Il est parfois plus simple qu’on le pense d’intégrer les technologies pour un directeur d’école. Voici la petite histoire d’une activité de Noël; anecdotique et fantaisiste, ce récit se veut un exemple simple démontrant la puissance de la communauté d’apprentissage…
Nous sommes mercredi le 11 décembre. J’entre dans la salle du pesonnel. Deux animateurs du service de garde discutent de la programmation de la dernière après-midi avant la relâche des Fêtes. Parmi les activités à offrir aux élèves, Sylvie suggère de raconter une légende. L’idéal pour elle aurait été de compter sur la présence d’un « conteur » qui aurait pu égayer les tout-petits dans l’atmosphère d’une fête de Noël « traditionnelle »… Au moment où j’entre dans la salle, les yeux des deux membres du personnel se tournent vers moi : « Monsieur Asselin »…
Leur questionnement est au niveau du réalisme d’organiser une activité de ce genre dans le peu de délai dont nous disposons sans parler des préoccupations de budget et de qualité des intervenants à « recruter ». Mon « réflexe » est de leur proposer une démarche toute simple qui aura tôt fait de nous fixer sur la faisabilité du projet. Un appel à tous !
Un courriel envoyé à tous les parents de ma liste de diffusion:
« Bonjour,
Nous sommes à la recherche d’un parent qui serait assez « brave » pour agir en tant que « conteur » vendredi le 20 décembre en P.M. dans le contexte de notre fête-école de cette journée ! (Élèves de la maternelle, des 1er et 2e cycle)
La « tâche » consisterait à raconter une légende (une quinzaine de minutes). Cette « histoire » pourrait en être une de son propre cru (moyennant l’approbation du directeur) ou une autre que nous avons déjà identifiée…
Le parent en question pourrait me contacter ou contacter M. Renaud Lapointe au 688-0736, pour de plus amples détails… »
Il était 13 h 40. À partir de là, les événements se sont bousculés. Deux parents volontaires se sont engagés; plusieurs autres avaient manifestés un intérêt du genre, « si vous avez personne » ou « je connais peut-être quelqu’un »…
Au moment où j’écris ces lignes, l’activité vient de se terminer… Quel délice ! La maman d’Élizabeth, comédienne dans l’âme a même pris le temps de composer sa propre légende, « Un cadeau bien odorant ! ». Le papa de Louis nous a offert un conte traditionnel, « Les trois arbres ». (Les deux textes sont reproduis à l’hyperlien ci-bas)
Je me dis que cette activité auraît difficilement pu se réaliser sans l’apport des technologies et de notre fonctionnement en réseaux, en tous cas, pas dans les délais que nous avions… Les yeux des élèves pendant les récits témoignaient d’émotion bien ressenties. La contribution des parents est petite à côté de ce qu’ils ont reçu par leur geste. Et tout ces petits coeurs repartent remplis de plaisir pour le congé !
Quel bonheur de faire l’école…
UN CADEAU BIEN ODORANT !
Bonjour, je suis Flocon, un bonhomme de neige. Je m’appelle ainsi parce que je suis formé de millions et de millions de petits petits flocons de neige. Est-ce que vous me reconnaissez ? Moi je vous connais, je vous regarde jouer tous les jours dans ma petite cachette de neige derrière la cour de récréation et des fois ( ne le dites pas à votre directeur !) mais je viens changer ma carotte à la cafétéria quand elle commence à devenir molle !
Vous comprendrez que je ne peux rester avec vous qu’un tout petit moment, je ne veux pas me transformer en grosse flaque d’eau ! Alors je suis avec vous juste le temps de vous raconter une magnifique histoire de Noël qui a failli me tuer il y a déjà très longtemps. Oui, oui et tout ça, à cause de qui vous pensez ? Et bien à cause d’une petite souris !
Il y a de cela bien bien des années, à l’époque où j’habitais à la campagne près d’une petite grange, vivait une toute petite souris qui adorait le fromage mais pas n’importe quel fromage, le fromage qui pue ! Vous savez le fromage qui sent la chaussette, celui que les grandes personnes adorent et qu’elles sont toutes heureuses d’étaler sur une tranche de pain en faisant des grands Ha ! et des grands MMM ! pendant que nous on fait des grands « weurk » ! Oui, oui un fromage comme cela qu’elle avait commandé au Père Noël la petite souris et ce fromage-là puait tellement qu’il a failli me faire fondre !
