«Le métier d’enseigner devrait être réservé à des hommes et à des femmes d’exception, c’est-à-dire à des gens qui ne saucissonnent pas les besoins de l’enfant en fonction de leur champ de spécialisation spécifique.»
Ces paroles empreintes de sagesse sont de Denise Bombardier et proviennent d’un article du Devoir qui ne m’a pas du tout fait plaisir. À la lecture de « Idées géniales« , j’ai tout de suite senti mon coeur d’éducateur physique me monter à la gorge. S’affirmer aux dépens des autres n’a jamais été mon fort. Sous l’hyperlien plus bas, je reproduis une lettre que je m’apprête à envoyer à Mario Sévigny, président de la Fédération des éducateurs physiques enseignants du Québec (FÉÉPEQ).
Cher Mario,
J’ai été bien déçu de lire cette semaine dans le Devoir que la lutte contre l’obésité et l’augmentation du temps prévu pour l’éducation physique dans les écoles devrait se faire au détriment du temps dévolu à l’enseignement religieux et moral. Vous connaissez mon attachement à la cause de l’éducation physique scolaire ayant présidé en 1994 le congrès provincial de Sherbrooke qui avait rassemblé plus de six cents personnes. Je serai bref et concis. Je n’accepte pas qu’on puisse perpétuer ce modèle d’affirmation basé sur le dénigrement des autres domaines d’apprentissage.
L’esprit du nouveau programme de formation encourage l’intégration des matières. Il me semble que c’est l’instant que nous attendions tous pour cesser de morceler les savoirs agir des jeunes individus que nous formons. Vous arrivez aujourd’hui en ramenant cette guerre de clocher du « mon domaine est plus important que le tient » et ça me dégoûte profondément.
Je suis dans les écoles depuis vingt-deux ans et je me bats sans cesse pour vanter les mérites de l’activité physique, de l’éducation à la santé et l’expertise des éducateurs physique en cette matière et j’ai vu de nombreux professionnels capables de travailler avec des profs de d’autres domaines d’apprentissage dans des activités intégrées qui favorisent une compréhension globale de ce pourquoi les valeurs et le programme que nous défendons est important pour les apprenants. Pourquoi arriver à ce moment-ci avec cette ritournelle qui ne montre aucune évolution dans le discours corporatif de la FEEPEQ ? Je ne suis plus en contact avec les gens qui la dirigent et peut-être sont ce pour quoi je suis surpris de voir arriver cela dans les médias, mais je ne peux croire que vous avez choisi « cette ligne » pour défendre les intérêts des élèves et des étudiants en formation.
«Nous sommes devant un choix de société», avez-vous dit. Prenez le courant Mario et mettez-vous en marche dans le sillon du nouveau programme que diable ! Interpellez nos collègues et demandez leur de rapidement bâtir des tâches authentiques dans les écoles qui intègrent l’éducation physique à d’autres domaines comme le français, les sciences et techno, l’univers social, etc. Mais lâchez-nous avec cette vision rétrograde de notre beau domaine.
Vous m’obligez à être d’accord avec Mme Bombardier. Je l’aime bien Mme Bombardier, mais j’aurais tellement aimé que son opinion sèche et souvent polémique ne s’abatte pas sur cette belle cause qui doit être défendue avec l’énergie du désespoir. Je vous connais assez pour que vous ajustiez le tir, vous qui n’en êtes pas à vos premières armes dans cette bataille. Peut-être êtes-vous devenu impatient avec le temps, en constatant tous les dégâts que nos politiques ont causés dans les écoles et dans la société. Les éducateurs physiques n’ont souvent eu comme adversaires qu’eux-mêmes. Soyons rayonnants dans nos écoles, soyons les premiers à bâtir des ponts. Je n’aime pas du tout l’idée de s’en prendre à un domaine quel qu’il soit surtout que dans le cas qui nous occupe, il est « une proie » assez facile, admettez-le !
Il me fera plaisir d’en discuter de vive voix avec vous si nos chemins se croisent au hasard d’un détour de la vie professionnelle. Je vous sais assez fort pour voir dans mon propos, si cinglant soit-il, une main tendue à continuer vos démarches d’affirmation.
Au plaisir,
Mario Asselin
En tant qu’ancien professeur d’éducation physique, je m’empresse d’appuyer l’intervention de Mario, avec qui je suis d’accord sur toute la ligne.
À défaut d’informations pour rectifier les faits, cette initiative de la FEEPEQ est tout à fait contraire à l’esprit de la réforme, particulièrement dans l’intégration des domaines généraux de formation. Ça témoigne d’une étroitesse d’esprit disciplinaire qui me choque.
