Note : Ce billet a d’abord été publié au Huffington Post Québec dans la section « blogue ».
Je pars dans quelques minutes pour ma traditionnelle fin de semaine de camping avec les copains du Collège. Je subodore ce week-end longtemps d’avance. Si je ne me souviens plus comment tout cela a débuté, je sais jusqu’à quel point ce rassemblement me fait du bien. Un Sommet de l’amitié, en quelque sorte. Je vous raconte…
Nous nous sommes connus au Cégep, à la fin des années soixante-dix. La « gang Mariannhill »… c’est le nom que nous nous sommes donné. À l’origine, une dizaine d’adolescents qui ont la vie devant eux et qui se trouvent bien ensemble. À la fin de nos études collégiales, on s’était dit qu’il fallait continuer de se voir. Au début des années quatre-vingt, on s’organisait pour que ça arrive souvent. Des couples se sont formés, certains n’ont pas tenu le rythme des rencontres, des couples se sont brisés, de nouveaux copains/copines se sont greffés au groupe d’origine… bref, un rassemblement a tenu : on se voit au week-end de la Fête nationale chaque année.
On se raconte nos bons coups du moment, autour d’un feu de joie. On ouvre quelques bouteilles, on prend le temps de vivre le début de l’été, en se redisant tout le bien qu’on pense de la vie qu’on mène. Toujours autour d’une douzaine à traverser le temps, en s’arrêtant l’instant de ce week-end, on se réfugie pour quelques jours en nature, à se regarder dans les yeux, à rire en se tapant dans le dos et parfois, à se pleurer dans les bras. Il y a bien sûr quelques mauvaises passes et plusieurs moments d’allégresse qui se liquident dans le réconfort de la gang.
C’est notre Saint-Jean-Baptiste.
La fête, les retrouvailles, les histoires du passé, les rêves du futur, les envies du moment et surtout, cette conviction d’appartenir à quelque chose de plus grand que soi. On se souvient de qui on était et on partage ce qu’on devient. Sur fond de musique et de crépitement du feu, on se redit à chaque fois jusqu’à quel point on s’aime !
Au fil du temps, plus de trente ans qu’on se connaît, on ne se surprend plus d’avoir toujours quelque chose de fou à se raconter. Les histoires de famille autant que le récit de l’actualité de chaque coin du Québec occupent ces deux jours où on ressent le besoin de se rapprocher de nouveau, question de puiser dans cette énergie pour continuer nos vies de Québécois bien de notre temps.
Cette année, ce sera un peu spécial. Je choisirai mon moment. Cet instant qui arrive tout le temps où plus personne ne parle. Un silence de paix où chacun se dit que le bonheur d’être ensemble ne se mesure pas à l’ampleur de nos sparages. Et là je balbutierai, doucement, pour arriver à dire qu’à la prochaine Saint-Jean, celle de 2014, je serai probablement grand-papa. Je raconterai comment, la semaine dernière, mon plus vieux et ma belle-fille nous ont annoncé la belle nouvelle, le jour même de la fête des Pères. Ma blonde qui est dans la gang depuis trente ans en rajoutera parce que je manquerai de mots. Ça me paraît bien choisi, la Fête nationale, pour partager à tous, ma fierté de cette autre promesse de vie.
Je lisais Archambault, dernièrement, et je me disais que c’était facile de retrouver dans son texte l’âme de mes copains du Cégep :
« Nous ne sommes ni français, ni amérindiens, ni anglais. Nous sommes une rencontre de tout ça et bien plus encore. Nous sommes la somme de millions de petites histoires tissées, entremêlées, d’histoires vraies, de souvenirs déformés, de légendes fantasmées… »
Je fêterai le Québec en bonne compagnie encore cette année.
La Fête nationale commence avec celle de chacun des groupes, petits et grands, qui se rassemblent pour célébrer le plaisir d’être ensemble. Simplement.
Bonne Fête nationale !
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