Il y avait une quarantaine d’étudiants « du master IME » à la rencontre « Réseaux Humains / Réseaux Technologiques : l’usage éducatif des TIC à l’université« . Des gens de partout, venus s’escrimer avec le concept du eportfolio, dans le but de se l’approprier. Ils m’ont beaucoup captivé tout au long des derniers jours…
De fait, la rencontre a souvent donné lieu à des échanges entre experts et ce ne devait pas toujours être facile pour eux de s’y retrouver. Pourtant, ils étaient majoritaires sur place et, je ne suis pas sûr que nous avons fait ce qu’il fallait pour leur faciliter la vie. Je pense entre autre à l’après-midi de samedi où les discussions sur le B2i et le C2i avaient peu à voir avec les deux semaines qui venaient de passer à l’université d’été. Je suis allé les voir juste avant qu’ils quittent à la pause. Ils semblaient avoir apprécié leur deux semaines jusqu’à ce moment. Le référentiel présenté par Robert Bibeau du Québec, les occasions de construire leur propre eportfolio et les liens tissés avec Jean-François Cerisier leur en avait mis plein la vue; mais cet P.M. était de trop pour eux.
Les étudiants ont donné une teinte vraiment particulière à ce colloque. J’ai pu renouer avec Jonathan Riquier que j’avais rencontré à Autrans en 2004. Depuis ce temps, il a mis en pratique ce qu’il a appris et son eportfolio a considérablement évolué à partir d’une solution de blogue au départ.
Trois autres étudiants nous ont présenté leur démarche samedi matin. Le témoignage qu’ils nous ont livré était très parlant sur les enjeux de l’outil du eportfolio dans la formation. Sylvina (une étudiante de l’Argentine qui est enseignante dans son pays) a nommé le haut degré d’engagement personnel à prévoir dans l’élaboration de cette démarche de mettre en oeuvre « son histoire de vie ». Elle nous a raconté avoir appris à faire des liens entre la théorie et la pratique pendant son séjour. Comme prof, elle a vu beaucoup de potentiel à l’outil et elle compte bien utiliser le eportfolio dans son enseignement comme outil de contextualisation. Bertrand a expliqué que le fait d’envoyer une image de soi sur le Web n’est pas chose facile : «Nous posons une action de communication avec une personne que nous ne connaissons pas.» Il a aussi parlé de l’importance de l’habileté à faire des synthèses et de l’obligation de faire des choix. Enfin, le moins volubile du groupe, Guillaume, nous a montré le fruit de son travail.
Ils ont travaillé avec une plate-forme (P-nélope) qui ne semble pas leur avoir facilité les choses et un élément revient souvent dans les discussions que j’ai eu avec eux; ils ont besoin de décider à qui il s’adresse, avant de pouvoir se mettre en action. L’idée de se parler à eux-mêmes ne semble pas leur être venue… Sur la question «Est-ce que le fait de travailler avec les eportfolios demande ou rend plus autonome ?», Ils ont peu ou pas de réponse. «Jusqu’à quel point le cadre doit être prescriptif ou aléatoire pour que la démarche de construction du portfolio devienne efficace et efficiente ?» Encore ici, une réponse qui permet de voir que les étudiants français aiment bien être guidés dans l’élaboration de leur démarche. Il faut dire que cette génération de jeunes est un peu moins « TIC » que celle qui arrive, alors il faut en tenir compte dans notre analyse des besoins en terme d’encadrement.
Une chose est sûre, la fin de semaine leur aura permis de constater que nos débats d’initiés nous prennent tellement qu’on en vient parfois à en oublier leur présence… Il faudra que je me souvienne de leur langage corporel au moment où je leur ai demandé à la pause si ils étaient à l’aise avec ce qui venait de se passer en début de P.M. À voir leur « tronche », j’ai eu vite fait de constater que ce n’est pas le genre de questions auxquels ils sont habitués de répondre. C’était beau de les voir se demander «qu’est-ce qu’il veut entendre le québécois?» Après avoir pris quelques minutes pour les rassurer (traduction : que ça ne porterait pas à conséquence qu’ils me disent ce qu’ils pensaient), j’ai pu apprécier leur « fraîcheur ».
Sommes toutes, j’ai été bien heureux de les revoir samedi matin et je leur souhaite la meilleure des chances dans la suite de leur « Master IME« . Bravo à Jean-François Cerisier pour les nombreux efforts qu’il a mis à leur donner la meilleure formation possible pendant ces deux semaines!
Tags: "Poitiers 2005" Pédagogie et nouvelles technologies
Je me permets cette intrusion sur le blog de Mario pour apporter un complément d’information sur ces journées. Je voudrais d’abord parler des échanges interpersonnels si riches aussi bien avec les intervenants (parfois vifs) qu’avec les étudiants (qui tentent de se situer).
Je voudrais aussi reparler de cette après midi C2i. Comme j’ai été le premier intervenant à ce sujet, je me sens impliqué dans ce problème d’organisation. En fait ce vendredi après-midi ne concernait pas en priorité les étudiants mais était ouverte à bien d’autres publics, en particulier les enseignants du secondaire et du supérieur. En fait le C2i Certificat Informatique et Internet est une tentative en France d’introduire la logique des compétences à propos du développement des TIC dans le système éducatif. J’ai conclu mon exposé en exprimant l’intérêt du portfolio numérique pour accompagner ce dispositif.
Certes pour les étudiants c’était peut-être un lointain de leur quotidien, mais cela inscrivait ce qu’ils ont vécu dans une dimension plus institutionnelle : autrement dit on ne vit pas dans une société sans avoir à s’interroger sur les logiques que ceux qui la dirigent tentent d’imposer. Or le C2i en est une qui mérite notre attention. Les échanges qui ont suivi ma présentation ont encore plus enfoncé les étudiants dans leurs doutes car ils ont révélé que derrière un dispositif proposé par l’état il y a des débats « idéologiques » souvent complexes. Je n’en retiendrais qu’un : logique compétences, est-ce seulement la logique d’entreprises libérales ????
À débattre…
D’abord Merci pour vos éclairages sur les enjeux et les pratiques du portfolio.
L’université d’été nous a permis, avec des communications et des ateliers pratiques, d’entrer dans la démarche Porfolio.
Un aperçu de ma production est visible derrière ce lien :
http://bcharier.free.fr/u2e«
Il s’agissait pour nous d’effectuer une synthèse thématique des conférences et de la mettre en regard avec un référentiel de compétences (qui n’apparaît pas ici).
Les échanges de l’université d’été m’ont donné l’envie de m’essayer à la démarche pour tenter d’identifier les obstacles à l’acceptation de celle-ci dans le cadre de l’école en france.
…à suivre…