Georges Leroux est professeur au département de philosophie de L’UQAM. Il intervient souvent sur la place publique sur des sujets comme l’enseignement de la philosophie au collégial, Platon et les Talibans, le rôle des intellectuels dans la société et le domaine des religions en général. Il se passionne pour Platon et La République, Hannah Arendt et John Dewey.
Le sujet de la conférence qu’il nous offre est famillier aux oreilles des directions d’école. Sous le sous-titre « Enjeux pour l’école privée aujourd’hui », il nous parlera d’autorité et de confiance. D’entrée de jeu, il affirmera que «L’école privée a la responsabilité de proposer des modèles transférables dans la société.» Il s’empressera de citer le Ministre de l’Éducation Français, Xavier Darcos qui posait la question suivante :«Comment en effet penser l’autorité dans un monde qui la rejette?»
J’ai été choqué au début de sa prestation. J’étais mieux disposé à la fin. M. Leroux est un bon conférencier; il nous ballote d’une idée à l’autre en utilisant certaines idées qui nous font réagir et nous rassure par une autre qui est davantage proche de nos croyances. Par exemple, quand il dit «le père, beaucoup l’ont dit, est une espèce en voie de disparition, et s’il disparaît, ce n’est pas seulement parce qu’il était le représentant de Dieu…», j’ai eu le réflexe de l’interrompre et de lui demander s’il se préparait à exprimer de la nostalgie de ce temps où l’autorité était hierarchique, dont le but était l’obéissance et la docilité. J’ai eu bien fait d’attendre parce que ma réponse est venue rapidement :
« Si des adolescents se sentent capables de s’opposer à l’autorité parentale, même dans les cas où elle leur est proposée de manière légitime, c’est encore en raison de leur prétention au bonheur individuel fondé sur leur égalité comme personnes. Le choix des valeurs ou des formes de vie est donc fondé sur ce principe, qui découle naturellement des acquis de la modernité occidentale. Et qui voudrait le contester ? »
De fait, les prétentions de M. Leroux était de nous faire passer de la «coercition basée sur le contrôle et la sanction» à une autorité plus pédagogique, basée sur la raison, la persuasion et la liberté, «celle pour laquelle nous sommes capables de fournir une justification» ! Un terme que M. Leroux a souvent utilisé est celui « d’aporie« . Je n’avais jamais rencontré ce mot. Dans ce contexte, je comprenais mal comment il devenait si difficle de résoudre « l’aporie » du libéralisme qui favorise l’expression du désir individuel au point de le rendre tyranique :
« …tout l’appareil des lois est en effet adonné d’abord à protéger l’initiative individuelle par l’énoncé des droits, alors que la structure des devoirs qui nous avait été léguée par le républicanisme romain et par la Renaissance protestante a entièrement reflué. Ce ne sont pas seulement les familles qui doivent traverser l’épreuve de l’individualisme (le projet de chaque enfant devenant l’élément dominateur de l’évolution), mais toutes les institutions. »
Heureusement, il avait un plan dans ses cartons autre que celui du «libertarisme incontrôlable de la France» ou du «réflexe de crispation des États-Unis» qui prône un retour austère à une morale d’un autre temps. Excluant le choix de réinvestir dans la contrainte, il propose le développement d’une culture de la confiance. Il ne parle pas ici du développement de relations égalitaires amicales («la forme la plus risquée en éducation»), mais plutôt de « médiation responsable dans un contexte communautarien » :
« Opérer la réconciliation entre la nécessité de l’autorité et les formes nouvelles nécessaires pour instaurer la confiance. (…) Par exemple, « parler avec autorité », c’est commander le respect, sans nécessairement imposer un pouvoir ! »
Là où son propos a vraiment rejoint ma conviction, je me suis émerveillé d’entendre ces mots dans la bouche d’un autre :
« Reconnaître que le pouvoir est soumis au consentement de ceux sur lesquels il s’exerce. Dans les écoles, comme dans nos sociétés, c’est donc la perspective de communautés d’adhésion qui seule peut sauver l’autorité : ceux qui exercent l’autorité sont en effet d’abord ceux qui la proposent à la liberté de ceux auxquels ils s’adressent. »
