system » ! Dans le meilleur des scénarios, le eportfolio raconte une histoire… et notre tâche d’accompagnateur est d’aider l’individu apprenant à raconter cette histoire ! Il est préférable de donner de petits instants de supports répétitifs que de « grands coups » isolés. Le eportfolio est un outil « child-organised » en bas âge le plus possible; dès qu’il devient « teacher’s organised« , il PERD rapidement de « sa puissance » en terme de support aux apprentissages ! «Plus les gens en contrôle le processus, plus ils seront motivés par l’outil»; c’est ce qu’elle a observé.
Le problème actuel avec les portfolios est que chacun parle du concept avec une vision très différente de ce que ça représente. «C’est un peu comme les esquimaux qui ont 49 façons de dire le mot « neige » dans leur vocabulaire. À quelque part, ils parlent tous des même flocons blancs, mais ils tiennent à la teinte personnelle de leur appellation». Ça lui fait penser à ce syndrome, « The blind men and the elephant » !
Si on veut absolument tendre du côté de « l’assessment , elle suggère ce site « assessment for learning« . Sur ce sujet, j’aime bien sa réponse à la question d’un étudiant sur son cybercarnet. Sa présentation faite à l’Université de British Columbia en novembre dernier est éloquente aussi à ce propos. Dans le contexte de l’article de François à propos de l’impact des blogues sur le cerveau, cette conférence me fait faire des liens avec notre débat sur les « blogfolios »… Enfin, elle suggère la lecture d’un ouvrage de Jennifer Moon sur le volet réflexif du eportfolio.
Je retiens de toutes mes jasettes avec le docteur Barrett que l’outil, qu’il soit un « blogue » ou tout autre « contenant » n’est pas neutre [le choix d’un outil n’est pas banal, mais il peut être diversifié], mais qu’il est en lien avec ce qu’on pense des apprentissages et de l’éducation. « Schooling » is not learning, most of the time » ! Je souhaite que cette grande dame puisse venir nous animer à Québec lors du rassemblement prévu en avril 2006 sur les eportfolios… En effet, il semble que la direction de la formation générale des adultes du MELS ait pris les devant et organisera un forum LIfIA pour la francophonie à ce moment !
Une autre piste à suivre…
Pendant vingt-deux ans, l'école a été mon véhicule pour «changer le monde». J'y ai vécu des années fantastiques où j'ai beaucoup appris des élèves et où je suis allé au bout de certaines idées.
Depuis 2005, mon parcours en entreprises m'a permis d'aider des organisations à mieux prendre le virage numérique et ainsi de bien gérer le changement.
J'avoue être un idéaliste.
Je travaille de manière constructive avec tous ceux et celles qui veulent faire avancer la société !
Un autre véhicule me permet d'intervenir concrètement, celui de la politique. Je milite depuis 2011 à la Coalition avenir Québec et j'occupe actuellement le poste de vice-président Est-du-Québec. Aussi, depuis le 7 mars 2018, je suis le candidat dans Vanier-Les Rivières, en vue des prochaines élections générales au Québec.
On peut évidemment m'écrire pour le travail ou pour la politique.
Depuis 2005, mon parcours en entreprises m'a permis d'aider des organisations à mieux prendre le virage numérique et ainsi de bien gérer le changement.
J'avoue être un idéaliste.
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Un autre véhicule me permet d'intervenir concrètement, celui de la politique. Je milite depuis 2011 à la Coalition avenir Québec et j'occupe actuellement le poste de vice-président Est-du-Québec. Aussi, depuis le 7 mars 2018, je suis le candidat dans Vanier-Les Rivières, en vue des prochaines élections générales au Québec.
On peut évidemment m'écrire pour le travail ou pour la politique.
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Bonnes chroniques, lâche pas!
Pourquoi choisir entre l’évaluation et la centration sur l’apprenant alors qu’on peut faire les deux parcimonieusement? L’évaluation, c’est un mécanisme de régulation de l’apprentissage, qu’il soit scolaire ou non. Nous sommes constamment en train de recevoir des rétroactions de la part de notre environnement. Cela nous aide à prendre des décisions et à orienter nos actions. L’absence d’évaluation équivaut à ces signaux qu’on envoie dans l’univers à la recherche d’extraterrestres qui ne répondent jamais. En fait, je ne suis même pas certain qu’une telle absence signifie qu’il n’y a pas d’évaluation puisque le silence en dit souvent bien long…
D’ailleurs, je suis surpris que cette dame présente une telle dichotomie considérant que, quelques lignes précédentes, Mario la citait en train de dire qu’il y avait du bon à l’évaluation. Quelques lignes plus loin, un autre propos nous laisse comprendre qu’elle préfère de courts feedbacks constants. N’est-ce pas de l’évaluation?
Le problème n’en est pas un de choix entre l’un ou l’autre à mon sens, mais plutôt de savoir de quelle façon les déployer pour amener les élèves à s’engager dans ce qu’ils font. Bref, comment faire pour que l’évaluation que nous faisons soit émancipatrice et non pas castrante.
Le modèle d’environnement d’apprentissage proposé par Bransford dans How People Learn me semble empreint d’une globalité intéressante. Bransford prétend qu’un environnement doit être centré à la fois sur l’apprenant, le contenu, l’évaluation et la communauté.
