J’ai accepté l’invitation de participer à un tournage la semaine prochaine qui portera sur le phénomène des blogues. Le genre de truc où la discussion filmée dure trente minutes pour trois minutes en onde, une fois le montage terminé…
La préentrevue avec la recherchiste s’est avérée très agréable si bien que j’ai maintenant une bonne idée des sujets qui seront abordés. J’aimerais beaucoup compter sur ce billet pour bien me préparer à l’entrevue. Comme n’importe quelle passion, plus on en sait sur un domaine, plus on prend conscience de ce qu’on ne sait pas… et de ce qu’on devrait savoir! Alors, sans prétention, je me lance dans cette aventure du rôle de pseudo-expert en escomptant beaucoup de cette conversation que j’entreprends ici; dans l’écriture de ces premières lignes, je ne ferai pas trop dans la nuance… quelques idées lancées ici et là pour débuter, en espérant que le court laps de temps dont je dispose sera suffisant pour que les idées trop folles cèdent le pas «aux vrais affaires»!
Merci de m’aider à préciser sous l’hyperlien plus bas.
Croissance de la blogosphère au Québec
Selon David Sifry Sidry, à tous les cinq mois, le nombre de blogues «en ligne» double et ce, depuis les trente-six derniers mois. Dans le monde, un blogue est créé à chaque seconde. Selon cette autre source, quatre cent vingt blogues seraient inscrits au répertoire www.quebeblogues.com; uniquement à l’école où j’étais directeur, il y a une ferme de plus de deux cent blogues publics… alors, comment faire pour tenter d’estimer un chiffre? Pour ce qui est de l’évolution future du taux de croissance, j’imagine qu’on peut calquer le chiffre de tout à l’heure. Une enquête du CÉFRIO démontre que plus de 60% des internautes québécois n’ont jamais consulté un blogue sur Internet; il y a fort à parier que le phénomène peut être considéré comme «naissant»! Quoi d’autres sur les caractéristiques de la blogosphère du Québec?
Bloguer en région, bloguer en ville; des différences?
Hum… Il ne me semble pas avoir rencontré beaucoup de données sur cette question. Beaucoup de diaristes en ville? Des gens qui bloguent pour briser l’isolement en région? Pourrait-on postuler que le taux de branchement à Internet étant plus élevé en ville, il y aurait plus de blogueurs urbains? Pourrait-on spéculer que plus de professionnels bloguent en région pour construire un réseau d’expertises qui peut manquer en dehors des grands centres? Dans mon esprit, il y a un potentiel énorme pour le développement des blogues en région dans le domaine du tourisme en particulier. Sur le plan éducatif, j’observe que les écoles en région sont plus ouvertes que celles en ville, mais je ne dispose pas d’un large échantillon. En ville, je dirais que davantage de personnes me semblent en mesure de bien vivre le fait de parler d’eux en public. Le volet journalisme-citoyen me semble plus florissant en ville; je me trompe?
Comment la politique, le journalisme et l’éducation en région pourraient bénéficier de l’apport des blogues?
La première idée qui s’impose à mes yeux repose sur l’appartenance à un vaste réseau de personnes qui rapproche les collectivités. En région, la proximité de tout n’est pas le quotidien. Sur le Web, chacun se trouve à un clic de l’autre. Puisque les blogues permettent à un individu de publier facilement du contenu et de rejoindre un large public, il me semble que plusieurs secteurs d’activité peuvent bénéficier d’outils qui favorisent l’émergence de communautés. S’il y a un type de personne bien disposé à la vie communautaire, ce sont bien les gens des régions plus habitués au partage et aux échanges… Dans ces trois secteurs, pour des raisons différentes, il me semble que l’échange facilité d’informations entre individus partageant des préoccupations communes ne peut que briser l’isolement dont on entend parfois parler en région; je remarque quand même que l’isolement se vit énormément en ville aussi… Enfin, je crois qu’il est important de préciser que ces trois secteurs sont les premiers à bénéficier en ce moment de l’influence positive des blogues pour faire apprendre, pour mieux faire circuler l’information et pour encourager une démocratie «plus participative». En région, ce sont quand même trois secteurs névralgiques qui sont au coeur du développement socio-économique d’une collectivité!