Bonjour Mario…
Je tiens à te préciser dans un premier temps que les propos du journaliste du devoir n’ont rien à voir avec la position de la féépeq…
Que c’est lui qui m’a demandé si je serais en accord avec le remplacement de la morale et religion par de L’éducation physique et à la santé… et que je lui ai répondu que nous pouvions possiblement envisager justement dans le cadre interdisciplinaire que les contenus de morale … soient transmis… aux élèves dans le cadre de leurs cours de Français et d’anglais… en terme de contenu, et que cela permettrait de lutter plus efficacement contre l’obésité… Il est évident que là, il y a un choix de société possible ,… mais pas une guerre de matière ou de clocher…
Subtilement le journaliste a su être sensationnaliste dans son titre… mais il n’a pas rendu tout le contexte disponible à ses lecteurs… j’ai pu rectifier le tir en partie à l’émission de Gilles Proulx à la radio …
Je tiens à vous rassurer… la féépeq, pas plus que moi personnelement souhaitons une réouverture de la veine discussion des guerres de matières… malgré le manque flagrant de logique dans notre cursus… pédagogique…
Quant à la réforme… je vous en prie… ne la mêlée pas à ce débat… par ce que pour le moment au secondaire …elle n’est même pas encore accouchée… et qu’effectivement la décentralisation de son implantation nous permet de constater avec regret que plusieurs jeunes du Québec seront sous qualifiés en regard de certains autres…
Il est triste que cela soit possible car cette réforme a du potentiel pour permettre à nos jeunes de mieux se développer… Je demande souvent aux éducateurs physiques d’être des leaders de cette réforme même si les outils ne sont pas là et que la concertation est très restreinte… Il suffit de voir les positions des différents conseillers pédagogiques qui sont souvent en contradiction les uns avec les autres…
Quand à la réalité de l’application des stratégies interdisciplinaires en fonction de l’acquisition de compétences transversales et disciplinaires… Il ne faut pas être très ouvert pour se rendre compte de l’utopie de ce rêve en regard des conditions de travail actuelles au secondaire…
Mais j’ai espoir que cela permettra d’aller dans la bonne direction et de décloisonner certaines tâches d’apprentissage,…
Je crois fortement à l’importance d’augmenter le temps accorder à l’éducatoin physique et à la santé au secondaire… au moins jusqu’à 150 miutes par semaine et cela doit être fait avec justesse et c’est urgent…
Toutes les solutions doivent être envisagées et cela sans oublier que les professeurs d’éducation physique et à la santé devront avoir des mises à jours en regard de la troisième compétence disciplinaire en particulier…
Je précise que cela est mon avis personnel et non celui de la fédération…
Il me fera plaisir d’échanger avec vous… si vous le souhaitez …
Au plaisir…
Ces propos me rassurent Mario.
Au-delà du titre de l’article du Devoir (qui ne vient pas du journaliste, normalement), le ton laisse vraiment croire à autre chose. Écrire «Pour contrer l’obésité et l’embonpoint qui frappent les écoles du Québec, les éducateurs physiques ont aujourd’hui leur propre solution: prendre le temps consacré à l’éducation morale et religieuse pour combler les carences en éducation physique qui grèvent le développement des élèves», après avoir formulé la question de la façon dont tu le rapportes, c’est assez douteux comme pratique journalistique. On ne s’attend pas à ça du Devoir.
Mais bon, tant mieux, si ce n’est pas de cette façon que la FÉÉPEQ entend mener la bataille pour une augmentation du temps consacré à l’éducation physique à l’école.
Merci d’avoir répondu si rapidement. Je crois vraiment que l’occasion du renouveau pédagogique au secondaire et l’augmentation en temps d’enseignement au primaire est une occasion privilégiée pour « corriger » les erreurs du passé. Vivement une stratégie sur le terrain pour occuper l’espace et construire des tâches intégrant des composantes du programme en éduc. dans un nombre maximum de minutes. J’aime bien t’entendre parler de «décloisonner certaines tâches d’apprentissage». Dis-moi, est-ce qu’il y a encore beaucoup de postes de C.P. au public occupés par des éducateurs physiques ?