Et, bien cette petite souris s’appelait Piou Piou et elle avait commandé au Père Noël un cadeau bien spécial, un fromage qui pue ! Lorsque le Père Noël reçu sur sa liste cette demande, il ne pouvait refuser à Piou Piou, son cadeau. Car Piou Piou était une souris extraordinaire ! Imaginez, à chaque semaine, elle était l’élève de la semaine, elle était tellement gênée qu’à chaque semaine, elle devait se déguiser pour aller chercher sa récompense. Une petite souris modèle ! Alors le Père Noël accepta et envoya la commande aux petits lutins.
Lorsque les petits lutins reçurent les listes de cadeaux et lirent à côté du nom de Piou Piou : un fromage qui pue ! Ils étaient tous embêtés mais bon, puisque la petite souris était si extraordinaire, (vous vous imaginez, 30 fois élèves de la semaine !), ils ne purent lui refuser son cadeau. Ils regardèrent dans leur livre de recettes suisses des fromages et trouvèrent une recette fantastique qui puait même dans le livre. Mais pour fabriquer ce fromage, il fallait tout de même prendre des précautions, car les odeurs ça voyagent !
Ils préparèrent donc leur recette spéciale de fromage qui pue dans une petite pièce sans fenêtre très loin de l’atelier avec une immense porte bien scellée pour ne laisser s’échapper aucune odeur. Chaque jour, un petit lutin allait vérifier où était rendu la fermentation du fromage… et on le savait en ouvrant et en sentant la petite boîte où dormait le mystérieux fromage. Après un long mois, le lutin Petit museau, on l’appelait ainsi parce qu’il avait de minuscules narines, allait vérifier où était rendu le vieillissement du fromage. Il puait tellement qu’il tomba dans les boules ! ( à l’atelier du Père Noël, on ne tombait pas dans les pommes mais dans les boules de Noël, quand même !).
Les autres petits lutins voyant que Petit museau ne revenait pas comprirent tout de suite que le fromage était prêt ! Mais maintenant que faire pour s’y rendre sans tomber eux aussi dans les boules ? Fallait trouver une solution ! Avez-vous une idée ? Ah! oui, c’est simple, il fallait se boucher le nez et quoi de plus efficace qu’une épingle à linge ! Alors, les petits lutins réussirent, nez bien épinglé, à enfermer le fromage dans une petite boîte, celle-ci enveloppée dans une guenille, enrubannée avec des bas culotte de Mère Noël, remis dans une autre boîte et finalement ficelée avec un beau ruban rouge sur lequel on pouvait lire pour PIOU PIOU !
Bon, tout était prêt pour la distribution des cadeaux ! Le soir de Noël, le Père Noël était bien installé dans son traîneau avec ses rennes fièrement attelés et son sac de cadeaux bien garni dans lequel se trouvait le fameux paquet pour Piou Piou, le fameux fromage qui pue ! Qui pour l’instant ne puait pas car il était très très bien enveloppé.
Tout allait bien pour le Père Noël dans le ciel étoilé jusqu’à ce qu’il traverse une tempête de neige affreuse remplie de vent et de flocons si gros que le traîneau se mit à virevolter, à droite à gauche, en haut, en bas et bien sûr dans le sac de cadeaux c’était aussi la tempête et le petit paquet pour Piou Piou se fit déchirer un tout petit peuŠ Mais la minuscule fissure permit quand même à l’odeur de sortir du sac et de se diriger vers les narines du Père Noël qui tomba dans les boules et ainsi jusqu’aux narines des rennes qui un à un tombèrent eux aussi dans les boules ! Et ce fut la dégringolade et le traîneau atterrit où vous pensez ?
Il se posa avec fracas, bing bang boum à l’orée d’une forêt touffue où dormait tous ses habitants bien emmitouflés sous une épaisse couverture de neige. C’était une forêt oubliée depuis longtemps par le Père Noël, la forêt des animaux tannants dont les noms ne figuraient plus sur la liste des lutins depuis belle lurette . Mais il était bien mal pris le traîneau du Père Noël ! Imaginez la nuit de Noël et tout le monde évanoui à cause d’un petit fromage. Mais justement, heureusement qu’il y avait un petit fromage odorant car ce parfum, plutôt cette odeur « beurk », fit son chemin à travers la forêt, à travers la neige et atteignit les narines d’un petit souriceau qui roupillait sous ses couvertes. Il pensait rêver, il adorait le fromage ! Et tel un somnambule, il suivit ce filet de fromage pour arriver l’air perplexe devant un Père Noël endormi et des rennes avec le nez bleu. Et oui, le nez bleu! Ah ce satané fromage !