L’impact des blogues dans les relations entre humains; un truc qui isole ou un bidule qui crée des liens ?
Mon expérience personnelle ainsi que celle que je côtoie sur la toile ne me font pas hésiter; c’est l’outil le plus rassembleur que je connaisse! Il y a bien quelques précautions à prendre à la maison pour ne pas se laisser envahir par son blogue au détriment de ses liens familiaux, mais hormis cette réserve, je crois fermement aux liens que les blogueurs et les internautes tissent entre eux. Les jeunes carnetiers sont rapidement impressionnés par le pouvoir de la conversation. J’aurais bien des anecdotes à raconter sur ce sujet, mais dans ce premier jet, je me contenterai d’évoquer ici la mort à venir de ce préjugé à l’effet que l’ordinateur/blogue isole! Soyons clairs : tous ceux qui supportent cette thèse n’utilisent pas ladite «bête»…
Bloguer sur les lieux de travail : grande perte d’argent ($) et de productivité pour les entreprises, semble-t-il !!! Comment composer avec cette nouvelle réalité ?
Je tiens un blogue professionnel. Il est intégré à me pratique professionnelle et je n’ai pas vraiment l’impression de «voler» la société Opossum quand je blogue entre les heures dites «normales» de travail. Mais bon, je n’oeuvre pas dans un contexte ordinaire, c’est le moins que je puisse dire. Je passais moins de temps le jour sur mon clavier quand j’étais directeur d’école, mais je me sentais très à l’aise quand ça arrivait. Quand on adopte une prémisse comme celle contenue dans la question, est-ce qu’on peut faire entrer en ligne de compte ce que l’entreprise (ou l’institution) obtient en valeur ajoutée par la pratique carnetière sur ou en dehors des «heures de bureau»? Est-ce que ces statistiques sont vraiment crédibles et justes envers l’outil du blogue et la pratique en particulier? Comptabilité étroite ou alerte légitime? Je crois que nous avons besoin d’un peu de temps pour mieux saisir l’importance des enjeux sur cette question…
Et vous, sur ces cinq sujets, qu’en pensez-vous ?
Je ne « blog » que depuis deux mois… Je suis aussi à la recherche d’informations pouvant aidé mon école en terme de cybercarnet. Je me demandais s’il sera possible de voir l’émission en question au N.-B.?
David Sifry, avec un f et non un d.
Je crois que le blogue est la poursuite du réseautage par d’autres moyens. Réseautage implique une notion d’entrepreneurship.
1. Le taux de pénétration devrait alors réfléter comment l’entrepreneur construit son réseau. En région et en grande ville, on devrait voir nécessairement une différence
2. Le blogue isole si c’est la seule compétence que l’on développe. La compétence interhumaine est prise pour acquis, et ça ne devrait pas être le cas: comme on enseigne la technologie, on devrait former en relations humaines.
3. Bloguer sur le travail? Si laisser des traces fait avancer le travail, alors c’est OK. Mais ce n’est pas nécessairement le cas pour toutes les entreprises. (à tort ou à raison).
4. Je suis convaincu que le blogue est un courriel « à tous » et qu’il permet de désenclaver la connaissance ou l’expérience autrefois limitée à un espace-temps précis (le ici-maintenant). Je peux vivre des choses qu’un blogueur a vécu il y a 2 ans et je suis en mesure de profiter des conseils.
Quelques impressions…
1- La croissance de la blogosphère (au Québec ou ailleurs) est trop fulgurante. Une consolidation finira par se produire tôt ou tard. Bloguer demande de la discipline et nombreux sont ceux qui après s’être enthousiasmer rapidement pour la chose, la délaisse sans prévenir. Ainsi, pour chaque blogue créé, combien deviennent inactifs?