Au plaisir de continuer cet échange sur de meilleurs bases maintenant…
Disons que pour le moment, il y a bien peu de tâche de conseiller pédagogique dans le réseau public et souvent, ce sont des 2 jours semaine ou autres choses qui sont des genres de prêts de service incohérents et réducteurs… C’est souvent des missionnaires qui tentent de faire leur part mais ils manquent de ressources et de temps et de reconnaissance…
À ma connaissance, les commissions scolaires sont majoritairement en train de manquer le bateau de l’implantation de la réforme… en éducation physique et à la santé… et plus particulièrement au secondaire…
Si je prends la mienne, la commission scolaire Des Chênes à Drummondville… il n’y a pas de C.P. spécialisé à notre matière mais on vient de dégager un professeur 2 jours/semaine pour s’occuper du primaire et du secondaire et des cours d’école… une véritable farce, une honte… Et en plus, nous les profs du secondaire qui devont appliquer la réforme depuis le début septembre… on n’a pas été formé ou si peu… Nous avons bien eu une demie-journée sur les évaluations et une demie sur l’esprit des compétences… Mais à chaque fois que des questions étaient posées… L’absence de réponse ou de clarté nous laissait sur une très mauvaise perception…
« Cette réforme est une joke… telle qu’on nous la présente… » Par chance , certains ont fait un cheminement personnel permettant de garder espoir…
Tous les éducateurs physiques de notre secteur secondaire, avions écrit à notre direction générale pour leurs dire que nous n’étions pas prêts pour la rentrée de la réforme et nous réclamions un C.P. à temps plein…
Depuis, nous n’avons pas eu de réponse formelle à l’exception de cette ressource de 2 jours semaines comme mentionné plus haut…
Bref je suis dans cette réforme laissé à moi-même et crois-moi, les informations reçues pour le moment sont plutôt troublantes…
Chacun y allant de ses propres interprétations… Tu peux me croire … il va vraiment y avoir toutes sortes de résultantes…
Mais comme on dit, ne mettons pas la faute sur les pauvres commissions scolaires… certaines ont vraiment fait des pas dans la bonne direction… C’est plate à dire mais notre ministère de l’Éducation manque de colonne vertébrale et de toute évidence n’arrive pas à envoyer une directive claire sur l’implantation de la réforme…
Alors que les vendeurs du temple s’amusent… la route leur est complètement ouverte. Tant pis pour les jeunes …
C’est la même chose avec le 2 heures au secondaire… toutes sortes de versions sur son caractère indicatif ou obligatoire…alors que pour l’anglais on lit souvent obligatoire…
Si on lit pourtant la grille matière dans le nouveau régime… toutes les matières sont à titre indicatif… mais trois sont dans le temps réparti et le reste dans le non-réparti…
Alors pourquoi ne pas dire haut et fort que ce sera 2 heures partout? Parce que certains interprèteront que c’est indicatif… Il va y avoir des vagues … Tu vois le manque de colonne… tu n’as qu’à relire le texte du journaliste du Devoir…
Au plaisir. Précision que ceci est encore une opinion personnelle seulement…
Bonsoir M. Sévigny,
Peut-être savez-vous déjà tout cela, mais votre dernier commentaire me laisse croire le contraire. Alors, au cas où cela vous serait utile…
En ce qui concerne le caractère obligatoire ou indicatif des minutes à consacrer à telle ou telle matière de la grille horaire, je ne crois pas qu’il y ait la moindre ambiguïté : le minutage présenté dans le régime pédagogique est indicatif.
À ceux qui veulent pinailler sur cette interprétation, il est possible de répondre que le texte du régime est clair et qu’il ne porte pas interprétation. Sans compter que le texte du régime montre sans doute possible que lorsqu’il est de l’intention du législateur de prescrire un temps précis pour une activité donnée, il le fait explicitement. Les deux exemples qui suivent sont on ne peut plus clair à cet égard.
Par ailleurs, la Loi sur l’instruction publique indique tout aussi clairement qu’il appartient au conseil d’établissement de déterminer le nombre de minutes par matière.
À titre d’exemple, je sais que certaines écoles ne donnent plus d’anglais en cinquième secondaire pour les élèves qui ont fait un cheminement accéléré et qui ont passé l’examen de cinquième secondaire du MELS à la fin de leur quatrième secondaire.
Peut-être auriez-vous préférez une politique nationale sur la question du temps à consacrer à l’éducation physique, mais je ne vois vraiment pas comment, dans l’état actuel des choses, on peut soutenir que le temps est prescrit dans certaines matières et pas dans d’autres.
Mario, aurais-ju du utiliser mon carnet pour un si long commentaire ? Je suis chez toi après tout. Et je sais que tu t’y considère comme tel.
Cher andré,
Tu as bien fait de procéder comme tu as fait. Il me semble que c’est bien plus facile de suivre comme cela ! Merci de cette contribution. J’avais commencé à vérifier tout cela… Quel bonheur de t’avoir eu comme contributeur ce soir !