Le récit du futur de Autrans 2006 : «The making of»

Voici quelques précisions pour placer en contexte le récit «Un voyage formateur de jeunesse» publié dans la colonne de gauche de ce blogue et sur le site des rencontres de Autrans 2006.

Dans la fin de semaine du 15 octobre dernier, je me suis laissé prendre au jeu proposé par les organisateurs de la rencontre ayant pour thème «l’Internet dans dix ans»! Je me suis bien amusé à écrire cette petite histoire fictive dans un style que j’explore rarement. Tout cela a mijoté pendant presque trois mois, jusqu’à l’approche de la rencontre elle-même où un journaliste de Libération me contacte pour me proposer d’articuler ma vision de ce que pourrait être l’école dans une dizaine d’années dans le contexte d’un dossier qu’il était à préparer sur le même thème que celui d’Autrans 2006.

J’ai donc repris mon texte et je me suis employé à l’améliorer aidé dans cela par de petites discussions au bureau et un exercice de mettre sur papier quelques grandes idées maîtresses qui me venaient lorsque je pensais à l’évolution des choses dans les prochaines années en éducation sous l’impact du déploiement de l’Internet à large bande. Voici les notes que j’ai fait parvenir au journaliste :
« L’école va exister encore en 2016, mais elle va être complètement transformée. «Elle» va avoir peur de perdre son monopole au fil de ces dix ans. Elle est déjà en train de perdre celui de «faire apprendre», mais elle aura peur aussi de perdre celui d’encadrer efficacement les jeunes pendant le jour si elle ne réagit pas; elle le fera. C’est qu’un jeune, de plus en plus, pourra satisfaire aux exigences de la certification et de la délivrance des diplômes sans une présence assidue à l’école (je fais abstraction des magouilles que le système pourrait arranger pour maintenir artificiellement «le pouvoir» de l’école dans ce contexte). Pas nécessairement sans adulte compétent autour de lui, mais sans «la structure actuelle, trop lourde de l’appareil de l’école vs ce qu’Internet procure en terme d’absence de contrainte». Si l’école et les gens qui la font ne s’ajustent pas aux effets du déploiement de l’Internet à large bande (Haut-débit), elle risquera de ne devenir qu’un lieu de garde et de contrôle en bas âge et une institution dépassée à des ordres plus élevés. Ces effets causés par l’augmentation de l’accès à Internet sont :

  • La démocratisation de l’information et des connaissances.
  • La capacité pour n’importe qui de devenir producteur de contenu, même de contenu «lourd» sans avoir besoin de maîtriser beaucoup d’habiletés en informatique.
  • La facilité déconcertante avec laquelle les échanges deviennent possibles entre les gens, ce qui facilite la mise en réseau des personnes et des institutions et ce en asynchrone… (courriels, logiciels sociaux, blogues, wikis, etc.) et en synchrone (clavardage, vidéoconférence, etc.).
  • Avec le Web 2.0, la possibilité accrue de mettre plus d’ordre dans le chaos du Web 1.0, par la syndication de contenu et la socionomie («Folksonomie») qui permet aux machines de traiter l’information et de la livrer, organisée aux goûts et aux besoins des êtres humains. (Flickr, Del.icio.us, Google adSense, etc.)

Parce qu’elle aura vu venir, l’école aura accepté de bouger, dans le sens de ce que j’évoque dans le récit (souplesse dans le parcours, mais rigueur dans la manifestation du contenu).
C’est moins une histoire d’ordinateurs, de portables et de d’autres gadgets qui ne manqueront pas de se perfectionner et dont les usages vont devenir «ordinaires», en quelques sortes. C’est l’accès généralisé à tout ça qui va faire en sorte que les gens vont considérer deux ou trois choses difficiles à admettre aujourd’hui, mais qui deviendront évidentes très bientôt :

  • Les jeunes n’apprennent pas les mêmes choses en même temps sur les bancs d’école (et seront de moins en moins capables); l’unique parcours possible pour tous les jeunes dans une classe n’est plus tenable (et n’est plus logique d’être tenu) avec les «digital kids». D’où la différenciation pédagogique et le P.A.S. du récit…
  • Les enseignants ne peuvent plus être (et n’ont plus à être) les seuls tenants de la transmission de la connaissance; ils vont cesser de se voir comme tel en devenant eux-mêmes davantage utilisateurs et en constatant jusqu’à quel point les autres sources que rendent accessibles les nouvelles technologies sont puissantes de ce côté. D’où le projet pilote avec Mme Chartrand et le rôle de «prof répondant».
  • La tâche est devenue trop lourde et elle doit être partagée sur l’ensemble des épaules de ceux qui oeuvrent pour faire apprendre. Avec Internet qui lie les gens, tout cela devient possible. D’où l’agrégateur pédagogique, même si cela va beaucoup demander aux éditeurs qui vont devoir revoir leurs stratégies de mise en marché et de production de contenu (les licences «Creatives Commons», entre autres).
  • Un mot sur la F.P. et la formation continue. Le phénomène sera amplifié parce que les personnes dans ces domaines sont plus proches des bénéfices que créent le déploiement d’Internet et du haut-débit.

Il ne me restait qu’à m’inspirer de ces notes, améliorer le texte déjà publié depuis quelques semaines sur le site, lire l’article des journalistes de Libé et publier ce billet.

Je retire beaucoup de satisfaction de cet exercice qui m’a permis de préciser mes convictions sur ce que change l’arrivée d’Internet en éducation. Reste maintenant à s’engager dans la conversation pour continuer de voir plus clair dans ce qui s’en vient, dans les gestes à poser et les choix à faire…

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