2- Bloguer en région – surtout en milieu rural – permet une proximité qui ne serait possible autrement. Le citadin a accès à davantage de lieux d’échanges d’idées que la personne vivant en milieu isolé. Tout est fonction de l’acessibilité à des réseaux et à d’autres points de vue. Quant au volet journlaisme-citoyen, c’est un autre débat. Je regarderais plutôt du côté du potentiel du lectorat pour dégager des tendances.
3- La politique, le journalisme et l’éducation bénéficient déjà de l’apport des blogues. La question est maintenant de savoir comment peuvent-ils mieux en bénéficier et davantage.
4- Le blogue est un truc qui isole et qui crée des liens. Tout dépend de la façon dont on l’utilise et des fins poursuivies. Chose certaine, il nous fait être prudent quant à son utilisation notamment chez les jeunes. Le monde virtuel permet facilement de se projeter dans un univers qui n’est pas le nôtre. Au risque d’y perdre son identité.
5- Quant au dernier point, je passe mon tour, étant précisément en train de faire ce qui est soulevé par cette question.
Merci Martin et Xanax pour vos éléments de réponse. Je donne suite à ta question Gary, un peu plus bas.
Le tournage s’est fait comme prévu ce mercredi 14 décembre. Il s’agit de l’émission #38 de «Méchant Contraste» à Télé-Québec. Je crois que les gens du Nouveau-Brunswick peuvent se brancher si leur compagnie de câblo-distribution s’est prévalue de l’offre d’offrir Télé-Québec gratuitement hors de «La belle province». Le titre provisoire de cette émission d’une demie-heure dont la première diffusion est prévue le lundi 30 janvier 2006 à 19 h est «Blogosphère.qc.ca». Les internautes pourront probablement voir l’entrevue si je comprends bien la structure du site Web de l’émission.
Je sais que «trois topos» de quelques minutes traiteront de différents angles de la pratique; j’ai parlé à au moins deux des carnetiers qui y figureront ce qui me fait dire que ce document pourrait assez bien servir par la suite pour expliquer le phénomène (d’une perspective québécoise). J’y figurerai dans une entrevue de trois minutes qui a été enregistrée «pour passer» intégralement (nous avons fait trois essais de trois minutes).
Finalement, Matthieu Dugal (le très sympathique animateur de l’émission) ne m’a pas vraiment questionné sur les sujets ci-haut développés. Peut-être qu’il se servira de ces renseignements pour ses enchaînements (entre les «topos» et l’entrevue). Nous avons discuté du phénomène lui-même, de ce que ça change sur Internet que de pouvoir utiliser les blogues et des impacts en éducation au niveau de certains apprentissages. Une conversation bien tassée en trois minutes à propos des «conversations Web».
Le tournage s’est fait à la Bibliothèque Gabrielle-Roy et une partie de l’équipe s’est transportée dans les bureaux de iXmédia/Opossum pour filmer la remise à Mathieu d’un petit cadeau bien spécial. À suivre…
Salut Mario et félicitation pour l’entrevue à méchant contraste et pour ton blogue.
» Dans mon esprit, il y a un potentiel énorme pour le développement des blogues en région dans le domaine du tourisme en particulier. »
J’abonde dans ton sens pour dire qu’il y a un potentiel énorme à ce niveau, ne serait-ce que pour générer de la visibilité.
En ce qui concerne la Gaspésie, l’utilisation des blogues au niveau touristique se fait surtout par des voyageurs qui critiquent et présentent leur expérience voyage. Les entreprises et organismes ne s’approprie pas l’outil parce qu’ils ne le connaissent pas.
Je crois que les entreprises et surtout les associations touristiques doivent s’atteler à comprendre le phénomène pour l’utiliser à bon escient tout en évitant les retour de flammes (backfire en bon français 😉
[…] tiens pignon sur Web avec grand plaisir depuis octobre 2002. Je vous invite à lire ce billet écrit le 8 décembre dernier, en préparation au tournage de l’entrevue faite par Matthieu Dugal. Je m’en voudrais […]