Le devoir d’être constructif

Je crois sincèrement qu’en ces temps de grands changements sur le plan scolaire, les intervenants responsables ont le devoir de se montrer constructifs. Je ne parle pas d’une béate passivité face à tout ce qui touche la réforme. Je ne parle pas non plus d’une acceptation inconditionnelle de tout ce qui est proposé par les autorités qui « gèrent » le changement, mais je parle d’une attitude critique, soit, mais empreinte d’un désir de contruire avec les gens manifestant un peu d’ouverture « sur le terrain ». Soyons pratique un peu… c’est pas possible de faire avec des gens obstinés, en tout cas moi, je n’ai pas le moyen de faire avec ça !
Aujourd’hui. j’ai lu beaucoup de choses qui m’ont tourmenté à ce niveau. À commencer par certaines réactions au texte de Marie-Françoise Legendre. D’abord, il m’avait semblé que le « prof de L’U. de M. » allait dans le bon sens en se montrant rassembleur et en précisant plusieurs points sur lesquels on avait bien besoin d’éclaircissements dont :
« La mise en oeuvre du nouveau programme n’exclut pas le recours à un enseignement systématique et explicite de notions, concepts, règles, principes, etc. Chaque discipline intègre de nombreux savoirs jugés essentiels et l’on voit mal comment un enseignant pourrait faire l’économie d’une approche systématique et rigoureuse consistant à fournir des explications à ses élèves ou à modéliser des démarches. Il n’est sans doute pas inutile de le rappeler. »
Mais, sur les carnets Dédalus, le premier réflexe d’un intervenant est d’opposer un écrit de Mme Legendre paru dans Virage, vol 3. No. 1 (2001) et le contenu de cet article. Difficile de croire que l’auteur du commentaire veuille « construire » sur des éléments de ce texte qui rejoignent pourtant certaines de ses idées.
Dans la liste « édu-ressources, le même intervenant a passé bien près de tenter un rapprochement, mais le ton reste le même, il me semble : générateur de démobilisation. Et pourtant, on aurait tellement besoin de gens de son calibre !
Dans cet autre texte paru de ce matin, il est question d’écouter davantage les enseignants. Tout comme moi, Stéphane a l’impression que la conception de l’enseignement que se fait l’auteur (enseignant à la retraite si j’ai bien lu) est assez « mécanique ». S’il est représentatif d’un certain groupe d’enseignants, il convient de tenir compte des résistances de ceux-ci (et de celles de qui que ce soit), mais pas pour tout arrêter, quand même… La manchette à « la une » de La Presse de ce matin ne me convainc pas plus d’arrêter de construire, pas à pas, sur les avancées de la réforme…
Pourquoi ?
– Parce que l’enthousiasme de plusieurs expériences heureuses d’appropriation de la réforme (au primaire en particulier) le commande.
– Parce que plusieurs jeunes (et parents) font l’expérience d’apprentissages plus intégrés empreints de différenciations et deviennent « demandeurs » en grand nombre des point d’ancrage de la réforme.
– Parce que les enseignants ont tout le loisir de profiter d’un maximum d’autonomie professionnel en recadrant certaines de leurs pratiques avec des occasions de formation continue.
Et aussi, surtout,
– parce que les dénigreurs n’ont rien de mieux à offrir que de nous balancer ce qu’ils considèrent « des vérités absolues, des moyens présentés comme universellement efficaces, des recettes à toute épreuve », alors que tout comme Mme Legendre, je suis d’avis « qu’aucun professionnel compétent, dans quelque domaine que ce soit, ne souhaiterait se voir imposer une seule et unique façon de faire. »
Dans tous les projets que j’ai menés, je me suis employé à écouter les critiques, à composer avec les résistances (.pdf), à rester ouvert aux gens qui ne pensaient pas comme moi et ça m’a rendu de grands services. En cours de route, ces gens ont toujours contribué à modifier mes idées de départ, mais pas à les dénaturer. J’ai bien eu quelques mauvaises idées dans ma vie, mais elles n’ont pas tenu la route bien longtemps celles-là ! Encore aujourd’hui, face à la réforme, je demeure critique et je crois que c’est notre devoir de l’être de façon constructive.
Pour l’instant, je vais continuer de voir dans les gens qui nous préviennent des « pires dangers », des comportements de gens bien intentionnés, mais j’ai grande hâte de pouvoir nommer des gestes constructifs de leur part, car je n’accepterais pas la paralysie qu’entraîne parfois la réaction de ceux qui ont à porter ces changements et qui sont sujets au dénigrement systématique. On n’en est pas encore là, mais il y a de ces journées où je me dis qu’à trop vouloir écouter certains arguments qui nous enferment, on perd un temps précieux pour composer avec ceux chez qui il y a un espace pour construire en se laissant influencer par leurs bonnes idées !
Je garde donc le contact avec les arguments portés par les objecteurs raisonnables; le focus lui, sur ce qui rassemble et qui est tout aussi raisonnable, mais tellement passionnant !
Mise à jour du 1er juin : Parlant du Canton de Genève, l’écoute de cette entrevue de René Homier-Roy nuance Éééénormément (pour ne pas dire « invalide » !) le titre de l’article de La Presse…

2 Commentaires
  1. Remolino 17 années Il y a

    Fin de la discussion

    J’ai été interpellé par Normand Péladeau plus tôt aujourd’hui dans la liste edu-ressource. Son message ne se retrouve toutefois pas dans les archives de la liste, pour une raison que j’ignore. Établissant ce qu’il présente comme un portrait des « posit…

  2. École et société 17 années Il y a

    De l¹évaluation.

    Un billet de M. Lachance invitait ses lecteurs à une discussion autour des pratiques d¹évalution

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