Ceci étant dit, je suis conscient que je suis un peu téteux dans mes nuances. La dame fait probablement surtout allusion à une évaluation de type plus sommatif lorsqu’elle décrie l’évaluation dans un contexte de portfolio. Mais pourquoi alors ce besoin d’amener les gens à choisir entre deux choses qui ne sont pourtant pas irréconciliables?
« Pourquoi choisir entre l’évaluation et la centration sur l’apprenant alors qu’on peut faire les deux parcimonieusement ? »
Je crois qu’il est probablement possible de faire les deux. Facile à faire ? hum… Dans la réalité, il semble que Mme Barrett ait abondamment observé « des dérapes » au moment où le fait d’être centré « évaluation » rend la démarche « je-fais-ce-qu’il-faut-pour-répondre-aux-exigences-et-je-ne-réfléchis-plus comme un apprenant ». Les marqueurs de « cette dérape » semble se retrouver du côté d’une évaluation qui sert trop les intérêts des enseignants ou de l’institution d’enseignement. Par exemple, quand on se sert du portfolio pour faire graduer une personne, on lui impose une certaine mécanique qui semble le décentrer de ce qui le fait réfléchir et il se met à agir en adoptant des comportements d’apprenant qui se conforme à la démarche de quelqu’un d’autre.
Elle a donné des exemples criant dont celui où un étudiant dit « j’ai déjà à passer mon cours/mon programme; est-ce qu’en plus, je vais devoir « passer » mon porfolio ? En arrière de ce genre d’assertion, elle semblait décoder que la personne ne voyait plus de sens dans ce qu’il lui fallait faire pour « passer » vs ce qu’elle aurait fait pour apprendre et faire des liens appropriés.
Elle a raconté aussi avoir observé des comportements évocateurs de procédés à tout le moins questionnables. Par exemple, elle s’interrogeait sur le peu de cas que faisait une communauté d’enseignants face à des élèves qui brulaient tout ce qui constituait leur « patrimoine scolaire » à la fin d’une année. Elle disait avoir vu des manifestations éloquentes de jeunes qui se faisaient une grande joie de tout oublier ce qu’on leur avait demandé de construire pendant leur année scolaire. Pour elle, « brûler son portfolio » [ou ne plus l’utiliser dans un contexte de pérénité] est très évocateur de l’insignifiance de l’outil pour celui qui le construit dans la perspective non pas de cesser de l’enrichir (ce qui n’est déjà pas un grand succèe), mais de le détruire…
Les images qui me venaient au moment de l’entendre nous prevenir de ce piège d’une utilisation des eportfolios trop « assessment » étaient nombreuses dans ma tête car j’ai souvent eu la conviction comme apprenant de devoir me soumettre à une démarche qui ne faisait pas de sens pour moi uniquement pour « la certification » qu’elle m’apportait. Je règlais ça assez vite, pour apprendre « à ma façon » en parallèle. Et ça me demandait tellement en terme d’émotion. Rendu à l’université, « le presto a sauté » et je me souviens d’avoir envoyé promener bon nombre de mes professeurs sur ce sujet en leur prouvant que je pouvais apprendre en dehors de leurs démarches que je considérais comme « dépassées » (à mes yeux).
À l’école Stéphane (je vais dire quelque chose de grossier), je crois qu’on a tendance à beaucoup abuser de notre autorité sur les élèves en leur prescrivant des chemins pour apprendre qui ne font pas de sens… pour eux. Particulièrement auprès des touts petits, sous des prétextes de devoir évaluer, on leur impose des démarches insignifiantes qui les découragent d’apprendre. Je ne dis pas que c’est tout le temps pour tout le monde, mais c’est trop de fois.
Le portfolio est un outil puissant; pourquoi l’astreindre à des besoins d’évaluateur et « de certificateur » si cela démotive et « discrédite » la valeur de la démarche ? Parce qu’il faut bien évaluer et certifier ? Au moins avec le portfolio, laissons l’apprenant construire son territoire et ses réflexions À SON GOÛT, bout de vlimeux !
« Recevoir des rétroactions » est essentiel, là n’est pas le problème. L’absence « d’évaluation certifiante » (genre sommative) ne signifie pas « qu’il n’y a plus d’écho ». Il peut continuer d’y avoir de la rétroaction et du scaffolding sans que ça devienne du téléguidage, non ?
Mme Barrett ne m’est pas apparue contre l’évaluation dans l’utilisation des eportfolios. Elle m’a semblé contre une utilisation centrée sur cela ! Elle m’a semblé discréditer tout type d’outil centré enseignant ou institution.
« Bref, comment faire pour que l’évaluation que nous faisons soit émancipatrice et non pas castrante. »
Tu as probablement là la bonne question à se poser… et l’outil du eportfolio n’est peut-être pas le premier endroit pour faire ces expériences de recherche de sens. Compte tenu que c’est un outil jeune qui ne fait pas partie des moeurs et qu’il peut s’avérer un puissant levier pour l’apprentissage, je suggère de l’orienter « aide à l’appretissage » (incluant toute pratique évaluative qui va dans ce sens) en laissant de côté tout ce qui devient trop « certfication », « qualification », aide à la « graduation » ou à la « promotion » de l’individu apprenant.
« Mais pourquoi alors ce besoin d’amener les gens à choisir entre deux choses qui ne sont pourtant pas irréconciliables? »
Je crois que c’est parce qu’elle a trop souvent vu des exemples de choix d’outil ou de façons de le faire utiliser qui tuent le déploiement efficace de ce moyen de faire apprendre pour la vie.