Après avoir entendu cela, on ne s’étonnera pas que je puisse avoir été « ravi » ! Entendre parler de communauté éducative dans ce contexte me change de ce que me renvoient parfois les gens quand je leur dis que je travaille dans une école privée. Vous savez ce genre de réaction stéréotypée qu’on vous balance parce qu’il y a de l’ordre et de la discipline, parce qu’il y a des règles de vie, une certaine tenue en classe et qu’on vous dit que ça ressemble à l’école du PASSÉ ! Je comprends cette réaction, mais la différence entre le passé et aujourd’hui réside dans le fait que l’autorité de l’école ne tient pas au «pacte de l’inscription», mais au poids de la «communauté démocratique» qui agit en « tiers médiateur » et gardien des valeurs institutionelles. Quand vient le moment où un conflit survient la réaction n’est pas que d’en imposer, mais surtout d’expliquer les motifs à la base de l’exercice de « l’autorité ». Et ces explications tiennent moins dans l’engagement pris à l’arrivée que dans le renouvellement constant des valeurs poursuivies par la communauté éducative. Ne pas accepter le contenu d’une activité éducative ou la teneur d’une règle de vie a été mon lot du quotidien depuis vingt-deux ans à l’écoute des doléances parentales et estudiantines… S’il avait fallu que je trouve ma motivation dans l’imposition du «pacte de l’inscription» je n’aurais pas vécu toutes ces belles années comme elles se sont vécues. C’est ma capacité persuasive qui a aidé ! J’y reviendrai à un moment donné dans un ouvrage plus substantiel !
Terminons avec M. Leroux. Il propose enfin cinq façons de parvenir à la communauté démocratique :
« 1) Par le projet éducatif qui doit contenir des mécanismes qui énoncent le respect de ce qui est promu, mais qui en permet la discussion.
2) Façonner l’école comme un lieu explicitement structuré selon des droits et des devoirs. Un endroit où on peut s’associer, discuter et prôner une certaine démocratie délibérative comme moyen de servir la communauté.
3) Cet espace délibératif et démocratique doit fournir un espace de contestation qui protège les règles d’éthique de la discussion dans l’école et dans la classe.
4) L’aménagement d’un système de reconnaissance et de mérite tout autant qu’il arbitre et sanctionne en fonction de valeurs connues, promues et poursuivies.
5) Renouveler dans l’autorité démocratique rien de moins que l’idéal civique. Des valeurs comme le respect, l’accueil, la tolérance, qui sont les vertus de la démocratie, ont autant d’importance, par exemple, que la sobriété, la déférence, la politesse, etc… »
Il a terminé son allution par une curieuse citation de Platon «La démocratie est le régime où les fils peuvent insulter les pères». Avec mon voisin de gauche, nous avons convenu possible de se rallier à «Je rêve d’une école où il est possible de CONTESTER le directeur !»
Pendant vingt-deux ans, l'école a été mon véhicule pour «changer le monde». J'y ai vécu des années fantastiques où j'ai beaucoup appris des élèves et où je suis allé au bout de certaines idées.
Depuis 2005, mon parcours en entreprises m'a permis d'aider des organisations à mieux prendre le virage numérique et ainsi de bien gérer le changement.
J'avoue être un idéaliste.
Je travaille de manière constructive avec tous ceux et celles qui veulent faire avancer la société !
Un autre véhicule me permet d'intervenir concrètement, celui de la politique. Je milite depuis 2011 à la Coalition avenir Québec et j'occupe actuellement le poste de vice-président Est-du-Québec. Aussi, depuis le 7 mars 2018, je suis le candidat dans Vanier-Les Rivières, en vue des prochaines élections générales au Québec.
On peut évidemment m'écrire pour le travail ou pour la politique.
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Très intéressant, ce Georges Leroux et ton billet, Mario. J’aime les conférenciers qui font en sorte que les gens se tortillent sur leur chaise. C’est ce que devrait toujours faire la philo. Et merci pour ces moyens de parvenir à une communauté démocratique.
Revue : Nom ou pseudonyme ?
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