Rapidement, il alerta tous ses amis qui accoururent de partout, le lapin sauteur, l’écureuil placoteux, la loutre rigolote, le tamia énervé, tout le monde resta bouche bée devant les cadeaux, tous développés par l’odeur trop forte du fromage. Ah! des cadeaux pour nous ! Mais c’est impossible ! Puisqu’il n’y avait plus de noms sur les cadeaux, tous en choisirent un qui leur plaisait. Et c’était la fête ! Ils crièrent si fort leur bonheur que cette joie réveilla le Père Noël et ses rennes. Mais qui êtes-vous ? Où suis-je? demanda éberlué le Père Noël ? Vous êtes dans la forêt des animaux tannants répondirent-ils tout joyeux ! Les animaux tannants? Je vous avais oubliés ? Et oui, Père Noël, il y a longtemps qu’on ne nous donne plus de cadeaux, on a beau faire des efforts, on ne nous voit plus ! Et bien, désormais, dit le Père Noël, je serai plus attentif à vous tous !
Pendant ce temps, le petit souriceau trouva sans problème le paquet si convoité du fromage qui pue et il referma aussitôt la fissure. Il se pencha sur une petite carte et il lut : « À PIOU PIOU » . Ce cadeau appartenait donc à quelqu’un ? Il décida donc de rester dans le sac bien attaché au ruban rouge du cadeau afin de connaître cette PIOU PIOU qui tout comme lui aimait tant le fromage.
Et c’est ainsi, qu’après avoir quitté la forêt des animaux tannants, le Père Noël reprit sa tournée de cadeaux et déposa finalement dans une petite grange au pied d’une petite cheminée, un petit paquet rouge auquel était accroché un petit souriceau.
Le matin de Noël, PIOU PIOU se réveilla en toute hâte et trouva non pas juste le cadeau tant désiré mais aussi un cadeau qu’elle n’aurait jamais osé demander : un ami, un ami tannant avec lequel elle s’amusa tous les jours. Et avec lequel, elle adorait grignoter un petit bout de fromage qui pue qu’elle savourait au pied d’un arbre à côté de la grange.
Et qui pensez-vous vivait juste à côté de cette grange, se tenant tout droit, tout blanc de millions et de millions de jolis flocons de neige ? Et bien c’était MOI ! Et plus d’une fois j’ai failli fondre à cause de cette odeur de fromage qui sentait le PIOU PIOU !!! C’est pourquoi j’ai déménagé tout près de vous où ça sent bon ! Et maintenant quand ça pu à quelque part, savez-vous ce qu’on dit ? Et bien, on dit que ça sent le PIOU PIOU ! Et croyez-moi, ça sent plus que du fromage !
Renée Deschênes
La maman d’Élizabeth
LES TROIS ARBRES
(C0NTE TRADITIONNEL)
De génération en génération, le conte des trois arbres a été transmis aux enfants, raconté dans des églises à Noël et à Pâques, et même mis en musique et chanté. Comme il arrive souvent pour les contes, l’auteur des Trois arbres est inconnu. À cette personne, je suis profondément reconnaissante.
Angela Elwell Hunt
Le premier regarda les étoiles qui brillaient comme des diamants au-dessus de lui. « Je veux être recouvert d’or et rempli de pierres précieuses. Je serai le plus beau coffre à trésor du monde. »
Il était une fois, en haut d’une montagne, trois petits arbres qui rêvaient à ce qu’ils voudraient devenir quand ils seraient plus grands. Le deuxième arbre regarda le petit ruisseau qui suivait sa route vers l’océan. «Je veux être un grand voilier, dit-il. Je veux naviguer sur de vastes océans et transporter des rois puissants. Je serai le bateau le plus fort du monde. »
Le troisième petit arbre regarda dans la vallée au-dessous de lui et il vit la ville où des hommes et des femmes s’affairaient. « Je ne veux jamais quitter cette montagne, dit-il. Je veux pousser si haut que lorsque les gens s’arrêteront pour me regarder, ils lèveront leurs yeux au ciel et penseront à Dieu. Je serai le plus grand arbre du monde! »
Les années passèrent. Les pluies tombèrent, le soleil brilla, et les petits arbres devinrent grands. Un jour, trois bûcherons montèrent dans la montagne. Le premier bûcheron regarda le premier arbre et dit: « C’est un bel arbre. Il est parfait. » En un éclair, abattu d’un coup de hache, le premier arbre tomba. Maintenant je vais être un coffre magnifique, pensa le premier arbre. J’abriterai un merveilleux trésor. »
Le deuxième bûcheron regarda le deuxième arbre et dit: « Cet arbre est vigoureux. Voilà ce qu’il me faut. » En un éclair, abattu d’un coup de hache, le deuxième arbre tomba. «Désormais, je vais naviguer sur de vastes océans, pensa le deuxième arbre. Je serai un grand navire digne des rois. » Le troisième arbre sentit son c¦ur flancher quand le bûcheron le regarda.
