Peu après l’écriture de ce billet consécutif à la lecture partielle du volume 30, numéro 1-2 de la revue «Possibles», j’ai entrepris de lire les autres textes de la section «Essais et analyses». Je partage ici quelques notes sur chacune de ces lectures. Ce billet évoluera donc au fur et à mesure que je terminerai le parcours d’un texte…
«Pour un humanisme du XXIe siècle» par Véronique Baudouin
Voilà une contribution qui me semble démontrer une étude soignée des fondements de la réforme, ce qui nous change des lieux communs. Je crois qu’il est possible d’éviter toute dérive en s’en inspirant, parce que le propos est critique, dans le bon sens du terme (il cherche à «relever les défauts et les qualités de l’œuvre»). L’auteur pose de bonnes questions et offre, par son modèle d’humanisme, des pistes intéressantes. Un extrait :
«Dans la logique des compétences, les connaissances changent de statut : elles deviennent des outils pour développer les compétences. On prend comme point de départ des situations d’apprentissage complexes intégrant justement des compétences, pour ensuite aller y greffer les connaissances selon la nécessité de la situation. Se pose alors une question d’ordre épistémologique : quelle valeur attribue-t-on aux savoirs? Leur valeur réside-t-elle dans leur utilité, c’est-à-dire dans les fonctions qu’ils permettent de remplir dans la réalité?»
Voilà un point de vue qui mérite une attention soignée pour qui ne souhaite pas une école trop utilitaire au détriment d’une autre plus respectueuse de la perspective historique et culturelle qui a encore beaucoup à nous enseigner.
«Culture commune et diversité culturelle : l’école québécoise peut-elle relever ce défi ?» par Céline Saint-Pierre
C’est un court plaidoyer pour une école plus soucieuse de réussir la rencontre des cultures qui se côtoient. Ce texte légitime en quelque sorte l’existence du domaine de formation «Vivre ensemble et citoyenneté» comme lieu où «s’exerce le passage harmonieux entre la rencontre de cultures multiples et l’élaboration d’une culture commune». Un extrait :
«C’est pourquoi plusieurs analystes et observateurs du monde scolaire et de son évolution actuelle ont proposé d’opter pour une éducation qui soit axée sur la transmission de valeurs et de savoirs qui soient les plus universels possible et orientés vers l’apprentissage d’un savoir vivre ensemble, plutôt que de s’en remettre à une approche multiculturelle.»
Je crois que c’est un gros défi que la société entière doit relever; que ça commence par l’école me fait du sens!
«Plaidoyer pour une école publique» par Guy Bourgeault
Vieux débat non résolu paraît-il que celui de savoir si l’existence de l’école privée semi-publique empêche l’école québécoise d’être vraiment publique. L’auteur écrit plus de dix-sept pages pour étoffer trois idées dont une à laquelle il consacre deux paragraphes (la maîtrise de deux voir trois langues). Il dénonce l’idée que l’éducation soit «d’abord la responsabilité des parents». Un extrait :
«Prétendant défendre les droits (naturels) des parents et faisant apparemment appel à leurs responsabilités, les évêques du Québec ont en réalité dicté aux parents, aux commissaires et autres dirigeants du système et aux enseignants ce que doit être l’éducation et comment elle doit se faire.»
Si vous n’avez pas compris qu’est-ce que les religieux viennent faire aujourd’hui dans ce débat sur le niveau de responsabilité des parents en éducation, ne vous en faites pas, moi non plus, je n’ai pas compris. Je suis de ceux qui croient que les parents ont la responsabilité de s’assurer que ce qui se passe dans les écoles serve leurs valeurs et leurs convictions et qu’ils se sont affranchis du clergé depuis plusieurs années. Mais bon… passons à un autre texte!
«L’éducation à la citoyenneté tout au long de la vie» par Gabriel Gagnon et Marie Nicole L’Heureux
Dans ce texte, de nombreux arguments sont présentés visant à démontrer l’importance des concepts telles «démocratie participative», «éducation à la citoyenneté» et «éducation tout au long de la vie». Les auteurs ne font pas qu’en parler théoriquement, elles font les liens qui s’imposent avec le programme de formation; un extrait :
«Dans les programmes d’enseignement primaire, secondaire et collégial, l’éducation à la citoyenneté ne peut être restreinte à un seul cours théorique sur le sujet : les valeurs citoyennes doivent se retrouver au centre de l’apprentissage de l’étudiant. Toutes les disciplines d’enseignement l’enrichiront dans sa démarche vers l’autonomie : les cours de français favoriseront une meilleure expression de sa pensée, en lui permettant de s’exprimer et de communiquer d’une façon cohérente et claire; les cours d’histoire, de sociologie et d’anthropologie alimenteront une réflexion sur sa société et sur le monde; les cours d’art favoriseront l’émergence de la créativité si importante pour définir de nouveaux possibles; les cours de sciences permettront de prendre conscience de l’importance de l’environnement; les cours de citoyenneté favoriseront la connaissance pratique des institutions politiques, des droits et des lois régissant nos sociétés.»
J’ai bien aimé les expériences significatives citées en exemple pour illustrer le travail qui se fait dans le milieu scolaire tel que celles de l’Institut du Nouveau Monde, du Collectif pour un Québec sans pauvreté, de ATTAC-Québec, du Réseau québécois de la simplicité volontaire, de l’ICEA et du réseau des établissements verts Brundtland.