«N’importe quel arbre me conviendra », pensa-t-il. En un éclair, abattu d’un coup de hache, le troisième arbre tomba.
Le premier arbre se réjouit lorsque le bûcheron l’apporta chez le charpentier, mais le charpentier était bien trop occupé pour penser à fabriquer des coffres. De ses mains calleuses, il transforma l’arbre en mangeoire pour animaux. L’arbre qui avait été autrefois très beau n’était pas recouvert d’or ni rempli de trésors. Il était couvert de sciure et rempli de foin pour nourrir les animaux affamés de la ferme.
Le deuxième arbre sourit quand le bûcheron le transporta vers le chantier naval, mais ce jour-là, nul ne songeait à construire un voilier. À grands coups de marteau et de scie, l’arbre fut transformé en simple bateau de pêche. Trop petit, trop fragile pour naviguer sur un océan ou même sur une rivière, il fut emmené sur un petit lac. Tous les jours, il transportait des cargaisons de poissons morts qui sentaient affreusement fort.
Le troisième arbre devint très triste quand le bûcheron le coupa pour le transformer en grosses poutres qu’il empila dans la cour. « Que s’est-il passé? se demanda l’arbre qui avait été autrefois très grand. Tout ce que je désirais, c’était rester sur la montagne en pensant à Dieu ».
Beaucoup de jours et de nuits passèrent. Les trois arbres oublièrent presque leurs rêves. Mais une nuit, la lumière d’une étoile dorée éclaira le premier arbre au moment où une jeune femme plaçait son nouveau-né dans la mangeoire.
« J’aurais aimé pouvoir lui faire un berceau », murmura son mari. La mère serra la main du père et sourit tandis que la lumière de l’étoile brillait sur le bois poli. « Cette mangeoire est magnifique », dit-elle. Et soudain, le premier arbre sut qu’il renfermait le trésor le plus précieux du monde.
D’autres jours et d’autres nuits passèrent, mais un soir, un voyageur fatigué et ses amis s’entassèrent dans la vieille barque de pêcheur. Tandis que le deuxième arbre voguait tranquillement sur le lac, le voyageur s’endormit. Soudain, l’orage éclata et la tempête se leva. Le petit arbre trembla. Il savait qu’il n’avait pas la force de transporter tant de monde en sécurité dans le vent et la pluie.
Le voyageur s’éveilla. Il se leva, écarta les bras et dit : « Paix. » La tempête se calma aussi vite qu’elle était apparue. Et soudain, le deuxième arbre sut qu’il transportait le roi des cieux et de la terre.
À quelque temps de là, un vendredi matin, le troisième arbre fut fort surpris lorsque ses poutres furent arrachées de la pile de bois oubliée. Transporté au milieu des cris d’une foule en colère et railleuse, il frissonna quand les soldats clouèrent sur lui les mains d’un homme. Il se sentit horrible et cruel.
Mais le dimanche matin, quand le soleil se leva et que la terre tout entière vibra d’une joie immense, le troisième arbre sut que l’amour de Dieu avait tout transformé. Il avait rendu le premier arbre beau. Il avait rendu le second arbre fort. Et à chaque fois que les gens penseraient au troisième arbre, ils penseraient à Dieu. Cela était beaucoup mieux que d’être le plus grand arbre du monde.
Trois petits arbres poussaient au sommet d’une montagne. Chacun avait un rêve : le premier voulait devenir le plus beau coffre à trésors du monde, le deuxième, un voilier pour transporter des rois puissants, le troisième espérait simplement grandir pour se rapprocher du ciel. Un jour, des bûcherons montèrent sur la montagne. Les désirs des arbres ne furent pas comblés, mais ce qu’ils devinrent dépassa de loin leurs espérances.
Un très beau conte plein d’amour et d’espoir.
Raconté par Géry van der Kelen,
Le papa de Louis
Fantastique exemple à reprendre dès que possible. Il est simple, efficace. Idéal. Je m’en inspirerai certainement à l’occasion. Il ne faut jamais oublier que c’est pour ce genre de moment de grâce que nous faisons tous ces efforts!